Lors d'une séance de pose nue dans son cours de dessin, Mansoureh se rappelle son enfance en Iran. Elle est née à Téhéran. Elle grandit dans la peur : celle que son père la tue -crime pour lequel il pourrait ne pas être poursuivi, puisque en Iran, selon la loi islamique, le père de famille est propriétaire de ses enfants.-, celle de se faire agresser par les hommes, de se faire juger par les femmes parce qu'elle ne veut pas vivre soumise, de ne pas pouvoir vivre la vie qu'elle veut.
Cet album est très épuré, les lignes claires sont superbes : beaucoup de corps, de visages en gros plans, du gris avec quelques touches plus colorées, peu de texte.
L'autrice va à l'essentiel de ses souvenirs, des émotions qui remontent, de la peur née dans son enfance qui la tenaille encore, du leitmotiv sans cesse répété qui la rabaissait en tant que femme. Tout cela agit toujours sur elle, malgré les années passées loin de son pays natal. Elle montre bien le poids de l'éducation, la difficulté à la surmonter ; il y a toujours un moment, parfois inattendu où tout remonte et paralyse. Il faut savoir et pouvoir puiser au plus profond de soi-même pour continuer, pour ne pas baisser les bras.
Cet album pour lequel j'ai un vrai coup de cœur est le premier de Mansoureh Kamari.