Au matin, l'armée se mettait enfin en marche. En tête venaient les plus grands seigneurs du royaume. Cinq cents chevaliers, menés par l'ombrageux Comte Thespides. Puis suivait la cavalerie légère , cinq mille archers montés, aux ordres de l'intraitable Agha Shupras. Arpenteurs infatigables du désert, ses hommes seraient d'une aide inestimable contre les redoutables Shémites. Nobles désargentés, puînés, les lanciers de Khoraja avançaient derrière, à pied mais fiers, dans un royaume où seule la cavalerie était considérée comme arme honorable. Puis, enfin, les mercenaires fermaient la marche. Mille cavaliers et deux mille lanciers, des tueurs professionnels, issus de toutes les races.... Renégats corinthiens, Aquiloniens, hommes du Gunderland, Zingaréens à la peau basanée... Tous étaient prêts à se battre, pour la survie du Royaume de Khoraja, pour la princesse Yasmela... Et pour l'or.



« Le personnage de Conan le Cimmérien a été créé en 1932 par l'écrivain Robert E. Howard (1906-1936). Ses aventures se déploient en vingt et une histoires - vingt nouvelles et un roman - toutes indépendantes les unes des autres. La présente collection Conan le Cimmérien propose aux meilleurs talents de la bande dessinée francophone de faire leur adaptation de ces textes fondateurs, selon le principe un ouvrage = une aventure complète = une vision = un auteur (ou une équipe d'auteurs). »


Deuxième mise à jour pour Glénat autour de l'univers de Conan sur une création franco-belge et non américaine, proposée cette fois-ci par le scénariste Vinvent Brugeas et le dessinateur Ronan Toulhoat qui proposent l'adaptation de la septième nouvelle de la saga mythologique de Robert E. Howard. Une relecture physique de bonnes factures, entachée par un récit terriblement condensé qui brasse tellement de choses et en si peu de pages que cela réduit à néant les différentes petites tentatives de surprises narratives. En découle un rythme long et ennuyant dans l'attente d'une bataille finale qui tarde à venir. Pourtant cela commençait si bien ! Le récit s'ouvre sur une double page mystérieuse et intrigante dans laquelle l'on suit Shevatas, roi des voleurs, à travers les ruines de l'antique cité de Kuthchemes qui contient enfouie dans le plus invulnérable des tombeaux une entité maléfique qu'il va involontairement délivrer. Une ouverture qui a le mérite de piquer la curiosité du lecteur. On reprend le fil du récit sur le périple de Conan qui est devenu un mercenaire à la solde du royaume de Khoraja. Après une rencontre provoquée par la princesse et régente Yesmala, sous le conseil des Dieux, celle-ci fait du Cimmérien le général de ses armées afin d'affronter la terrible légion du sorcier Nathok.


La promesse d'un récit passionnant qui malheureusement va s'enfoncer dans un embranchement politique peu pertinent dont on retiendra tout de même, l'appréhension d'un Conan en pleine maturation, qui découvre le poids des responsabilités en étant à la tête des milliers de guerriers. Quelques petites bonnes idées deci delà tellement éparpillées qu'on en perd le développement dramatique du récit ainsi que des personnages. Des protagonistes dont on retiendra seulement Conan et partiellement Yesmala, avec un sorcier Nathok gaché par le peu de place accordé à son développement. Une septième nouvelle qui trouve dans cette adaptation un format bande dessinée pas du tout adapté pour contenir en un seul tome une si vaste et complexe histoire. Un mémorial d'héroic fantasy au contenu survolé et réduit, heureusement alimenté par l'appât d'une potentielle guerre fantastique à venir offrant suffisamment d'espérances au lecteur pour maintenir la progression de sa lecture. Survient le moment fatidique tant convoité, avec une bataille gigantesque dans une forme épique venant récompenser l'attente d'un lecteur totalement absorbé par le gigantisme et la démesure de cette confrontation grandiose.


Un affrontement que les superbes dessins de Toulhoat iconisent à merveille par un graphisme surprenant aux allures de grandes fresques toilées. Une belle peinture qui malheureusement pèche par le manque de fluidités et de vignettes dans l'illustration des mouvements durant les échanges physiques. Se produit le drame ! La bataille à peine bien engagée que déjà celle-ci se clôture à travers une représentation de seulement 13 malheureuses pages ! Le duel final entre Conan et le sorcier Nathok ne dure que deux pages ! La conclusion narrative du récit est représentée par une seule page ! Alors que les trois premiers quarts du récit s'enfonçaient dans des petits rebondissements politiques rendant la lecture difficile et lancinante, voilà que tout vient s'enflammer durant un final important auquel on ne consacre que peu de place ce qui fait que tout à coup, tout va beaucoup trop vite ! Allez chercher à comprendre ! Un terrible gâchis !



CONCLUSION : ##



Conan le Cimmérien : Le colosse noir du duo Vinvent Brugeas et Ronan Toulhoat qui pour l'occasion adaptent en bande dessinée la septième nouvelle de l'oeuvre mythique de Robert E. Howard, présente une aventure au souffle épique dont on ressort terriblement mitigée et déçue. Une grande fresque pourvut d'un récit bien trop riche pour trop peu de places favorisant une construction narrative instable et friable autour d'une technicité pourtant remarquable durant une impressionnante bataille finale à grande échelle, malheureusement sacrifiée par une mauvaise priorisation du scénariste qui a préféré s'étendre sur des éléments mineurs.


Suffisamment bon pour avoir des regrets !




  • Aucun homme sur cette terre n'a su me faire trembler. Et je n'ai aucune prise sur les desseins des dieux, alors pourquoi m'en soucier ? Cependant...

  • Oui ?

  • Depuis que je mène cette armée... une douleur me transperce l'estomac. Je ne mange presque plus et je dors encore moins...

  • Tu sens comme un poids immense sur tes épaules...

  • Oui.

  • Le poids des responsabilités... Bienvenue dans mon monde.

  • Un monde de diplomates... et de démons.


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le 22 mars 2022

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