À voir mirettes et tarins des tout premiers personnages versés sur les planches, j’ai bien cru à du Hideki Arai. Il n’en est rien, la copie est signée Masahito Soda.
Tiens c’est drôle, Soda fait des bulles.
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Ça se passe autour des bolides, cette histoire, donc. Ça peut. Du moment que les personnages sont mieux brossés que du temps de Initial D, on s’en satisfera. Ou non ; ce qui est le plus vraisemblable me concernant.
J’abhorre tout ce qui tient aux véhicules motorisés. Je hais leur aspect, je vomis leur entretien onéreux, j’exècre leur dangerosité et, par-dessus tout, j’exerce une profonde aversion envers tout ce qui nous rend plus mobile donc, suppose que nous nous rendions potentiellement plus disponibles et corvéables. Les bagnoles, vous les aimez ? Calculez le temps de votre vie que vous avez perdu dedans, ça vous fera relativiser.
Tout ça pour dire qu’il y a comme une partialité ombrageuse dans le jugement que je serai amené à commettre à l’aune de ce que je vous rédige ici.
Le petit gamin négligé par un père occupé au travail, persécuté par ses petits camarades, qui trouve le refuge dans [INSÉRER UN HOBBY ALÉATOIRE], que tout cela semble faire de son mieux pour me désintéresser de ce que je lis. Et avec succès, j’ajouterai.
Son père lui construit un kart, lui mettant le pied à l’étrier – je préférerais que ça soit un canasson – afin de tromper sa vie chiante en lui trouvant une passion. Tant qu’il l’inscrit pas à un club de foot, ça me va, dans le principe.
De là, il se fera des amis grâce à son véhicule. Rien de tel que des fréquentations qui vous aiment pour vos possessions.
Les planches sont dynamiques – et c’est heureux dès lors où il fait relater de la vitesse – de ça, je n’ai pas à m’en plaindre. Elles sont très bonnes dans ce registre, mais dans ce registre uniquement, nous saturant parfois sous l’intensité forcée par le paneling afin de sans cesse nous suggérer l’urgence et le caractère critique d’une situation donnée. Il y en a à qui ça peut plaire, remarquez.
Les personnages, pour ce qui les concerne, sont inutilement trop expansifs, expressifs plus que de raison, préférant clamer plutôt que parler, suggérant un sentiment de bruit de fond qui outrepasse même celui des moteurs. D’autant qu’ils ont tous bon cœur au fond, baignant dans la niaiserie ambiante et doucereuse dans laquelle macère l’œuvre toute entière.
Si au moins Capeta compensait son histoire – d’un classique qui confine au banal – avec des détails techniques. Je n’aurais pas été rétif à en apprendre davantage sur la mécanique, apprendre comment fonctionne exactement un moteur et tous les composants associés pour faire avancer le véhicule. De ce genre de détails, nous n’en aurons que très peu, abordant ainsi l’aspect mécanique, pourtant crucial, que superficiellement.
L’aspect compétitif ne nous suggère rien, les enjeux trop spécieux et la discipline, en elle-même, rasoir. J’entends bien que je sois trop partial pour juger d’une œuvre automobile sans y glisser un soupçon de poison mais….
Mais sincèrement, qui peut se satisfaire de voir des bagnoles tourner en rond durant des heures ? Je peux comprendre que la conduite, elle, doit être exaltante ; mais être spectateur de ce genre de prestation n’a franchement rien de distrayant. Capeta a au moins l’avantage du support papier pour nous permettre de voyager avec les protagonistes afin de relever l’intensité des courses. Pas de quoi me contenter, toutefois.
La valeur ajoutée de Capeta tient peut-être à l’évolution chronologique de sa trame, car nous suivront le protagoniste principal de sa prime enfance jusqu’à l’âge adulte en passant par chaque étape de sa vie. Une vie néanmoins inintéressante à lire, je vois bien vous avouer cela, d’autant que celle-ci n’évolue que principalement autour de ses courses.
Nonobstant mon dépit de devoir m’infliger un manga de bagnoles, je crois pouvoir assurer objectivement que, même en faisant fi de cet élément, rien ici ne vaut la peine d’être lu. Vous trouverez là typiquement le Shônen sportif où chaque étape du processus sera respecté à la lettre. Les compétitions, les rivaux, les filles qu’on courtise – insipides celles-ci – les frustrations inhérentes audit sport (et non Audi sport), les alliés inutiles qui vous encouragent depuis les tribunes, les personnages secondaires qui commentent jusqu’au moindre poil de cul pour occuper un peu les pages…. Quand vous en avez lu un, de ceux-là… le reste n’est pour nous qu’un écho lointain de ce qui n’a déjà été que trop entendu.
Pire encore, les dessins – que j’assimilais initialement au trait de Hideki Arai – perdent en caractère pour quasiment bifurquer vers du Kazuhiro Fujita. Ça sent leur hors-piste cette affaire.
Fidèle à ce que suppose une course de F1, Capeta tourne en rond inlassablement pour arriver à son point de départ et recommencer. Entre le début et l’arrivée, il n’y aura eu que du bruit pour nous assaillir.
C’est un manga de niche, finalement, qui ne s’adresse pas à qui apprécie les mangas, mais qui est féru de Formule 1. À eux de me dire s’ils ont aimé ce qu’ils ont lu, le fait est que l’œuvre ne m’était adressée ni à moi, ni au commun des mortels.
Mon aversion du moteur à explosion serait seule cause de mon dépit suite à ma lecture ? Je suis persuadé du contraire. Jamais je ne m’étais intéressé au basket, au foot américain, au hockey (ma critique de DOGSRED viendra) ou même au ping pong ; et pourtant, j’ai été happé successivement par Slam Dunk, Eyeshield 21 et Ping Pong. Il aura fallu, pour accomplir ce menu miracle, travailler savamment sa mise en scène, savoir écrire ses personnages et nous sortir la tête du terrain de temps à autre. Capeta n’a rien fait de tout ça, nous étouffant dans les gaz d’échappement sans que nous puissions justement y échapper. C’est lourd à lire et rien ne se passe dans la plus parfaite agitation constante.
Non, et ce sera mon diagnostic mécanique, le problème ici ne vient assurément pas du moteur.