Un bon portillon vaut mieux que deux escadrons.

Fred se veut plus politique dans cet album; comment ne pas prendre ces deux nations dépeintes (celle de la baleine galère et celle du chateau suspendu) comme une critique de la société (les messages 'ramez' semble pointer du doigt la société de consommation, et sa déviance publicitaire à l'instar d'un "they live" par Carpenter; le peuple prisonnier dans leur chateau uniquement parcequ'il le veut bien... en effet rien ne les empêche de juste partir avec les pélicans baleiniers... un peu comme un peuple un peu endormi, qui exécute sans remettre en question)?

Graphiquement, on retrouve un découpage plus abouti que dans les albums précédents et un trait correspondant bien à son sujet ; en effet, quand Fred dessine, il y a quelque chose de la gravure, et la gravure, c'était un des médiums les plus répandus en tant de révolution. Peut être n'est-ce qu'un hasard. Un heureux hasard alors! L'auteur trouve toujours l'occasion d'expérimenter les couleurs l'espace d'une page/case; cette fois ci il semble avoir jeté son dévolu sur du marqueur, chose rare pour une BD destinée à un public mainstream.

Fred fait toujours autant rire avec son imagination débordante; l'on constatera tout de même qu'il se tempère un minimum afin de construire plus solidement la narration (le phare hibou et les ciseaux grandioses sont les seules deux autres véritables incursions du surréalisme). Maintenant nous avons un fil rouge assez clair: Félicien veut retourner sur le A, mais ça rate. Ainsi, les retours à la normal ne sonnent plus comme d'heureux dei ex machina mais au contraire comme un malheureux échec de la mission.

Bref, l'auteur n'a pas fini d'épater son lecteur, et trouve le moyen de toujours s'améliorer tout en s'amusant comme un petit fou. A (re)découvrir!