Cirque ambulant de fantasmes littéraires incarnés

Pour une présentation plus complète de l'univers de La Ligue des gentlemen extraordinaires, je vous renvoie à ma critique du premier opus.

Pour résumer, des personnages de la littérature du XIXème siècle (Allan Quattermain, Capitaine Némo, l'homme invisible, Dr Jeckyll, Wilhelmina Murray) sont réunis par les services secrets de sa majesté britannique en tant qu'équipe de choc pour lutter contre les ennemis de l'Angleterre.

Le premier tome était distrayant, accrocheur, drôlement bien fichu, graphiquement impeccable, globalement hilarant sans oublier le principal, il s'agissait d'un vrai feuilleton graphique d'aventures.

Le second tome, excusez par avance l'expression, part complètement en couilles. Dans le bon sens du terme. L'idée ? Intégrer la guerre des mondes de H.G. Wells dans l'aventure. L'invasion a bien lieu, mais quelques années à l'avance, avec une opposition de choc en face, forcément.

La scène d'ouverture de l'album sur Mars est graphiquement extraordinaire, et si on ne comprend pas tout (Alan Moore exige de ses lecteurs de bien connaitre le background de son "univers unifié" de tous les héros de la littérature incarnés), on en prend plein les yeux.

Ensuite, c'est festival, les tri podes qui débarquent en Angleterre, la panique, la lutte... Etc. Mais l'essentiel n'est pas là. Le must de cet album repose sur les passions et les déchirements au sein même de l'équipe des Gentlemen extraordinaires. Car Gentlemen ils ne le sont guère, les coups bas, les trahisons, la violence, rien ne sera épargné au lecteur qui devra, s'il souhaite préserver ses bonnes moeurs, éviter ce récit extraordinaire...

Une bande dessinée tout simplement grandiose.

Mais vous auriez tort de négliger les plantureuses annexes proposées par Alan Moore, avec notamment ces chroniques tenues par notre acariâtre demoiselle divorcée de son long voyage à travers toute l'Europe et au delà, unifiant en une seule Histoire toutes les fictions, de l'antiquité à Alice aux pays des merveilles, en passant par les mythes de la table ronde. Un régal.