Un album à destination hautement... commerciale. Je ne vois pas d'autre explication possible à sa raison d'être. « Le Bâton de Plutarque » fait partie de ces albums de bande dessinée qui sucent jusqu'à la moelle d'autres albums d'envergure. Qui n'hésitent pas à reprendre des personnages qui n'ont vocation qu'à apparaître une seule fois et disparaître dans l'ombre pour faire place à de nouvelles aventures (et ouvrir le champ à l'imagination féconde de tout artiste digne de ce nom, pour le plus grand bonheur des spectateurs/lecteurs). Ici, rien de nouveau. L'histoire prend place juste avant « Le Secret de l'Espadon », peut-être la plus grande réussite de feu Edgar P. Jacobs (qui doit se retourner dans sa tombe), et assurément l'une des plus grandes aventures du neuvième art. Et paresseusement, l'intrigue sommaire (digne d'un collégien de classe de troisième), déroule maladroitement ses entrelacs pour ouvrir sur le grand récit bien connu de tous les aficionados de « B & M ». Le problème est que tout est bancal. On repère la taupe de l'histoire à des kilomètres à la ronde. Les péripéties semblent cousues de fil blanc, tout est mécanique et semble creux, factice, juste bon à servir de prétexte. Le scénario est soporifique, et seule l'arrivée d'un personnage clé de l'univers jacobsien vient pimenter le tout. Mais lui aussi fait de la figuration, il a bien plus d'allure et d'épaisseur dans la suite des aventures de Blake et Mortimer, surtout sous le crayon de Jacobs en personne. Je l'ai déjà évoqué, le problème des aventures de B & M postérieures au maître est qu'elles doivent remplir un cahier des charges bêtement établi. On ne rend pas hommage à l’œuvre d'un artiste en la copiant fidèlement (et c'est vrai pour tout art et toute époque), mais en créant quelque chose de tout à fait neuf tout en s'en inspirant avec parcimonie. Et de fait, les meilleurs albums post-Jacobs (à savoir « L'Affaire Francis Blake » et « La Machination Voronov ») sont excellents parce qu'ils osent tout. Tout reprendre à zéro, tout remettre en question, changer totalement de cadre et proposer autre chose. Le pire cauchemar de tout artiste ou créateur est (ou devrait être) de s'enfermer dans des tics et une expression auto-référentielle des plus nombrilistes, pauvre et stérile au possible. Dans une parodie sans âme qui ne fait rire personne. Malheureusement, il semble que les continuateurs de B&M s'enfoncent de plus en plus dans cette direction...

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le 25 déc. 2014

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Arthur Debussy

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