Mind games
Et si les véritables qualités de "Ces jours qui disparaissent" ne résidaient pas vraiment dans son scénario - fantastique conceptuel bien dans l'air du temps - ni dans son graphisme - ligne claire et...
Par
le 10 janv. 2018
42 j'aime
4
J'avais un peu manqué cette bande-dessinée malgré l'incroyable hype de l'été 2017. Deux ans ont passé, et je m'y plonge enfin, alors que les klaxons résonnent pour la victoire du Sénégal en Coupe d'Afrique des Nations (ou est-ce la fête nationale ?). J’aurais dû me méfier. Avec le temps, j’ai appris à si bien connaître mes goûts, que je suis capable de jauger d’un coup d’oeil à l’affiche si un film va me plaire ou non. Je suis aussi passé maître dans l’évaluation d’un disque par sa pochette, et rares sont les oeuvres qui arrivent encore à me surprendre.
Et tout était là. A première vue plutôt élégante, la couverture de Ces jours qui disparaissent propose un trait clair, précis, un environnement pour le moins surprenant… Un regard plus appuyé et c’est la douche froide. Ca sent beaucoup trop fort la tarte à la crème du double, thème presque aussi souvent mal traité qu’il est abordé. Et Timothé Le Boucher met les deux pieds dedans. Cela commençait plutôt bien, pourtant : les premières planches, muettes et aériennes, évoqueraient presque Polina. Et puis les dialogues débutent. Il nous est permis d’y croire à nouveau le temps d’introduire la petite amie du héros, au cours d’une assez jolie scène tendre. On prend même un peu de plaisir à découvrir le mécanisme qui lance le récit, et malgré des échanges globalement mal écrits, l’aspect ludique dure un temps.
Et puis ça se gâte. Les réactions des proches du héros n’ont aucun sens, ses amis sont insupportables de niaiserie, l’histoire de sa famille est mal amenée au possible, la psychiatre est plus que ridicule, ah tiens une deuxième petite amie, ah tiens un autre double-éphèbe-italien sans consistance, nouvelles interactions qui n’ont aucun sens et OH MON DIEU qu’est-ce que c’est que cet échange avec le psy machiavélique/méchant de James Bond (on dirait un mauvais fantasme d’adolescent) ?! Si l’accélération de la temporalité permettait un léger regain d’intérêt, l’auteur enterre sa bande-dessinée avec ce beau condensé de tout-ce-qu'il-ne-faut-pas-faire. Ni l’inutile clin d’oeil à l’heroic fantasy, ni les trente-six couches de projections futuristico-virtuelles ne sauveront la mise.
La fin de l’ouvrage a quelques mérites. Celui d’aller au bout de son idée sans céder sur son principe. Celui de se recentrer sur l’histoire d’amour. Et celui de m’avoir permis quelques réminiscences du bien plus joli Chico et Rita (les retrouvailles des deux amants). Au total : bof.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste BDs comics et mangas dans ma bibliothèque
Créée
le 15 juil. 2019
Critique lue 1.4K fois
6 j'aime
1 commentaire
Et si les véritables qualités de "Ces jours qui disparaissent" ne résidaient pas vraiment dans son scénario - fantastique conceptuel bien dans l'air du temps - ni dans son graphisme - ligne claire et...
Par
le 10 janv. 2018
42 j'aime
4
Les livres qui sortent à chaque rentrée littéraire ne suscitent pas l’unanimité. On peut dire qu’en littérature comme dans tous les domaines culturels, l’unanimité n’existe pas. Pourtant, quand il...
Par
le 14 sept. 2017
39 j'aime
12
Cette BD semble rencontrer son petit succès populaire et critique (autant qu'on peut en juger au doigt mouillé en se baladant sur le net). Cela peut déjà s'expliquer un peu superficiellement par une...
Par
le 31 déc. 2017
24 j'aime
25
Le bon Holden Ford, agent du FBI unanimement désigné par tous les protagonistes comme “young and idealist” (comprendre un peu benêt), est chargé de négocier avec les preneurs d’otages. Après une...
Par
le 10 nov. 2017
14 j'aime
1
J’ai découvert cet album trop tôt. A l’époque, j’avais dix-sept ans, et m’abreuvais à la source Détroit, depuis peu dénichée. J’aimais d’amour le son Motown (et onze ans plus tard, c’est toujours mon...
Par
le 10 sept. 2017
14 j'aime
1
Situons : j'aime assez Quentin Dupieux. J'ai vu un grand nombre de ses films. Je dirais que le meilleur est Réalité (au sens où c’est celui qui tient le mieux le pari de l’absurde). Dans les...
Par
le 24 mai 2024
7 j'aime