Arnaud Beltrame, l’honneur français en héritage


Vous vouliez expérimenter "Vigie" ici ? Tant mieux… Car vous aurez un autre gros dossier : Nous préparer à une potentielle attaque terroriste. Al-Quaida, Daech… Nous avons déjà eu les tueries de Toulouse et Montauban contre des militaires, l'attentat dans une école juive en 2012… L'attaque du commissariat de Joué-Lès-Tours, la voiture Bélier à Dijon et Nantes en 2014… Charlie Hebdo… Les fusillades de Fontenay-aux-Roses et Mont-Rouge, le meurtre d'un chef d'entreprise à Saint-Quentin-Fallavier, d'une jeune femme à VilleJuif… Je continue ? Le Thalys, le Stade de France, l'attaque au Bataclan en 2015, tuerie d'un couple de policiers à Magnanville, massacre de la promenade des Anglais à Nice, assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray, 2016. Puis contre des militaires de Sentinelle au Louvre… Orly, Levallois-Perret… Sur les Champs-Elysées, contre des CRS, puis à la voiture-kamikaze, au marteau sur des policiers à Notre-Dame de Paris, une tentative ratée Porte d'Auteuil… 250 morts, des centaines de blessés en dix ans… Nous sommes le pays occidental le plus touché.

Un récit de vie, une leçon de courage, une biographie dessinée


Cet été, je suis parti en vacances avec ma compagne à Béziers, commune de l’Hérault, à la superbe cathédrale Saint-Nazaire, l’un des emblèmes de la ville, visible de très loin, dressée à la proue des remparts romains et médiévaux de l’antique cité. Édifiée sur les ruines de la cathédrale romane incendiée lors de la Croisade contre les Cathares en 1209, et sur les vestiges d’un ancien temple romain, elle domine superbement le paysage. C’est en son sein que j’ai découvert et acheté la bande dessinée que je me fais un honneur de vous présenter aujourd’hui (ce qui ajoute d'autant plus de symbolique après l'avoir lu). Arnaud Beltrame, Le Don et l'Engagement, des éditions Plein Vent, est une bande dessinée qui retrace le parcours du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué lors de l’attaque terroriste dans un Super U à Trèbes. C’est le récit d’un homme habité par la foi et la passion, qui fit le choix ultime d'offrir sa vie pour en sauver d’autres. Plus qu’un simple hommage, l’album signé Arnaud Delalande dresse le portrait d’un héros national, en explorant ses racines profondes à travers un héritage familial lourd à porter, une enfance marquée par les tensions avec son père, une vocation militaire forgée dans la rigueur et la conviction, une foi inébranlable en Dieu, un goût sincère pour les randonnées et le patrimoine français, son histoire d’amour avec sa femme… jusqu’au jour tragique où son courage scella à jamais sa mémoire.


" En ouvrant cette bd, deux réflexions me viennent à l'esprit : mon mari Arnaud aimait la BD, il avait encore dans sa table de nuit une BD sur l'histoire de Bretagne. Puis très sociable il entrait avec plaisir en conversation avec ceux qui croisait sa route. Cette ouvrage vous offre donc en quelque sorte une opportunité de le rencontrer, à travers un média qui lui plaisait, et de faire un bout de chemin avec lui… À vous à présent d’entrer en piste, puisse Arnaud vous léguer une étincelle appropriée à votre route. "

Marielle Beltrame


Afin de rester au plus près de la réalité et de livrer un portrait fidèle du colonel de gendarmerie, le scénariste Arnaud Delalande et le dessinateur Laurent Bidot se sont longuement entretenus avec Marielle Beltrame, son épouse et veuve, ainsi qu’avec sa famille. Ils ont aussi recueilli de nombreux éléments factuels liés à sa carrière. Leur travail s’appuie en outre sur la biographie complète rédigée par Christophe Carichon, historien, chercheur et officier de réserve opérationnelle, avec "Arnaud Beltrame, gendarme de France". À ces sources viennent s’ajouter la reconstitution des événements de Trèbes, mais aussi des ouvrages de référence comme "C’était mon fils" de Nicolle Beltrame, "Au nom du frère, genèse d’un héros" de Cédric et Damien Beltrame, ou encore le film Arnaud Beltrame, "L’âme d’un chevalier moderne" de Marielle Beltrame et du père Jean-Baptiste Golfier, et bien d'autres éléments. Autant de témoignages et de preuves qui ne laissent aucun doute sur le fait que cette bande dessinée n’est pas une fiction romancée, mais le récit authentique d’une vie marquée par le courage et l’engagement.


Suis-je un héros ? Je suis un être humain, qui a placé au-delà de lui-même la vie des autres. Je m'appelle Arnaud Beltrame. J'avais repris cette devise… Qui ose gagne.

En 52 pages seulement, l’album parvient à nous plonger dans le parcours singulier d’Arnaud Beltrame, et l’on comprend vite qu’il s’agissait d’un homme exceptionnel. L’intelligence du récit est de se concentrer presque entièrement sur ce qu’il fut de son vivant, plutôt que de s’attarder sur la tragédie finale. À peine huit pages sont consacrées à son affrontement avec le terroriste islamiste du 23 mars 2018 à Trèbes. Des pages sobres, puissantes, et plutôt bien mises en scène. L’essentiel est dans le portrait d’un homme qui cherchait à transmettre, animé par un enthousiasme à toute épreuve, franchissant les falaises de ses difficultés par la force de son engagement, de son goût pour l’effort et de son attachement à la gendarmerie, cette institution qui lui permettait d’être au plus près de la population, non seulement pour la protéger mais aussi pour dialoguer avec elle. Formé à l’école de l’armée de Terre, mais échoue à intégrer Saint-Cyr. Déterminé à prendre son destin en main, il travaille dur, persévère, et finit par réussir. Après deux affectations au sein de l’artillerie, il rejoint l’EMIA, l’école qui forme les officiers parmi les sous-officiers et les officiers de réserve de l’époque. Il sort major de sa promotion et entre dans la Gendarmerie, où il sert dans plusieurs unités d’élite, un escadron blindé de gendarmerie mobile, le groupe de sécurité de la présidence de la République, l’ambassade de France en Afghanistan, ainsi qu’une compagnie départementale dans la Manche. Il intervient également comme conseiller au ministère de l’Écologie, ajoutant ainsi une dimension polyvalente à son parcours. Dès l’enfance, Arnaud grandit à l’ombre de figures fortes. Son arrière-grand-père, Édouard Beltrame, fut le premier à s’engager dans l’armée. Quinze années de guerre, la médaille militaire, puis la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Un parcours exemplaire ! Son grand-père, Georges, reçut deux palmes sur sa croix de guerre avant d’être décoré à son tour de la Légion d’honneur. Autoritaire, il finit pourtant par dégoûter son propre fils, Jean-François, le père d’Arnaud, qui quitta rapidement l’armée. Cette relation conflictuelle marquera durablement Arnaud, mais la fascination pour ses aïeux et leurs récits militaires fut plus forte, c'est ainsi qu'il choisit de marcher dans leurs pas.


L’album nous rappelle aussi combien servir son pays peut être exaltant et porteur de découvertes. Mais pour Arnaud, l’armée ne fut pas qu’un chemin de gloire. Malgré de nombreux succès où il terminait souvent premier, malgré des missions menées avec brio et souvent conclues par la victoire, il échoua à plusieurs reprises au concours de l’École de guerre. Une blessure d’autant plus dure qu’il était un travailleur acharné, toujours sur le terrain, toujours volontaire. Cet engagement sans relâche lui coûta son premier mariage. Pourtant, un filet invisible le soutenait, sa foi. Athée jusqu’à ses 25 ans, Arnaud s’ouvrit peu à peu à l’invisible à travers ses randonnées, son goût pour le patrimoine, et sa curiosité pour les légendes celtiques et druidiques. D’abord attiré par une forme de spiritualité diffuse, liée au sacré et aux mystères, il s’intéressa d'abord à l’alchimie, à la physique quantique, à la géométrie sacrée, au magnétisme… mais restait en quête d’une lumière plus concrète. Sur les conseils d’un ami, il fit une retraite à l’abbaye de Timadeuc, en Morbihan, où il rencontra le père Marc, qui devint son guide spirituel. Sa foi, dès lors, l’accompagna comme une force intime, lui donnant l’élan nécessaire pour gravir de nouvelles marches dans l’armée comme dans sa vie intérieure. Toujours curieux, il se rapprocha aussi de la franc-maçonnerie, une démarche mal vue par l’Église mais qu’il considérait sans contradiction avec sa foi chrétienne. C’est ce mélange d’ouverture, de fidélité, d’exigence et d’idéalisme qui faisait de lui une figure à part. Au terme de ce long chemin, fait de patrimoine, de service, et de foi, il rencontra celle qui allait devenir son épouse, juste avant que n’arrive le drame qui scella sa destinée.


Une chose est certaine, après avoir refermé cette bande dessinée, on comprend mieux ce qui anima Arnaud au moment crucial. Ce qui le poussa à offrir de lui-même sa place contre une otage, à refuser toute soumission, et à affronter le terroriste les yeux dans les yeux, jusqu’au bout. Même désarmé, il se jeta sur lui à mains nues, tandis que son adversaire tenait d’une main un pistolet et de l’autre un couteau. " Je pensais parfois que ma plus belle récompense, mon plus grand désir, serait de connaître ma mission de vie. De servir au maximum de mes capacités, et surtout… d'être à ma place. Un chef doit toujours être en 1ère ligne, devant ses hommes. Dans quelques instants je vais mourir, et je ne le sais pas encore, mais à ce moment je sais ce que je dois faire : je sais que c'est… le moment. Attaque !… Assaut, assaut !!! " C’est ainsi qu’il trouva la mort, offrant à des otages la chance de s’échapper vivants et créant le temps nécessaire pour que le groupe d’assaut puisse intervenir. Une véritable tragédie, intelligemment restituée par les dessins de Laurent Bidot et les couleurs de Clémence Jollois, qui m’a arraché quelques larmes lors du final. L’album s’achève sur les suites de son geste héroïque avec la reconnaissance de son sacrifice, son élévation au rang de héros, et enfin, l’émotion de ses funérailles. La postérité d'Arnaud Beltrame dépasse les frontières ; des centaines de municipalités, d'écoles, de salles de sport, de casernes en France l'honorent et ont été baptisées à son nom.



CONCLUSION :


Arnaud Beltrame est une grande perte qui aura révélé une vérité essentielle, celle qu'il existe une force contre laquelle aucune intention mauvaise ne peut tenir. À une époque où certains trouvent normal de brûler le drapeau français, de cracher sur notre histoire, de mépriser notre patrimoine et de tourner en dérision la foi chrétienne (moi qui ne suis pourtant pas croyant), tout en affublant de mots infamants comme "fasciste" ou "raciste", ceux qui aiment simplement leur pays, sachez-le : c’est aussi Arnaud Beltrame que vous insultez. Car lui a prouvé, par son geste, ce que signifient vraiment la dévotion, le sacrifice et le courage. Brûler, insulter, rabaisser… voilà ce qui est facile, puéril, et révélateur d’une inculture profonde. Tout cela s’entretient par la haine, par le clientélisme, par l’électoralisme, et par la faiblesse de nos dirigeants, incapables de faire front à ceux qui ne rêvent que de détruire notre pays. Par peur des mots. Mais alors, où est donc votre courage ? Vous avez le devoir d’être à la hauteur du sacrifice d’Arnaud Beltrame et de tous ceux et celles qui sont morts pour que la France tienne encore debout.


Et vous, français, qui me lisez aujourd’hui, peu importe vos origines, si votre famille avant de s'installer en France des générations avant venait d'Italie comme Arnaud, d’Angleterre, du Maroc… ou natif même de la France, peu importe votre couleur de peau, lorsque vous vous demandez ce que signifie être français, lorsque vous vous interrogez sur ce qu’est le courage français, regardez l’histoire d’Arnaud Beltrame. Vous aurez votre réponse. C'est pourquoi, n'ayait jamais honte. N’acceptez jamais que l’on vous fasse croire que l’amour de votre pays, de votre patrimoine, de votre langue, de votre drapeau… est une faute honteuse ou une idéologie extrême. Car il n’en est rien. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui sourient en semant la haine sous un masque de vertu et de bonté, car qu’ils soient hommes ou femmes politiques, journalistes ou anonymes, leur prétendue vertu n’est qu’un voile sur leur véritable malveillance et hypocrisie tel un poison silencieux. Toutes les doctrines, toutes les écoles, toutes les révoltes, n'ont qu'un temps. La fin de l’espoir est le commencement de la mort. Le désir du privilège et le goût de l'égalité, passions dominantes et contradictoires des Français de toute époque.


Quand le courage défie la haine, un album important qu'il faut lire au moins une fois.



" Cet album est dédié à la mémoire d'Arnaud Beltrame, à sa famille, aux gendarmes et à tous les citoyens qui trouveront dans son exemple matière à se souvenir de ce qui fait la beauté du don de soi et de l'engagement des hommes. "
Arnaud Delalande
Laurent Bidot

B_Jérémy
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il y a 7 jours

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Joker
B_Jérémy
10

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