C’est maintenant, avec un peu d’émotion, que je lis et découvre à chaque fois une nouvelle œuvre de Matsumoto. Et si je suis content de ne pas avoir tout lu d’un coup, c'est parce qu’à chaque fois, c’est quelque chose qui me marque. Découvrir son œuvre petit à petit a ce quelque chose de délicieux et quasi intime.


Mais il faut le dire, c’est aussi avec un peu d’appréhension. Parce qu’au début, ce n’est pas toujours facile d’accrocher avec les œuvres de Matsumoto, et j’ai alors peur d’être un peu déçu en commençant la lecture.


Mais quel délicieux sentiment de voir la magie opérer, petit à petit, et de retrouver tout ce qui fait qu’on peut aimer les histoires du mangaka. C’est exactement ce qui se passe avec Le Rêve de mon père. Au début, on peut être un peu surpris, voire un peu détaché, par les dessins. On peut aussi trouver les personnages un peu particuliers. D’un côté, on a le père, complètement dans son monde, unique, à la limite d’une candeur qui frôle presque l’idiotie. Et de l’autre, son fils, hautain, obtus, condescendant. Le mélange des deux crée, au début, quelque chose qui peut être dérangeant.


Et puis, après, il y a toute la magie qui opère. C’est incroyable comme Matsumoto arrive à tisser une histoire unique à travers ses personnages, ce qu’il raconte et, ici à travers le sport qu’est le baseball. Il crée une vraie force dans la relation entre les personnages et dans leur construction. Hanao, le père, est touchant au possible, même si parfois insupportable par son exubérance. Shigéo, le fils, garde son côté détestable, mais la relation qu’il a avec son papa est vraiment particulière et cela rend le tout attendrissant.


Matsumoto nous livre une histoire d’individus et de relations, mais aussi une histoire qui met en avant cette culture japonaise des années 90. Du point de vue d’un enfant et de celui d’un ancien. Les villes, les campagnes aussi. Et l’importance du baseball dans cette culture japonaise, qui, pour nous Européens, paraît toujours assez surprenante. Parce qu’on connaît surtout le côté américain de ce jeu, alors qu’au Japon, ce sport a une résonance incroyable. Matsumoto l'utilise ici pour faciliter, à l’époque, le travail d’édition. À ce moment-là, les mangas sportifs étaient plus porteurs qu’un simple récit sur la relation d’un père et de son fils, et c’était encore un jeune auteur. Alors, si le baseball occupe une place importante dans le manga, le cœur de l’histoire reste pourtant cette relation, ce lien entre un papa et son fiston.


La fin de l’histoire est superbement tournée, avec ce côté nostalgique que Matsumoto sait si bien insuffler à ses cases. Et en fin de compte, les dessins, pourtant simplistes, s’effacent derrière la force émotionnelle de l’histoire. Alors même si ce n’est pas l’œuvre que je placerais au-dessus de mes préférences côté Matsumoto - ça n’atteint pas la force des Sunny ou des Amer Béton - ça reste une œuvre à se procurer, parce qu’elle est vraiment singulière. Elle est très plaisante à lire et elle confirme tout ce que j’aime déjà chez cet auteur.


Prochaine lecture du Matsu : Gogo Monster


Ben-Hardo
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il y a 6 jours

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