Le journal d'un loser
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Le journal d'un loser

BD (divers) de Lionel Tran et Ambre (2002)

Suicide collectif à larmes blanches

Le bouchon lyonnais. Ou probablement le trou. L'apathie universelle de la jeunesse, plus sûrement. Se ressasser son pessimisme comme un fardeau de colporteur un peu trop gros pour des épaules de jeunes urbains pas vraiment taillées pour le body-building. Au cœur du point névralgique symbolisé par le couple formé par l'écrivain autobiographe et sa petite amie virginale se greffe une troupe de potes réunis par un même regard désenchanté sur les beautés spécieuses du grand Monde.

Un couple elliptique, pour ne pas s'installer dans la paresse d'une petite histoire réglée pour remplir un projet de motivation d'intrigue. On prend le train en marche, et on en saute pour ne pas connaître le terminus de la bande.

Par bribes, on capte des flots de pensée, mis en commun et aussitôt submergés par le bruit. Concerts arty ou noisy dans des lieux exigus, caves ou semi-squat (le Grrrrrrnd Zero ?), soirées films avec avis divergents et concours de noms d'oiseaux pour cracher dans la soupe du pain quotidien... Une culture du laisser-aller de tous les jours pour voir accoucher un maigre RMI le temps d'un mois, jusqu'au suivant. En attendant, un récital d'états d'âme en soliloques sur ce qui aurait pu être un accomplissement individuel du rêve Blanc.

Point de rêve qui ne soit perdu, point de salut à l'horizon. Visuellement aussi, la figuration prime sur l'onirisme. Les touches picturales embellissent le tableau décrépit d'un dégradé de couleurs au nombre de 3. La technique graphique se nourrit, en négatif, du mal-être des individus pour rendre honneur au silence, et donc à la page blanche. Un standard de noirceur cède à un autre qui le supplante pour un court instant. La valse de la cour des miracles tient au grand hommage artistique rendu à ces anti-héros de tous les jours qui se succèdent et ne marquent pas de leur empreinte les pages de Wikipedia.

Un moment de triste banalité vraisemblable, trop peu noble pour être un roman, pas assez épique pour être une BD à part entière. Une succession de tranches de vie par trop connues, réunies en 120 pages, partageant les mêmes ciel, appartements, rues, histoires, états d'âme, gris, noirs, à peine éclairés par un blanc immaculé, sans espoir de quitter la tourmente de l'ordinaire le plus rasoir.
Adrast
8
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le 20 nov. 2011

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