D'accord, respect pour l'homme, en tant que promoteur de la BD comme genre noble, Graphic Novel et tout. Et le scénario que l'on a ici est intelligent : il retrace, de manière en partie autobiographique, la vie d'un dessinateur juif, Willie, qui décide de répondre à la mobilisation de la Seconde Guerre Mondiale alors qu'il pourrait y échapper.

Je n'ai lu pour l'instant que le tome 1, qui ne fait que retracer le destin des parents de Willie sous forme de flash back, alors qu'il prend le train pour être conscrit ; et le tome 2, qui s'intéresse à la jeunesse de Willie dans les années 1930, notamment son amitié pour un jeune Allemand dont la famille est nazie.

Je n'aime pas le style graphique d'Eisner. Il a du talent, bien sûr, notamment dans les jeux d'ombre, dont pourtant il n'abuse pas. Mais j'ai véritablement en horreur la forme de pathos à laquelle il a recours pour nous impliquer dans son histoire : les protagonistes principaux sont idéalisés-un-peu-mais-pas-trop, on leur rajoute quelques tares ; les méchants ont souvent un sourire démoniaque, la bouche qui bave ou les yeux masqués par des lunettes inexpressives, histoire qu'on comprenne bien qu'ils sont corrompus. Les attitudes des personnages, souvent oppressés et soumis à l'injustice ou la bêtise, forment autant de piétas ou de Christ.

Comment critiquer le message d'Eisner ? Oui le racisme c'est horrible ; oui c'est dur de vivre au sein d'une famille, surtout une famille d'immigrés juifs ; oui l'argent-roi c'est moche. Mais nonobstant le soin apporté à leur caractérisation graphique, ses personnages ne sont que des abstractions au service d'une idée. On ne s'intéresse pas à eux, à cause de ce trop-plein de pathos. Il s'en faudrait de si peu...
zardoz6704
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le 11 août 2012

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zardoz6704

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