Arundill - Mages, tome 4
7.1
Arundill - Mages, tome 4

BD franco-belge de Nicolas Jarry et Bojan Vukic (2020)


Frères, chacun de nous a mené ces enfants sur le chemin de la connaissance. Nous avons veillé sur eux, nous les avons nourris, nous leur avons dévoilé nos plus grands secrets... Ses enfants portant eux une promesse d'avenir pour la confrérie chimérique. Mais malgré tout notre amour pour ces jeunes âmes, c'est notre désir ardent de préserver notre art de la corruption et de la décadence qui doit prévaloir. Pour cela, il nous faudra sacrifier ce qui est le plus cher et le plus précieux à nos yeux... Vous qui êtes nés dans le creuset de vos maîtres, voici l'ultime étape de votre initiation... Lors de la sublimation, les sept éléments fondamentaux fusionnent et deviennent lumière divine, permettant à l'alchimiste d'accéder au grand œuvre. Les sept deviennent alors un !



Le génial Nicolas Jarry est de retour sous les éditions Soleil avec la quatrième branche familiale de la caste magique, prenant place dans le vaste univers des Terres d'Arran composé de quatre sagas venant en parallèle se greffer autour d'une seule franchise de bande dessinée très prolifiques synthétisée par des tomes indépendants avec Elfes, Nains, Orcs & Gobelins et celui qui nous intéresse aujourd'hui, "Mages". Mages, tome 4 : « Arundill », est une épopée d'héroïc fantasy saisissante dans laquelle l'on vient clôturer la découverte des quatre voies magiques. Après l'élémentalisme, la magie runique et la nécromancie, voici "la magie alchimique", trouvant sa place à travers les deux voies directes et les deux voies indirectes qui composent la sorcellerie. Avec ce quatrième volume on découvre "Arundill", une Connétable de l'ordre des Ombres, dont la mission est d'encadrer la pratique de la magie en s'assurant que chaque possesseur d'une des quatre voies se met sous la coupelle d'un monarque afin de ne pas user personnellement de son pouvoir, pour ne plus que se reproduise le tragique génocide des elfes rouges d'Orobarian par le Mage Slovtan. Une loi proclamée lors du Concile des Cents, à laquelle n'importe quel Mage doit se soustraire, sous peine d'être éliminé par l'ordre. La stabilité du pouvoir !


Arundill est une bande dessinée intéressante pour l'apport enrichissant qu'elle apporte autour d'une branche magique ingénieusement introduite pour le lecteur avec des explications qui sans être indigestes posent une logique autour de ce pouvoir appartenant à la voie indirecte. Contrairement aux élémentalistes et aux nécromanciens qui peuvent renouveler presque instantanément leur réserve d'énergie magique pour lancer des nouveaux sortilèges, les alchimistes doivent utiliser des pierres de pouvoir dont la fabrication nécessite un processus lent et complexe. Ces pierres, une fois abouties, permettent de distiller un art libéré de toute contrainte par le biais d'un pentacle magique modelant la puissance brute de la pierre en un sortilège. Arundill est une alchimiste surpuissante totalement animée par une quête vengeresse datant de deux décennies envers le puissant Mage : "Triste-sourire", son maître et père adoptif, responsable d'un terrible événement à l'origine de son ressentiment et qui lui a coûté une partie de sa mémoire. Une rage qui l'a conduite plus d'une fois à enfreindre les règles de l'ordre des Ombres qui n'est pour elle qu'un trépied pouvant lui fournir une accession à son but ultime au risque de perdre son titre de Connétable pour devenir une cible pour son ordre. 


Tout au long du récit, Arundill enquête sur la confrérie chimérique à laquelle appartient Triste-sourire, afin d'avoir des réponses et de combler les vides en poursuivant ses membres. Une excellente occasion pour mettre en place de nombreuses péripéties prenant place dans un scénario qui alterne ingénieusement le passé et le présent, diluant un récit mystérieux qui peu à peu sort de sa zone d'ombre.



Ton esprit... a été chauffé, battu puis trempé... Ce maître que tu hais est un grand artiste pour avoir modelé ce que tu es... Il arrive parfois que l'oeuvre dépasse son créateur... Hi ! Hi ! Hi !



En matière d'action, cet album se pose comme un excellent cru, mettant en avant de nombreux duels magiques dont on se régale des sorts proposés à travers une frénétique violence. Des confrontations survoltées dans lesquelles notre sorcière mal aimée se livre à des affrontements percutants avec des points culminants, comme lors de son duel contre Aragor avec une invocation dragonesque, face à Maîtresse Obota la Verte, conseillère du Mahid d'Akara, avec une empreinte érotique-barbare, ou encore lors de l'ultime épreuve dramaticotragique entre les apprentis, pour enfin s'achever sur une confrontation finale intense, haletante et impitoyable contre Triste-sourire. L'utilisation de la magie n'est jamais moindre, avec une symbolique autour de l'homoncule savamment dilué dans sa dramaturgie. L'auteur se lâche et on peut dire que ça fait du bien.


En matière de personnages cette bande dessinée est une mine de diamants. Si Arundill possède le charisme pour tenir le premier rôle, les nombreux protagonistes qui l'accompagnent durant son périple ne sont clairement pas en restes, à commencer par les antagonistes. Aragor et Maîtresse Obota la Verte font figure d'excellents adversaires avec tout en haut du podium le badguy principal : "Triste-sourire". Triste-sourire est un antagoniste fabuleux doté d'un design captivant, d'un charisme écrasant, d'une aura nébuleuse, d'une texture psychologique renversante pour un résultat sensationnel. Un des meilleurs antagonistes que compte cet univers, le Dark Vador des Terres d'Arran. S'ajoutent d'autres compagnons qui ne sont pas en reste non plus avec le ténébreux nécromancien : "Ravan", le camarade apprenti et frère d'Arundill : "Origam", l'inquiétant et sinistre Gobelin sorcier : "Agnar le Noir", ou encore l'excellent et troublant métamorphe : "Haut Maître Borogarion." Une belle palette de personnages que l'on se plaît à suivre de bout en bout.


Les dessins de Bojan Vukic vivifiés par les couleurs de J. Nanjan sont splendides ! De superbes vignettes agrémentées par des illustrations percutantes proposant des décors irréprochables, bien que moins exposés qu'à la coutume de cette saga, avec la tour côtière d'Aragor située en haut de falaise, la forteresse glaciale de l'ordre des Ombres, le palais sulfureux de Maîtresse Obota la Verte, le repaire inquiétant et lugubre d'Agnar le Noir... Les personnages ont des traits sérieux et taciturnes qui collent avec l'aspect impardonnable de cet album qui ne se permet aucune légèreté graphique. Les sorts magiques claquent avec des pentacles finement élaborés sur des combats savamment illustrés dans des plans habiles. En ressort une texture d'ambiance chargée en gravité par un jeu de couleur intelligent notamment autour des flashbacks, offrant une toile de fond idéale pour la pièce extraordinaire qui se joue.



CONCLUSION :



Mages, tome 4 : « Arundill », de Nicolas Jarry, est une nouvelle entrée en scène dans l'extraordinaire univers des Terres d'Arran avec la dernière découverte d'une des quatre voies magiques avec l'alchimie. Un album rythmé au service d'un récit mouvementé qui met la part belle dans les confrontations chimériques que propose l'art de la sorcellerie. Agrémenté par des personnages saisissant avec en tête l'antagoniste principal Triste-sourire, Arundill est un excellent tome offrant la garantie d'une lecture animée aux amateurs d'héroïc fantasy.


De mieux en mieux pour nos amis les Mages !



Mon vieux Triste-sourire... Tu as sous-estimé la fougue d'Arundill... Mais c'est vrai qu'elle est surprenante. Depuis le premier jour, elle n'a cessé de nous émerveiller. Chaque nouvelle épreuve révèle un peu plus de son incroyable potentiel... J'avais oublié combien il est frustrant de voir la vie à travers ces fentes étroites... Et combien la frontière entre ce qui est bon et ce qui est mauvais est insaisissable. Tant d'actes généreux peuvent se révéler néfastes... Tandis que d'autres, au premier abord mauvais, se révèlent fondamentalement bons. Je ne regrette rien des épreuves que je t'ai fait subir... Car un jour, ça sera à toi de protéger et de diriger l'ordre des Ombres, Arundill de, ma fille.


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