• Quant aux autres nations elfes, elles commencent à ressembler aux hommes. Notre civilisation s'effrite... Siècle après siècle, le diamant devient poussière. Il ne reste plus qu'un seul endroit où les mots paix et harmonie garde un sens véritable.

  • Sur nos îles est nulle part ailleurs.

  • Oui, mon garçon. Et dans mille ans, tu penseras comme moi. Tu seras lassé de voir tant de choses disparaître. Et tu voudras protéger ce qui reste en le cachant de la lente folie qui rampe partout sur ce monde.



Pour signer le troisième tome des aventures "Elfes", titré : « Elfe blanc, cœur noir », les éditions Soleil font appel à la plume d'Olivier Péru qui propose par une approche différente un périple qui nous plonge à nouveau dans les extraordinaires Terres d'Arran. Un prolongement de la découverte du peuple elfique où après les elfes Bleus et les elfes Sylvains, l'on découvre les elfes Blancs par le biais d'une épopée d'héroïc fantasy d'une richesse étonnante dans la forme d'un one shot qui se pose en parallèle aux côtés de nombreux titres dérivés tels que Nains, Mages et Orcs & Gobelins. Avec cette nouvelle bande dessinée, Péru ne fait pas les choses à moitié en venant d'emblée contraster la forme narrative en délaissant les fameuses voix off qui bâtissent et rythment les différents albums depuis le début de la saga. Une perte identitaire que je ne vois pas forcément d'un bon œil, y voyant " possiblement " un refus d'association pour se démarquer des autres scénaristes ayant fait l'effort de faire un front commun pour construire un récit crédible, cohérent et logique, à l'origine de cette vaste franchise. Un bouleversement que l'on retrouve jusqu'aux dessins de Stéphane Bileau, qui viennent totalement contraster avec ce que l'on peut voir habituellement dans la franchise. Une approche venant là aussi d'une association de dessinateurs faisant un effort de ressemblance pour cadrer un maximum à une stabilité visuelle que ne prends pas en compte Bileau. Une construction scénaristique et des dessins pas mauvais du tout (quoiqu' un brin brouillon) dont je regrette simplement un manque de dissolution à la logique de son univers. Seules les couleurs de Luca Merli restent lavées de tout reproche.


Elfe blanc, cœur noir, nous présente les Elfes blancs, décrits comme la branche familiale elfique la plus paisible, harmonique noble et sage. Une race isolée et cachée du monde pour se préserver de toutes corruptions, ayant pour essence de préserver les raretés des Terres d'Arran dans leurs îles afin de les sauver de l'éradication brutale des autres espèces. On suit le parcours de deux elfes blancs avec le jeune Fall et son père, des pisteurs qui depuis un siècle traque sans relâche le Seigneur des airs, un dragon blanc, aussi majestueux et rare, que bestial et insaisissable, afin de le capturer pour le conduire sur leur île introuvable pour qu'il puisse y vivre sans crainte d'être chassé. Une aspiration écologique sous la forme d'une course-poursuite haletante autour de la préservation d'une espèce en voie de disparition qui va se transformer en une quête spirituelle autour du dogme humain pour le jeune Fall. Une vue primaire sur l'humanité qui possède tous les vices, que la plume de Péru parvient à nuancer par le prisme de la vision étroite pleine de préjugés des elfes blancs concernant la race humaine. Une réflexion bouleversée par la relation entre Fall et son fils adoptif, l'humain Alornell, qui veut dire '' inattendu'' en elfique, et qui vient mettre un doigt sur la bêtise humaine que l'on peut également renvoyer à la bêtise elfique, et qui trouvera une résultante dans cette vision dogmatique imbécile à laquelle aucune espèce ne peut finalement se soustraire.


Un périple efficace durant lequel on ne cesse de voyager à travers de nombreux décors sauvages des Terres d'Arran, entre des étendues montagneux, enneigés, ensoleillés, marécageux... Jusqu'aux terres des Orcs avec la ville de Blanche Paix, ou encore la Cité de Belleck que l'on découvre à travers un superbe plan où celle-ci est en feu, pour enfin aboutir sur l'ile des brumes-pluies, et surtout celle qui nous intéresse le plus : le sanctuaire des elfes blancs dont on nous parle tant, avec les éclatantes tours de marbre et de craie, les splendides vergers, les immenses bibliothèques, les animaux fantastiques, et que l'on explorera par le biais de seulement quelques vignettes avares en description, de quoi frustrer le lecteur. L'action bas son plein à travers de bonnes confrontations que les dessins ne parviennent pas toujours à superbement retranscrire. La traque tient en haleine par l'apport intimiste idéologique de Fall, symbolisée par cette quête de sauvegarde lors d'une chasse sur un jeu de pistes à grande échelle par rapport au vaste environnement que l'on explore sur des décennies, pour s'achever sur une terrible et redoutable conclusion. Une finalité dramatiquement puissante, intense et cruelle qui malheureusement se perd dans la forme lors d'un chapitre final qui brasse tellement de choses en si peu de pages que cela offre un résultat fouillis.



CONCLUSION :



Elfes tome 3 : Elfe blanc, cœur noir, d'Olivier Péru et de Stéphane Bileau, est un troisième album qui dénote des autres volumes dans la forme en proposant un dessin et une narration à l'opposer de ce que l'on peut voir habituellement pour cette saga, pour le meilleur comme pour le pire. Une quête idéologiquement puissante, à travers de riches décors, pour des personnages intéressants, sur des vignettes visuellement instables, qui malheureusement se perd lors de son traitement final. Reste une aventure appréciable avec quelques bons rebondissements sur des éléments dramatiques intenses dont on a eu l'occasion de voir en mieux dans d'autres tomes de la franchise.


Une bande dessinée qui promet beaucoup et qui ne tient pas toutes ses promesses.



Il n'y a qu'une seule forme de liberté pour une telle créature : « elle est dans le ciel ou la mort. »


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