C'est moyen.


Le Gall manque de subtilité dans cet album, il se montre bien trop explicite. Si bien que cette histoire d'amour manque un peu d'intérêt, de nuances surtout étant donné que la psychologie de l'héroïne passe complètement à la trappe (ce qui est dommage par rapport à cette intrigue). Même au niveau des situations, Le Gall peine à amener des scènes marquantes ou à exploiter correctement ses bonnes idées. Mais le gros problème ne survient qu'à la moitié du récit, quand tout d'un coup on sombre dans le thriller, la grosse aventure. C'est dommage parce que jusque là ça faisait penser à "Les bijoux de la Castafiore" et comme Le Gall est friand de Hergé, j'osais espérer qu'il irait au bout de son idée de la non-aventure... Cet événement choque parce qu'il n'a rien à voir avec le reste, qu'il empêche de vraiment aborder cette romance (au font, le plus intéressant, c'était de confronter Poussin à son ancien camarade). Ça agace aussi parce que Le Gall tente beaucoup de relier ses histoires les unes aux autres. C'est bien de vouloir tisser un univers, mais la simple continuité suffisait ici, pas besoin de ressusciter d'anciens ennemis ; je trouvais déjà un peu dommage de revoir Chouchou plutôt que d'amener un nouveau personnage mais ce choix restait correct malgré tout, ça permettait de marquer une évolution du héros (évolution bien trop sous-exploitée). Quant à Novembre, il a bien changé. J'aime le fait qu'il amène de l'humour, mais il est loin le temps où il disparaissait mystérieusement et 'nettoyait' le passage de Poussin. Ici, il n'est plus qu'un vulgaire faire-valoir. En plus, Le Gall est devenu moralisateur avec le temps puisque la seule victime de cette histoire est le méchant contremaître...


Le dessin est bon. C'est un peu rigide, Le Gall n'a plus la fougue qu'il avait 10 ans auparavant, mais il propose malgré tout un dessin solide, avec quelques disproportions de temps en temps (comme à la planche 41, si on compare les 4 premières vignettes, Poussin a soit la tête trop fine soit trop grosse). Les personnages manquent d'expressivité : de corps (dessin trop rigide) et de tête aussi (ils ont tous l'air de poupées). Les compositions sont correctes (certains plans sont un peu trop fermés, comme les planches 31 6ème vignette et 38 première vignette : pour la première, le bateau est montré entièrement alors qu'avant Le Gall était plus audacieux, n'hésitait pas à couper des éléments pour rendre le tout plus dynamique, plus mystérieux aussi, pareil pour la seconde où l'on sent trop les personnages dans un lieu fermé, comme s'il n'existait rien au-delà de cette pièce et des personnages que l'on voit), le découpage aussi, quoique l'échange de coup de feu suivi de la fuite de Poussin sont un peu mous ; pour le reste, c'est du dialogue, ça passe plutôt bien, avec de temps en temps des plans vides pour faire respirer l'histoire. Les couleurs sont simples, efficaces. Le travail des noirs n'est pas très intéressants ce qui est très malheureux étant donné que Le Gall m'avait surtout séduit avec ça dans ses premiers albums. Je pense notamment à ce visage de Chouchou dans l'obscurité, c'est très moche, on est très loin de ce que Le Gall faisait avant (surtout qu'il dessin très mal les femmes censées être jolies, alors que la sœur est très mignonne, peut-être parce qu'il n'a pas voulu y insérer d'éléments sensuels). Il reste tout de même de jolis décors, une ambiance qui fait rêver un petit peu.


Bref, ce douzième album est assez décevant : l'intrigue est mal ficelée, les personnages très pauvres et peu expressifs, les situations mal exploitées, les dessins un peu trop rigides. Cela n'est pas désagréable à lire mais au fil des pages, l'intérêt suscité par les premières pages retombe très très vite !

Fatpooper
5
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le 4 sept. 2016

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