Mené d’une main de maître par Riku Sanjô, ce manga est bien plus qu’un simple dérivé de licence vidéoludique : c’est une fresque initiatique d’une richesse rare, qui s’impose comme une œuvre intemporelle.
Oui, on retrouve le fameux “pouvoir de l’amitié” si cher au shônen classique. Mais réduire La Quête de Daï à ce cliché serait passer à côté de toute sa profondeur. J'ai grandi avec ce manga où pour une fois l’amitié n’est pas un slogan creux, mais le moteur d’un cheminement identitaire.
Daï, est un gamin propulsé trop tôt dans l’âge adulte. Il doit composer avec un destin écrasant : celui d’un enfant vu comme un meneur alors qu’il cherche désespérément un modèle à qui se rattacher. C’est ce tiraillement qui nourrit l’émotion, au-delà des combats spectaculaires.
Le récit brille aussi par ses personnages secondaires, porteurs chacun d’un drame ou d’une quête personnelle. On y lit la douleur d’un père déchiré entre deux mondes, une métaphore puissante qui résonne universellement — car tout enfant est marqué, d’une façon ou d’une autre, par l’héritage et les fractures de ses parents. À cela s’ajoutent des tragédies marquantes, qui donnent un poids inattendu aux arcs narratifs et évitent l’écueil du manichéisme simpliste.
Graphiquement, l’œuvre impressionne par sa lisibilité et sa maîtrise. Les pouvoirs sont grave stylisés, c'est beau, c'est épique. Mis en scène avec une efficacité qui frappe encore aujourd’hui. Tout y respire le grand shônen de la vieille école, mais porté par un souffle dramatique et une cohérence thématique qui dépassent le cadre du simple “manga d’aventure”.
Pour moi, La Quête de Daï n’est pas qu’un divertissement héroïque : c’est un voyage initiatique, une réflexion sur l’identité, le poids de l’héritage et la force des liens humains. Une œuvre qui a su rester universelle et touchante, et qui mérite largement son statut de classique du genre.