Le gogo : c'est toi et moi ?

J'ai toujours détesté Gaston... autant que je vénérais Franquin...

Hergé l'avait toujours du reste (et en toute modestie) trouvé bien meilleur que lui, avec ses plans inspirés du cinéma, le dynamisme de ses dessins...

Seulement voilà, et pour ceux qui ignorent tout de lui, il aura été de ceux qui ont contribué à faire renaître le petit groom comme personnage de BD après guerre, et le journal hebdomadaire éponyme, qui reprenait auparavant des séries américaines publiées dans le quotidien belge "Le moustique"... (Red Ryder)

Franquin était tellement perfectionniste, inventif, créatif (le nom de "Schrtoumpfs", c'est lui qui l'a soufflé à Peyo lors d'un repas pris entre le couple) que rendre ses planches au journal dans les délais était devenu anxiogène au plus haut point...

Être dessinateur de BD à une certaine époque était très artisanal, et à l'opposé des usines à gaz informatisées d'aujourd'hui... Je ne parle pas des mangas...

Bref, un jour, il craqua nerveusement, et le journal dut attendre longtemps une suite à la série des Spirou, que Franquin avait fait progresser de manière considérable..

Sans atteindre son côté business/fric de Tintin, pourtant bien moins bon et prolifique, mais de plus grande renommée internationale et aux mains d'hommes d'affaires...

De plus, Franquin aura toujours souffert d'avoir eu à reprendre le petit groom et son écureuil des doigts des mains de Rob Vel, puis de Jijé (pour cause de guerre mondiale) et de ne pas avoir créé le sien... Par contre, que de faire-valoir ! Déja Jijé avait créé Fantasio...

Puis un jour, on vit apparaître dans l'hebdo des traces de pas encrées salissant les pages du journal (pub type suspense) puis découvrir un peu à la fois un abruti déambulant chez Dupuis. Quand on lui demanda ce qu'il faisait là, Gaston (car c'était lui) répondit : "Sais pas, on m'a dit de passer !"

La série commença à tâtons par des demi-pages de gags dans lesquels Franquin avait inventé en 1957 "l'emmerdeur" bien avant que Francis Veber n'en reprenne le thème comme scénariste du film dont un autre belge, Jacques Brel, tenait le rôle...

Après Franquin, Spirou n'aura jamais plus été Spirou, chaque dessinateur repreneur apportant sa propre touche au personnage... Parfois trop actualisé, parfois pas assez : or les personnages de BD ne vieillissent jamais...

Si je réalise une critique particulière de cet album, c'est pour souligner que Franquin depuis son paradis de la BD, aurait été très flatté qu'un de ses albums qu'il avait signés en France lors d'une tournée de dédicaces et avec un dessin de son personnage, s'était adjugé pour la somme de six-cent cinquante euros dans la vente aux enchères en 2025 de l'émission de télé de France 2 : "Affaire conclue" après une estimation de cinq-cents euros...

La dédicace était co-signée par Tillieux, ami de Franquin, autre pilier de la BD mais qui n'a rejoint la bande belge de Spirou que bien plus tard dans sa carrière, en froid avec Charles Dupuis qui lui avait refusé ses dessins à ses débuts... Tillieux moins connu dans le monde de la BD avait dessiné Francis, Gil Jourdan, Tif et Tondu et bien d'autres séries avant de devenir surtout scénariste pour les autres... Parti ce de monde très tôt à 56 ans des suites d'un bête accident de voiture....

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02.2025