Paire incontournable
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BD franco-belge de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud (Moebius) (1972)
Rattraper « Prosit » Luckner, un faux prospecteur mais vrai escroc et vrai meurtrier qui a embobiné McClure en lui faisant miroiter une hypothétique mine d’or, après avoir coupé court à une bagarre et s’être libéré d’une foule en colère, tout en se gardant de toute interaction fâcheuse avec Wally Blount et Cole « Crazy » Timbley, deux soi-disant chasseurs de primes porteurs d’un faux mandat, ainsi qu’avec les Apaches : tel est ici le défi que rencontre le lieutenant Blueberry, redevenu shérif pour l’occasion – il est vrai que le tableau de la vie militaire dressé dans Général « Tête Jaune » ne reluisait guère. Arriver à tout faire tenir en quarante-huit planches, sans paraître artificiel, en laissant quelques indices pour la suite et en donnant au lecteur l’impression que le héros passe des heures dans le désert : ça, c’est le défi remporté par la science du scénario de Charlier et le dynamisme du dessin de Giraud.
Les hypothétiques lecteurs du premier paragraphe de cette critique l’auront peut-être compris : l’illusion constitue le thème de La Mine de l’Allemand perdu. J’aurais pu parler de cette scène où McClure et Luckner échangent leurs guenilles pour que celui-ci sorte vivant du bureau du shérif. Il suffira de parler du titre, illusoire lui aussi : la seule mine de l’album est une mine d’argent désaffectée dont les étais fragiles, avec un petit coup de corde de Luckner, causent l’effondrement – à partir de ce moment-là, d’ailleurs, l’Allemand est perdu pour Blueberry. Ça aurait pu être drôle d’ailleurs : qu’on découvre à la fin que c’est elle, la mine du titre : un simulacre, une version wish, diraient des représentants d’une génération qui ne lit plus guère Blueberry, tout comme la pépite exhibée par « Prosit » est fausse, elle aussi !
Et les Apaches, dans tout cela ? Ils jouent les utilités, font partie du décor au même titre que le soleil et le désert. Aucun d’eux n’a la parole, la narration privilégie le baratin de l’escroc. Ils sont exclus, car les Monts de la Superstition – tiens, encore cette histoire d’illusion ! – sont leur territoire sacré. Seule la fascination de l’homme blanc pour l’or y a cours.
Créée
le 29 oct. 2025
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