Junji Ito & le post-apocalyptique
Véritable mélange disgracieux de genres horrifiques, "Gyo" est une oeuvre hors-du-commun. J'ai tout lu d'une seule traite, & il faut savoir que je déteste tout ce qui provient de l'océan, au niveau gastronomique. Cette oeuvre m'a mis terriblement mal à l'aise, en cela qu'elle mélange non pas les peurs profondes, mais les dégoûts abjects qu'on peut ressentir au cours d'une vie : la technologie prenant vie & dépassant l'entendement humain ; la putréfaction émanant des cadavres océaniques ; une odeur de gaz nauséabond provenant d'expériences tout droit sorties d'une guerre abjecte (cf les expérimentations japonaises retranscrites dans le terrible film "Philosophy of a knife") ; les humains désespérés face à une invasion d'ordre mondial ; le monde façonné en fonction de ce gaz horrible mêlant des esprits damnés aux souffrances des vivants.
Une fois encore, Junji Ito parvient à susciter chez son lecteur une impression horrifique bien loin de tout ce qu'on a l'habitude de subir. Il est important de souligner le bonus ajouté à ce petit bijou, bonus hors-norme, complètement dégueulasse & pourtant d'une qualité remarquable, qu'est "The Enigma of Amigara Fault". Junji Ito, malgré la condescendance de ses scénarios, parvient encore une fois à provoquer effroi & malaise au travers de son ambiance si particulière. "Gyo" est une oeuvre à lire, aussi absurde puisse-t-elle paraître.