Avec Hergé j'ai remarqué qu'on peut s'attendre à du très bon ou du très moyen et ce en alternance. Après le très bon 'L'affaire tournesol' voici la pire de ses aventures: 'Coke en stock'. J'en avais pourtant un très bon souvenir, notamment grâce à Szut.

Le scénario est le principal défaut de l'album: ça part dans tous les sens. Tintin découvre par hasard un traffic d'avions, puis, décide d'aller voir ce qu'il peut faire en arabie pour aider un ami dirigeant à reprendre son pouvoir et là se trouve mêlé à un traffic d'esclavage... Et bien sûr TOUT est lié (maladroitement). En fait, on ne sait jamais trop où on va durant tout l'album. Il se passe des choses et puis voilà la résolution finit par arriver elle aussi sur un plateau. Il est impossible de rentrer dans l'action pusiqu'on ne sait pas ce que Tintin cherche à faire. Il n'y a pas de fil rouge permettant de mener sa barque.

Hergé renoue également avec ses vieux tics du grand n'importe quoi, je veux dire des péripéties à presque chaque page et des résolutions plus saugrenues les unes que les autres. Il a aussi décidé de mettre un maximum de personnages des albums précédents, ce qui ravit les fans du monde de Tintin, mais pas vraiment ceux qui veulent une bonne histoire. Ainsi, certains personnages sont juste là en caméo... mais n'apportent pas grand chose... certaines scènes aussi font trop penser à du déjà vu, comme si Hergé avait décidé de faire un Best Of de Tintin. Une des rares nouveautés c'est le sous marin. Sinon tout fait écho aux albums précédents. Un miracle d'aillleurs qu'il n'y ait pas d'histoire d'opium dans cet album.

Tintin et Haddock semblent vivre dans des mondes différents. Tintin ne rit jamais, quand il parle c'est toujours en rapport avec l'intrigue...Tandis que Haddock est juste là pour amuser la galerie. Il reçoit tout de même une seconde chance en tant que capitaine et prouve aux lecteurs qu'il peut dire non à l'alcool. Une phrase m'a vraiment fait rire et révèle la naïveté d'un Tintin parfait: "Ah le général Alcazar est ici pour acheter du matériel de guerre (contrebande expliquée plus tôt), mais ce n'est pas une raison pour ne pas lui rendre son portefeuille" (haa il faut toujours rendre un portefeuille à son propriétaire, même s'il est responsable de nombreuses morts et qu'il participe à de la contrebande d'avions). Ajoutons un fait curieux: Tintin ne rend jamais le portefeuille... pourtant, plus tard, le général croise un ancien ennemi de Tintin et explique que ce dernier le lui a gentiment rendu...

Quant à Szut dont j'avais un si beau souvenir, je me rends compte qu'il n'apparaît que très tard dans l'intrigue et que son rôle est très minime (et en plus il est un peu con... quand tintin lui demande un miroir pour faire des signaux, il lui propose également un peigne...holala), mais bon difficile de donner un plus grand rôle quand on voit le nombre de personnages présents.

Outre ce scénario sans queue ni tête, le dessin n'est pas génial non plus. Par moment la tête de Tintin est complètement ratée. Enfin le personnage semble enfin vieillir, mais cela est probablement involotaire de l'auteur: ici, il a parfois l'air d'avoir pris 20 kg, et pas seulement du muscle... Certains cadrages, cependant, restent assez beaux, notamment ceux avec des avions. Hergé a compris qu'il ne fallait pas forcément toujours représenter un avion de plein pied mais qu'au contraire, en le coupant par le cadrage, ça rendait la scène bien plus dynamique.

Enfin passons au racisme d'Hergé ici confirmé. Certes l'auteur semble combattre l'esclavagisme, mais pourquoi ressent il le besoin de toujours abrutir les noirs? Haddock tente d'expliquer le plus simplement du monde que les pauvres bougres vont devenir esclaves s'ils tentent d'aller à la Mecque... mais ils ne percutent jamais... Enfin si apparemment seul le vieux sage a plus ou moins l'équivalent de notre intelligence. Il y a aussi cette scène où Haddock trouve toujours mieux à faire que de les délivrer des cales. Alors qu'ils auraient pu contribuer à l'extinction du feu.

Bref c'est un très mauvais album de Tintin qui tente de reprendre tous les éléments qui ont fait le succès des précédents album... sauf que ça ne suffit pas pour raconter une bonne histoire. Hergé se plante lamentablement, peut être déprimé (l'album suivant prendra plus d'un an pour être réalisé tant ses crises seront nombreuses), son histoire ne va nulle part et se contente d'arborer un message humaniste...humaniste mais creux. Et comportant sa part de racisme également.

PS: voici les caméos dans l'ordre: Général Alcazar, Abdallah, Dupondt, Tournesol, Nestor, Dawson(méchant du lotus bleu), Oliveira, Muller (devenu ici Mull Pacha), Bab El Eir, Castaphiore, Rastapopoulos, Allan et Séraphin Lampion. 13 Personnages à gérer en plus de Tintin, le capitaine et quelques nouveaux (les dupondt ne comptent que pour 1 dans ce cacul)... Pas étonnant donc que le rôle de Szut soit si bref.
Fatpooper
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le 7 déc. 2011

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