Le chemin le plus fou

Waw, c'est assez écœurant de lire ce genre d'ignominie en fait ! Comment peut-on pondre une histoire pareille ? C'est clairement destiné à des gosses vu le ton mais c'est vraiment se foutre de leur gueule, leur faire croire au père noël. Ben oui, dans la vie on a constamment des choix à faire, on en fait le plus souvent sans s'en rendre compte. Et c'est bien de proposer de prendre conscience de ces choix. Mais de là à dire que cela peut mener au bonheur à la simple condition qu'on le veut bien... si c'était le petit bonheur, ok... mais là on parle d'un type qui n'a plus de main qui devient un peintre renommé internationalement, d'une écrivain qui vend bien ses bouquins, d'un patron d'entreprise qui a viré une bonne partie de ses effectifs et rompu des contrats avec plein de société et qui fait du bon rendement. Mais et les autres ? Tous ceux qui n'ont pas de chance ? Tous ceux qui, malgré leur talent, n'ont pas la possibilité de réussir ? Tous ceux qui ont d'autres responsabilités et n'ont donc pas le temps de penser pour eux-mêmes ? Tous ceux qui ont une vie normale, tout simplement, et qui n'ont pas plein de fric... parce que monter les échelons de la société on a tous tendance à y inspirer, volontairement ou non, mais ça ne veut pas dire qu'on va tous finir à la tête d'une entreprise... C'est un peu sale de vendre ça à des gosses. En plus les personnages ne subissent aucun conflits de tout le récit, ce qui laisse présager que c'est très simple d'y arriver : ils sourient tous en permanence et semblent avoir le fric nécessaire pour parcourir le monde quand ils veulent... mais oui, bien sûr, on a tous la même chance d'y arriver... et que dire des détails ? Comment fait-on pour choisir le chemin le plus fou ? Rien n'est expliqué ? Et le moment où l'héroïne décide de sa reconversion ? C'est là que le récit aurait dû commencer... mais non, on ellipse ce passage et on la montre directement en pleine réussite. La vie n'est pas si simple, non. C'est bien dommage de vendre de telles âneries...

Et en plus le bouquin n'est même pas bon. Parce que si ce n'était qu'une histoire d'idéologie, ben tant pis, chacun son avis, je n'aurais pas retiré des points pour ça... mais ici, le récit est mal ficelé. Comme dit précédemment, pas vraiment de conflits à l'horizon : tout réussit à l'héroïne. D'ailleurs elle est en perpétuelle extase. Comme tous les autres personnages. Même dans Amélie Poulain y a pas autant de gens heureux (proportionnellement parlant). Les dialogues sont beaucoup trop explicatifs et le ton est tel qu'on a l'impression d'avoir 5 ans. Le pire c'est que les explications ne sont même pas pleinement satisfaisantes, on reste avec plein d'interrogations qui ne trouveront jamais de réponse. Les personnages n'ont aucune caractérisation, zéro épaisseur. On s'emmerde avec eux. Et les situations sont pauvres, répétitives. La structure est d'ailleurs très vite redondante : le personnage qui ne veut pas tout raconter tout de suite, qui va d'abord digresser un peu avant de revenir au sujet principal...

Le graphisme n'est pas très intéressant. Ce n'est pas moche, ce n'est pas vilain. Mais ça manque d'idées, d'inspiration. Des petites maladresses aussi : le mec de l'héroïne (qui en plus se fait virer juste parce qu'il n'a pas d'ambition... je n'ai vraiment pas compris, on dirait que l'auteur essaie de dire que le monde capitaliste est mal mais en même temps tout aboutit à la conclusion qu'il faut avoir de l'ambition pour avoir du fric et du fric pour être heureux), on ne le reconnaît pas lorsqu'il apparaît pour la deuxième (et dernière) fois, car on ne l'avait pas bien vu la première fois. Le dessin manque de contraste. Les couleurs sont assez bof, je n'aime pas ce travail numérique qui veut faire chaud ; ça me fait penser à du Pixar, je trouve que ça manque de vie. Mais bon, ça rend au moins les planches lisibles, car sans les couleurs, il serait bien difficile de distinguer les avants plans des arrière-plans...

Bref, vraiment pas terrible cette BD. Je m'y suis intéressé parce que j'ai vu que c'était du Bamboo, j'me suis dit : 'tiens, Bamboo essaie de nouvelles choses?' ; BERK !