Dessine-moi un croquis (pop) !

Dans la jungle inextricable des nombreux Manhwas publiés chaque mois, peu de titres se détachent suffisamment nettement pour faire un peloton de tête, la faute à des dessins souvent tâtonnants et des scénarios copié-collés de leurs homologues japonais. A l'instar de quelques autres, Croquis Pop en est un qui tire indéniablement son épingle du jeu.

De prime abord d'un classicisme usé jusqu'à la corde et ce, jusque dans son graphisme (maîtrisé malgré tout), il révèle à la lecture d'inestimables qualités qui lui permettent (excusez du peu) de rivaliser avec les meilleurs mangas publiés actuellement. Un point de départ original (des dessins qui prennent vie sous l'impulsion des sentiments des gens) doublé d'un bon équilibre entre psychologie et action pure attirent d'emblée une sympathie qui permet d'oublier ses quelques regrettables défauts en termes d'exploitation de certains personnages et/ou situations.

Au-delà de ces quelques zones d'ombres, ce qui touche inévitablement, dans Croquis Pop, c'est son côté "profession de foi" assumé et revendiqué, mise en abyme de la condition (déplorable) d'auteur de B.D. en Corée. Entre les lignes (à peine), on y lira ainsi une véritable déclaration d'amour au genre, un hommage et un plaidoyer pour le droit à rêver, quel que soit le chemin emprunté pour ce faire. Ainsi, ce qui aurait pu passer pour de la naïveté ou de l'idéalisme facile se trouve transcendé par la sincérité des auteurs et donne à l'oeuvre un caractère profondément humain.

Dommage que comme trop de Manhwas, celui-ci se termine en queue de poisson.