Il est vrai que Corto a eu, ensuite, de nombreuses et bien belles aventures, parfois peut-être plus riches ou plus mystérieuses, mieux dessinées aussi par un Pratt qui acquit peu à peu une maîtrise magnifique de son style allusif si particulier : oui, l'Art de Pratt s'affina par la suite, tendant vers l'épure sublime... mais tout est déjà là, dans la "Ballade de la Mer Salée", oeuvre épique et complexe, qui ne tombe jamais dans aucun manichéisme puisque nul personnage n'est vraiment mauvais (on ne peut qu'être fascinés par le Moine et par l'inénarrable Raspoutine, non ?), mais non plus vraiment bon : il est passionnant de voir que Corto, qui naissait ici, n'est pas encore pourvu de ce "glamour" inoui d'aventurier-gentleman qui en fera l'une des grandes et vraies icones du XXème siécle. Cette premiére apparition de Corto, ligoté sur son radeau et perdu sur le pacifique, me semble avoir la même force "mythologique" que celle d'Indiana Jones au début des "Aventuriers de l'Arche Perdue", ou, mieux encore, celle de John Wayne au début de la "Chevauchée Fantastique" ! Et puis pour moi, ce fut ma "première fois", donc un moment inoubliable dans la vie d'un lecteur passionné de BD, ou plutôt d'un lecteur passionné tout court. [Ecrit en 2002]

Créée

le 31 oct. 2014

Modifiée

le 31 oct. 2014

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Eric BBYoda

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