Blacksad est une série qui m'a conquise dès son premier tome. Une claque.


Des personnages de polar transcendés en animaux, relativement aux personnalités qu'ils incarnent, sous un trait de génie, très fin et technique tout en restant très libre.


Un monstrueux travail d'aquarelles, couleurs, nuances et ombres, pour sublimer ce dessin déjà exceptionnel et plonger le lecteur dans une ambiance où il devient dur de suivre l'histoire, tant on risque de s'extasier d'admiration devant chaque case.


Et mine de rien, un scénario qui laisse un goût amer, acide, écœurant. Le polar est à son plus noir dans Blacksad, et les désillusions et fatalités que subit le chat et ceux qu'il croise sont d'une brutalité et d'une tristesse déconcertantes. Notamment grâce à une écriture agile et romanesque.


Ayant relu la série récemment, j'y ai pris le même plaisir intense que lorsque je l'avais découverte. J'ai vécu les quatre premiers tomes comme un sans faute.


Puis arrive Amarillo.


Je me rappelle avoir lu cet album pour la première fois longtemps après avoir lu les autres. Je ne l'avais pas trouvé génial, sans pour autant passer un mauvais moment. J'avais alors pensé que j'avais par le passé surestimé les tomes antérieurs, et que Blacksad n'était pas plus dingue que cela.
La relecture des cinq tomes d’affilée a rectifié le tir.


Je vous explique ce que je ressens avec Amarillo, c'est simple: on dirait une reprise ratée de l'original.
J'ai comparé le dessin avec les autres albums, il est plus grossier, moins soigné, moins détaillé... jusque dans le trait d’encrage qui est plus épais. Comme si un autre dessinateur avait tenté de copier le style de Guarnido sans y parvenir vraiment. Même chose pour le texte.
Et puis le scénario d'Amarillo, disons-le carrément, c'est la fête du slip. Alors que dans les autres aventures du héros l'on suit des enquêtes et des connections logiques, nous n'avons là qu'un enchaînement inexpliqué d’événements complètement improbables et dissous.
Fi de l'impact dramatique que j'ai pu ressentir dans les autres, tout ce brouillon d'idées mal rendues m'a froidement indifféré.


Autre surprise incompréhensible: la présence de banales onomatopées dans les scènes d'action. Et vas-y que je te tartine des PAF des BIM des RIIIIIIP, et tu le sens mon gros BOUM ?
Ainsi que d'autres détails, comme des étoiles sur la tête d'un personnage qui vient de se prendre un coup...


Cherchez bien, vous ne trouverez pas tout ça dans les autres volets. Tout y est plus contemplatif ; les actions y sont silencieuses, seul le mouvement compte et suffit. Et c'est la classe. Eh oui.


Quoi qu'il en soit, tout cela n'enlève en rien le respect et l'admiration que j'ai pour Blacksad en général, mais plus qu'une déception, Amarillo ne tient pas la route (dommage pour un road trip) et n'est clairement pas à la hauteur du reste. Pire encore: sans trop la comparer, j'y vois tout de même une bande dessinée sans grand intérêt.

Veather
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le 17 déc. 2016

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Veather

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