le 6 nov. 2022
De Charybde en Scylla
La jeunesse d’aujourd’hui elle n’a pas connu les contes populaires poignants où les enfants étaient astreints à la souffrance. La petite fille aux allumettes ? Oliver Twist ? Les malheurs de Sophie ...
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Chainsaw Man, c’est pour moi une œuvre coup de poing… et une déception à la hauteur de son potentiel.
⚡ Une première partie d’une justesse rare (10/10)
Si j’ai été happé dès les premiers tomes, c’est moins pour la violence spectaculaire que pour la manière dont Fujimoto parvient à faire coexister l’absurde, le tragique et l’humain.
Les scènes de vie entre Denji, Aki et Power m’ont profondément marqué : derrière la boucherie, il y a une vraie chaleur — bancale, maladroite, mais sincère.
Et puis, il y a eu Reze.
La romance entre Denji et Reze a été pour moi un sommet d’équilibre : une parenthèse douce-amère dans un monde de monstres. Fujimoto parvient à rendre ce lien crédible, fragile et profondément touchant, ce qui donne encore plus de poids à ce qui suit.
À travers ces moments, la première partie trouve une vibration émotionnelle rare pour un récit aussi chaotique en surface.
La structure reste lisible (arcs clairs, enjeux nets), ce qui permet à la folie de Fujimoto d’avoir un cadre. C’est cette combinaison entre clarté narrative et intensité émotionnelle qui en fait, à mes yeux, une œuvre exceptionnelle.
🌪️ Une deuxième partie qui s’effrite (5/10)
À partir du tome 12, l’histoire s’éparpille.
La narration devient flottante, les factions pullulent, les enjeux s’érodent. Et puis vient ce fameux tournant autour du tome 16 — l’apparition spontanée des “Chainsawmen” — qui introduit une règle sortie du chapeau.
Cette idée aurait pu être puissante sur le plan symbolique — une réflexion sur la croyance collective, le culte et la perte de contrôle d’une icône.
Mais sur le plan narratif, c’est un désastre : elle fragilise les bases mêmes du monde établi, dilue la tension dramatique et remplace une mécanique claire par une logique bancale et imprévisible.
Cette scène est, pour moi, le moment où la série cesse de tenir debout sur son propre socle.
🔥 Un parallèle qui fait mal
Ce déraillement me rappelle fortement Fire Punch, quand Fujimoto a perdu son point d’équilibre après la mort de Togata.
Là aussi, il avait une idée forte… mais la disparition du personnage pivot a laissé place à une narration erratique, conceptuelle, souvent brillante mais structurellement vacillante.
J’ai peur qu’il reproduise ici le même schéma : une œuvre qui démarre comme une tornade maîtrisée et finit comme une spirale confuse.
🧠 Fujimoto, auteur de fulgurances ?
Mes plus grands coups de cœur restent finalement ses récits courts :
Adieu Eri : bouleversant, parfaitement rythmé, humain.
Look Back : une maîtrise absolue de la narration brève.
Fujimoto est un auteur qui excelle dans la fulgurance, dans l’émotion condensée. Mais sur la longueur, il me donne l’impression d’un funambule qui finit toujours par vaciller.
🧭 Une note d’espoir, mais teintée de doute
Je mets 8, parce que la première partie reste pour moi un sommet d’intensité émotionnelle et narrative. Je sous-pondère ma déception actuelle, car la série est encore en cours et amorce un léger retour à une structure plus claire.
Mais la confiance n’est plus totale. Si Fujimoto ne reprend pas le contrôle de sa propre création, Chainsaw Man pourrait bien devenir un monument inachevé — celui d’un auteur génial… mais incapable de tenir la durée.
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📝 En résumé
🌟 Première partie : puissante, touchante, maîtrisée — ★★★★★
🌪️ Deuxième partie : ambitieuse mais chaotique — ★★★☆☆
✍️ Fujimoto brille davantage dans ses œuvres courtes que dans les fresques longues.
📉 La “règle du Chainsawmen collectif” est pour moi une faute de structure majeure.
Note finale : 8/10, avec autant d’admiration que d’inquiétude.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Tankōbon: mes voyages préférés dans les méandres de l'imaginaire nippon (mon top manga)
Créée
le 22 oct. 2025
Critique lue 11 fois
le 6 nov. 2022
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