Voila un bon petit manga pour lequel j'ai beaucoup d'affection et que j'avais envie d'aborder il y a un petit moment : Last Hero Inuyashiki (raccourci aussi en Inuyashiki). Il s'agit respectivement de la 5ème oeuvre du mangaka Hiroya Oku, connu pour être l'auteur du célèbre (et aussi un peu contreversé) Gantz, qui est tout bonnement un de mes mangas préférés, et dont Inuyashiki est d'ailleurs la 2ème oeuvre la plus connu de Oku après Gantz. Le manga a été prépublié entre 2014 et 2017 dans le magazine Evening et édité en 10 volumes par Kodansha. En France le manga est édité par Ki-oon depuis 2015. Une adaptation en animé en 11 épisodes a vu le jour à la saison automne 2017 produite par Mappa (qui à force est devenu un de mes studio d'animé japonais préférés) et un film live action que je n'ai pas encore vu est sorti le 20 avril 2018. J'aurais pu parler de Gantz avant mais je préférais d'abord parler de Inuyashiki car le manga est bien plus court donc plus facile a traiter.


SPOILER ALERT, vous êtes prévenu.
Et inutile de préciser que tout ce qui suit reste avant tout mon avis personnel ;)


Alors je me suis dit que plutôt que de parler du manga d'un côté et de l'animé de l'autre, je vais faire une critique simultanée des deux. Mais d'abord, parce que j'aime faire ça, petit résumé : Ichiro Inuyashiki est un père de famille de 58 ans qui n'a pas une vie bien heureuse. Faisant beaucoup plus vieux pour son âge, méprisé par sa famille alors qu'il fait son maximum pour eux, ayant vecu sa vie comme un misérable employé de bureau, il a pour seul soutien moral sa chienne Hanako. Pour ne rien arranger, sa santé se dégrade et on lui diagnostique un cancer en phase terminal. Un soir, Inuyashiki part dans un parc avec sa chienne et se laisse aller dans ses émotions tellement le désespoir le ronge quand soudain sans qu'il n'est le temps de réagir, Inuyashiki est tué par un vaisseau extra-terrestre qui s'écrase sur Terre. Pour effacer les traces de leurs passages, les extra-terrestres reconstruisent le corps du vieil homme mais n'ayant sous la main que de l'équipement offensif, pouvant détruire la planète, ils transforment alors le corps du petit vieillard en un cyborg aux immenses pouvoirs. Realisant ses nouvelles capacité, Inuyashiki décide de faire le bien pour garder en lui une part d'humanité. Cependant un adolescent du nom de Hiro Shishigami était lui aussi au moment de l'explosion et a subi le même sort et fera donc tout l'inverse d'Inuyashiki. Devant un sociopathe, Hiro s'amuse alors a assassiner des gens pour son seul amusement, qu'il s'agisse de ses camarades de classe qui l'agacent ou des familles innocentes. Il deviendra bientôt la cible des médias et de la police qui sera tôtalement impuissante face à lui. Nous suivrons donc le parcours de ces 2 personnages tôtalement opposé qui finiront inévitablement par se faire face.


A ses début, ce manga a suscité l'intérêt de beaucoup de personnes, mais au fur et a mesure que l'histoire avance, certains ont commencé alors a lui cracher dessus, si pour certaines raisons je peux comprendre, d'autres en revanche me mettent les nerfs a vif et j'ai envie de revenir sur certains reproches fait au manga (et à l'animé par la même occasion). Par ailleurs, Inuyashiki a connu une forte popularité grâce à l'adaptation animé, ce qui était évident. Pour ma part je vais être direct : j'aime sincèrement Last Hero Inuyashiki.


Déja dès le départ le manga se présentait comme une critique de la société japonaise contemporaine gangrenée par l'obsession de la réussite personnelle, l'égoïsme et le mépris envers les plus faibles, et en effet dans ces 10 tomes tous ces points sont traités. Alors certes c'était également présent dans Gantz mais ici je trouve que c'est traité de manière plus simple et plus manichéenne. C'est pas juste une banale bataille entre le bien et le mal.


Avant d'aller plus loin dans le fond je vais d'abord parler de la forme, à savoir les dessins. Tout comme dans Gantz, Oku comme d'autres auteurs, utilise la photographie pour réaliser ses planches, dans les débuts du manga cela ne se voyait pas, il est vrai que vers la fin de Gantz ça se voyait bien plus. Et donc dans Inuyashiki, nous retrouvons cette même technique. Alors ça a été décrié par certaines personne soit-disant parce que Oku ne retoucherait même pas ses photos... ce à quoi je répond : CONNERIE ! Dans tous les mangas, et je dis tous, les photos sont un minimum retouchés et Oku n'échappe pas à la règle. Alors certes je suis d'accord pour dire que certaines images on gardé un aspect "live-action" mais en même temps j'ai envie de dire : est ce que le résultat est moche pour autant ? ben je ne crois pas, pas pour moi en tout cas, surtout que pour moi ça ne se voit pas tant que ça. Je ne vois pas ce qu'il y a de honteux à utiliser la photographie, car les images sont bien retouchées et le résultat est très propre.
Petit anecdote personnelle : un jour j'étais avec des amis en ville et au passage je m'arrête dans une librairie pour me prendre les tomes d'Inuyashiki. Un de mes amis qui ne connais pas grand chose en manga, hormis les classiques, feuilletait un des tomes que j'avais acheté, il était juste sublimé par les dessins. Comme quoi la modélisation 3D possède des bons côtés.
Bon en ce qui me concerne, c'est peut être moi qui suis trop gourmand, mais j'ai été un peu frustré que le manga soit si court et j'en viens alors au découpage. Qu'on soit claire, le découpage est propre et le charac-design est excellent et je le trouve très réaliste sur nos personnages (c'était déjà le cas pour Gantz), les scènes d'action sont sublimes et j'ai ressenti l'intensité de la confrontation entre Inuyashiki et Hiro par exemple. L'auteur offre aussi des jolies panoramas de Tokyo. Le truc est que le découpage fait en sorte que un tome se termine en moins de 10 min de lecture. Dans les tomes 5 à 8 surtout il y a beaucoup de scène d'action et très souvent il y a plusieurs double-pages, voir 2 cases sur une page. Sans oublier qu'il y a très peu de dialogues, du coup je peux comprendre un peu la frustration quand tu boucles un tome en même pas 10 min.


Mais est ce que c'est grave ? Pas forcément. Il n'est pas forcément nécessaire qu'il y ai 3 tonnes de dialogues pour voir l'évolution des personnages et de comprendre les thèmes qui sont abordés dans l'oeuvre (pour les thèmes j'y reviendrai plus tard). Pour moi le défaut que j'ai sur la forme est que le manga soit court, j'aurais aimé que l'auteur aille plus loin, mais bon je suppose que c'était son choix d'en fait un manga court. Je l'ai dit je suis peut être un peu trop gourmand x) oui je n'ai pas oublié la fin de Gantz, le tout dernier chapitre. Mais j'aime vraiment ce que fait ce mangaka et actuellement je suis en train de suivre sa nouvelle série intitulé Gigant, qui j'espère arrivera chez nous (Edit : c'est le cas, merci Ki-oon).


Donc pour en revenir sur le fond, on suit d'un côté Inuyashiki qui veut faire le bien pour garder un minimum d'humanité en lui et de l'autre on a Hiro qui devient un tueur psychopathe. Deja je connais pas beaucoup de manga qui prennent une personne âgé en personnage principal, rien que ça je validais direct. Bon ça reste quand même simple, Inuyashiki est un personnage très humain, il représente la bonté et est pour moi un des personnages les plus attachants que j'ai vu dans un manga. Cet homme où il ne lui est arrivé que des problèmes, qui avait peut être bien plus de raison d'en vouloir au monde entier par rapport à son ennemi, qui va finalement venir en aide aux autres. Les émotions sont parfaitement retransmises notamment quand les personnes aidés par Inuyashiki montre leur gratitude à chaudes larmes. Les liens qu'il reforme avec sa famille vers la fin du manga sont très puissants émotionnellement pour moi. Certes c'est pas hyper original mais la mise en scène aide vraiment à entrer dedans (aussi bien dans le manga que dans l'anime) grâce à ce réalisme très crue.


Petite parenthèse sur le tome 3 : alors certains ont commencé à râler sur le manga suite au tome 3 qui, je cite, semblait être un "tome filler". Alors oui le tome 3 se focalise sur une affaire de drogue, de yakuza et de kidnapping mais je ne suis absolument pas d'accord pour laisser dire que ce tome est sans intérêt pour l'histoire. Déja parce que dans un 1er temps il se focalise vraiment sur Inuyashiki et son apprentissage à maîtriser ses pouvoirs. Les deux premiers tomes servait a montrer l'écart qui se creuse entre Inuyashiki et Hiro (et je pense que c'est pas pour rien que les couvertures des tomes jonchent entre les profits d'Inuyashiki sur fond blanc (tome 1,3,5,7 et 9) et d'Hiro sur fond noir (2,4,6,8 et 10)) donc pour moi le tome 3 servait a développer Inuyashiki avant de se pencher plus en détail sur Hiro. Bon après l'animé fera en sorte qu'il n'y ait pas cette sensation car le tome 3 est casé sur l'épisode 4.


Ce qui me permet d'aborder la partie qui, vous vous en doutez, a intéressé le plus de monde : Hiro. Alors je vous arrête tout de suite, non je ne ferai pas la blague par rapport au fait que Hiro est un fan de One Piece (c'est un ado qui lit le célèbre magazine Shonen Jump, comme n'importe quel jeune japonais lambda je suppose). Hiro est littéralement un grand malade, et ce personnage va en répugner plus d'un, à raison. C'est un sociopathe dans toute sa splendeur qui ne vit que pour son bien-être et depuis l'incident qui l'a changé en cyborg, il n'a plus aucune humanité en lui. De ce fait il commettra d'immondes atrocités pour rester "humain" selon ses dires. Donc au départ autant le dire tout de suite, Hiro est un personnage immonde qu'on va adorer détester... et pourtant ce personnage est très intéressant dans son développement et sa psychologie, ça ne veut pas dire que j'aime le personnage car les actes cruels qu'il fait au début de la série ne le rend vraiment pas attachant, bien au contraire. Comme Hiro est encore un adolescent, sa psychologie est assez fragile, pouvant passer du gentil au méchant sans crier gare. Hiro le dit lui-même, il s'ennuie, et n'a de l'attachement que pour 2 personnes de son entourage : sa mère et son meilleur ami Ando, victime d'Ijime (ou harcèlement au Japon), qui ne cautionne pas ses actes. Par la suite, il se prendra d'affection pour Shion, une fille de sa classe amoureuse de lui et qui naïvement le croit d'abord innocent mais quand Hiro lui avoue ses crimes, elle aurait pu être la seule personne qui aurait pu réussir à le changer (un peu comme Mr Satan avec Majin Boo quant on y pense). Au contact de Shion, Hiro se radicalisera quand il se rendra compte de l'impact de ses actes et essayera de faire le bien lui aussi. Mais ça sera de très courte durée, la réalité le rattrape, il est devenu l'ennemi public n°1 et Shion et sa grand-mère qui ont recueilli Hiro pendant sa cavale seront des dommages collatéraux et Hiro ne pourra que se reprocher à lui-même la perte de ses proches, c'est un gamin qui, malgré le fait qu'il a des parents divorcés, avait toute la vie devant lui mais son égoïsme le mènera à sa perte et fera du mal à tous ses proches.


Bon vu que l'oeuvre est d'Oku, évidement on retrouve des éléments qui étaient présents dans Gantz, à savoir la violence, parfois très crue. Encore une fois on a des meurtres de masse, des scènes d'actions très bourrines. Hiro ne sera pas le seul a montrer un côté répugnant de l'être humain. On a au début de l'histoire une bande de jeunes crétins qui s'amusent à maltraiter un pauvre cochard innocent qui nageait en plein bonheur car il allait retrouver une situation de vie stable, et sans oublier le yakuza Samejima qui est un personnage vraiment immonde, c'est le genre de personnage qui aime écraser et mépriser ceux qu'il considère plus faible que lui. Et la scène où Inuyashiki écrase tous les yakuza en les rendant infirmes dans leur repaire pour sauver une jeune femme innocente qui a été enlevé juste pour servir d'objet sexuel à l'immonde Samejima, est vraiment puissante surtout par le discours que tient Inuyashiki après sa victoire.


Comme je le disais plus haut, il n'est pas nécessaire pas d'avoir trois tonnes de dialogue pour aborder des thématiques très intéressants et particulièrement prenante si l'imagerie suffit à nous faire comprendre ce qu'il se passe et comment évolue la situation. Que ce soit l'impact des médias et des réseaux sociaux qui pousseront la mère d'Hiro au suicide, les trolls de 2-Chan (reprise du célèbre forum 4chan où les trolls sont très présents et où il vaut mieux ne pas se faire d'ennemis), l'égoïsme, le harcèlement avec Ando qui en est victime au départ, le mépris envers les plus faible comme c'était le cas avec les yakuzas, et plein d'autre points de la société japonaise pointé par Oku, dont une femme employée de bureau, célibataire, peu attirante physiquement et qui se retrouve condamnée par la maladie et qui allait mourir seule comme un misérable dans son coin avant qu'elle ne soit guéri par les pouvoirs d'Hiro.


Mais voila l'auteur semble ne pas avoir voulu faire d'Inuyashiki une longue histoire, ce qui est franchement dommage au vu du contenu riche mais c'est son choix et en tant que fan je le respecte. Du coup la fin a laissé quelques personnes perplexes et la-dessus je peux parfaitement les comprendre. Mais là où certains pensent qu'Oku a improvisé sa fin, pour moi ces personnes se trompent. Oku savait comment il allait finir son manga car bien avant le dernier tome on nous montrait la menace de la météorite. Bon moi aussi je reprocherais cette idée un peu trop facile et sans originalité mais bon quand on connaît la fin de Gantz, sur le coup j'ai pas été très choqué x) mais je me demande vraiment si l'auteur voulait vraiment finir comme ça ?


A part ça, en y réfléchissant, on pouvait se douter que le destin des deux protagonistes allait être tragique, surtout pour Hiro. Oui pour le coup je pinaille mais c'était un petit peu prévisible. Mais je salue quand même le design des personnages pour nous faire ressentir leur émotions, là-dessus j'ai rien a redire. Et honnêtement j'espérai qu'Inuyashiki allait sans sortir, surtout après les scènes très émouvantes où il se ressoude avec sa famille qui était prête à accepter sa situation de machine. La scène où l'épouse d'Inuyashiki lui fait rappeler ses souvenirs de jeunesse pour montrer que, machine ou non, Inuyashiki reste toujours le même est vraiment poignante. C'est simple certes, mais terriblement efficace pour moi.


Je pense avoir fait le tour de ce que je pense du manga mais quand est-il de l'animé produit par Mappa ? Globalement j'ai pas grand chose à redire, c'est une très bonne adaptation pour moi. J'ai trouvé l'idée plutôt maline pour les titres des épisodes qui se focalise sur un personnage en particulier puis à un évènement. Cependant je trouve qu'il aurait été mieux d'ajouter un épisode supplémentaire même en sachant que les 10 tomes du manga se lisent très vite, j'ai eu quand même la sensation de rush et ce, dès l'épisode 1. Par la suite le rythme reste très bon pour la plus grosse partie de l'animé mais l'épisode 11 qui adapte le dernier tome va très vite, et l'impact niveau émotion n'est pas tout à fait la même pour moi et on a du coup une sensation de bâclage bien que ça reste parfaitement fidèle au manga. À part ça graphiquement c'est très propre, on a une 3D CGI bien maîtrisé, musicalement c'est très cool et les scènes d'actions sont pour moi très belles à voir. L'ending est magnifique et l'opening....EST FOUTREMENT GENIAL ! Un grand bravo à Man With a Mission, cet op fait facilement parti de mes préférés. En ce qui concerne les seiyus j'ai rien a redire, en revanche celui d'Inuyashiki divise. Inuyashiki est interprété par l'acteur japonais Fumiya Kohinata, qu'on pourrait considérer comme un star-talent. En effet le rôle d'Inuyashiki est le seul et unique rôle de l'acteur dans un doublage d'animé, l'acteur jouant principalement au cinéma et dans des dramas. Par rapport à la voix en elle-même j'ai trouvé que c'était une bonne idée de prendre une voix qui sonne pas hyper vieux, sachant qu'Inuyashiki a pour rappel 58 ans. Après oui je ne nie pas que il y a des moments où l'acteur est en sous-jeu, mais dans l'ensemble je trouve qu'il s'en sort bien. Quel dommage que Gantz n'ait pas eu une adaptation animée à la hauteur...


Last Hero Inuyashiki, c'est du gros délire à la Hiroya Oku j'ai envie de dire, pour moi ça montre qu'un manga court n'ayant pas énormément de dialogues peut s'avérer être riche en thèmes. Je me demande cependant si Oku ne s'est pas inspiré d'oeuvre de la pop-culture pour réaliser certaines scènes du manga. Par exemple je pense à la scène où Hiro attaque un commisariat par vengeance, bizarrement cette scène m'a fait beaucoup pensé à Terminator (le 1er). Bref mon seul gros regret, et c'est pour moi l'épine dans le pied de ce manga, c'est que l'auteur a pris sa décision de pas vouloir exploiter plus loin son histoire. Actuellement l'auteur travaille sur son nouveau manga intitulé Gigant, le twist de l'histoire est encore plus perché mais l'auteur semble cette fois se focaliser sur les réseaux sociaux plus en détail. A voir donc.

raimon22
8
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le 7 août 2018

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raimon22

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