Ce troisième tome m’a semblé marquer un tournant : après les deux premiers volumes très ancrés dans l’imaginaire victorien, Alan Moore étire sa fresque vers une autre époque, avec des enjeux qui dépassent largement l’aventure initiale. On sent que la série gagne en ampleur et en ambition, et que Moore utilise la Ligue comme prétexte pour revisiter l’Histoire et la littérature à une échelle beaucoup plus vaste.
J’ai particulièrement apprécié la manière dont l’atmosphère change : plus sombre, plus crépusculaire aussi. Les personnages que l’on suit depuis le début semblent moins être de simples aventuriers extraordinaires que des témoins, voire des survivants, d’un monde qui se transforme et qui parfois leur échappe. Mina Murray, toujours centrale, m’a semblé encore plus complexe, oscillant entre lucidité et vulnérabilité, ce qui lui donne une force singulière.
Kevin O’Neill, de son côté, accompagne parfaitement ce basculement : ses planches sont plus foisonnantes que jamais, parfois presque écrasantes de détails. On retrouve ce trait anguleux et dérangeant, mais au service d’un récit qui prend une ampleur quasi mythologique. Cela peut parfois donner l’impression de se perdre un peu, mais c’est aussi ce qui rend la lecture si riche et fascinante.
💬 En résumé
Un tome de transition qui élargit le champ de la série et lui donne une profondeur nouvelle, entre aventure, réflexion et réinvention des mythes.
✨ Un volume dense, parfois déroutant, mais toujours captivant.