Un polar sous la cape, où chaque page souffle le chaud et le noir

Avec Batman : Un long Halloween (1996), Jeph Loeb et Tim Sale livrent un récit aussi dense qu’une nuit gothique à Gotham. Imaginez une enquête qui s’étire sur un an, des meurtres rythmés par les fêtes, et une galerie de criminels qui transforment la ville en un théâtre d’ombres et de masques. Le résultat ? Un polar super-héroïque qui ne lâche jamais son emprise… même quand il se perd un peu dans ses propres méandres.


L’histoire démarre sur les chapeaux de roue : un mystérieux tueur en série, surnommé Holiday, frappe à chaque grande fête, semant des indices aussi cryptiques qu’une énigme de l’Homme-Mystère. Batman, en mode détective acharné, s’associe avec Gordon et Harvey Dent pour démêler une intrigue qui éclaire autant qu’elle obscurcit. Mais attention, ici, pas de gadgets qui résolvent tout en un clic : Loeb nous plonge dans une enquête lente, méthodique, et parfois désespérante.


Côté personnages, c’est une fête déguisée (au sens propre). Joker, Catwoman, Poison Ivy, et une armée de figures iconiques se mêlent à l’intrigue, chacun apportant une touche de chaos ou de mystère. Mais le véritable cœur du récit, c’est Harvey Dent. Un long Halloween est autant une enquête sur Holiday qu’une autopsie de la chute de Dent vers son destin tragique en tant que Double-Face. Son évolution est déchirante, et Loeb la construit avec une subtilité rare dans le genre.


Tim Sale, au dessin, transforme chaque page en un tableau noir et blanc (et gris et parfois rouge sang) d’une intensité gothique. Ses traits anguleux et expressifs donnent à Gotham une atmosphère pesante et presque oppressante. Les ombres sont omniprésentes, les angles dramatiques, et chaque case semble crier "Bienvenue à Gotham, ne regardez pas trop longtemps". C’est beau, c’est étrange, et ça colle parfaitement au ton du récit.


Mais ce qui distingue Un long Halloween, c’est son rythme. L’histoire s’étend sur un an, laissant le temps aux tensions de monter, aux personnages de se dévoiler, et aux lecteurs de se demander si Holiday est vraiment plus effrayant que les figures déjà installées dans Gotham. Cette structure ambitieuse donne de l’ampleur au récit, même si certains passages s’étirent un peu trop, ralentissant parfois l’intrigue au point de frustrer.


Là où le récit excelle, c’est dans son exploration de Batman en tant que détective. Pas de sauveur invincible ici, mais un enquêteur obstiné, souvent dépassé par les événements, mais jamais prêt à abandonner. Cette humanisation du Chevalier Noir ajoute une profondeur bienvenue, tout en montrant les limites de son pouvoir face à un Gotham où le mal semble s’inviter à chaque fête.


En résumé, Batman : Un long Halloween est une œuvre dense et captivante, qui mêle le polar classique et l’univers des super-héros avec une élégance sombre. Loeb et Sale construisent une histoire à la fois intime et épique, où Gotham devient un personnage à part entière. Préparez-vous à une enquête qui, comme son titre l’indique, s’étire dans la longueur… mais qui récompense ceux qui restent jusqu’à la dernière case. Une œuvre majeure pour tout fan de Batman et de récits noirs comme l’encre.

CinephageAiguise
8

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le 12 déc. 2024

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