Le 16 novembre, les amateurs se sont précipités sur deux produits aux destins curieusement similaires. Le joyeux beaujolais nouveau de mon enfance était râpeux, imprévisible et souvent imbuvable. Le Blake et Mortimer était très rare, mais fréquemment génial. C’est fini. Leurs lointaines origines artisanales ont été reformatées par l’industrie et le marketing.
Le Blake et Mortimer cuvée 2018 est conforme au cahier des charges imposé par l’éditeur.
- Une plongée dans les années 50 ;
- Des liens avec le canon original : Basan-Dambu, Nasir et les Espadons ;
- Un scénario alambiqué, un méchant impitoyable auquel un destin facétieux impose Olrik comme partenaire et nos gentlemen comme adversaires ;
- Des dialogues interminables ;
- Une part plus ou moins importante de fantastique.
Que dire de plus ? Par sa complexité et sa plongée dans son passé impérial, l’histoire d’Yves Sente plaira à nos amis chinois. Il est difficile de croire aux affres du commandement impérial anglais devant l’avancée des troupes communistes et sa quête d’une nouvelle arme défensive, alors qu’il possède avec les Espadons une flotte d’armes absolues. Le dessin de Peter Van Dongen et Teun Berserik est sans surprise et inégal. On regrettera l’absence de grandes vignettes, on aurait aimé voir la tempête dispersant le convoi sur une demi page. Mon conseil : n’envisager sa lecture qu’en fin de soirée en terminant le Beaujolais 2018.