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Après la référence à un réel trafic de fausse monnaie durant l'époque nazie dans L'Île noire, Hergé continue dans la voie de l'actualité de l'époque dans Le Sceptre d'Ottokar mais de façon bien plus poussée.

Commençons par l'amorce.

Tintin trouve par hasard une mallette appartenant au Professeur Halambique s'apprêtant à partir en Syldavie et décide la lui rendre. Mais alors qu'il quitte la demeure du Professeur, il se rend compte que la Syldavie va se trouver dans une très grave situation et décide de s'en mêler malgré plusieurs avertissements tentant de l'en dissuader.

Après avoir inventé un état d'Amérique du Sud avec le San Théodoros, Hergé imagine cette fois-ci un pays entier avec son Histoire, sa culture et ses traditions. Pays qui fut réutilisé par la suite dans les aventures de notre reporter préféré.

Et c'est sans parler du pays antagoniste à savoir la Bordurie qui a également sa propre identité.

Pour représenter des pays entièrement inventés, Hergé s'inspire des architectures et paysages d'Europe centrale magnifiquement retranscrits visuellement au point que l'on aimerait que la Syldavie existe réellement.

Ce qui n'est, par contre, pas le cas de la Bordurie. Voici pourquoi.

Alors que dans les albums précédents, Tintin sauvait des vies et/ou empêchaient les plans de quelques antagonistes ou d'un seul méchant, dans Le Sceptre d'Ottokar, il s'agit de sauver un pays d'entier, à savoir la Syldavie, d'un coup d'état de la Bordurie tentant de renverser le Roi Muskar XII avec des groupes entiers de comploteurs que ce soit des militaires Bordures dont le meneur est Müsstler, nom étant un mélange des mots Mussolini et Hitler.

Vous l'avez compris, derrière ses noms de pays fictifs, la Syldavie représente la Belgique (étant encore aujourd'hui une monarchie constitutionnelle et dont la devise du pays est 'Le Roi, la Loi, la Liberté') et la Bordurie n'est autre qu'un symbole de l'Allemagne nazie.

Chose renforcée par le choix de ne pas montrer directement Müsstler, seulement rapidement évoqué, mais surtout de représenter des groupes de personnes sans nom afin de renforcer l'idée de masses sans humanité prêtes à tout pour faire des choses monstrueuses.

Les seuls vrais méchants sont le jumeau maléfique du Professeur Halambique, malheureusement, un peu fade et le traître colonel Boris Jorgen, symbole du collabo trahissant son pays au profit de l'ennemi. Méchant que l'on revit par la suite dans les aventures de Tintin.

Parlons maintenant des personnages. Tintin est l'habituel reporter gentil, altruiste, courageux et casse-cou et Milou est l'habituel chien très intelligent mais parfois trop espiègle.

Quant au Roi Muskar XII, c'est un souverain à la personnalité proche des Roi de contes: généreux envers ceux qui l'entourent et soucieux du sort de son peuple au point de vouloir se sacrifier pour éviter les conflits sanglants. Autant ne pas le nier, il est assez fade mais incarne bien ce qu'il est censé représenter dans le récit: un dirigeant consciencieux.

Et maintenant, parlons d'un futur personnage récurrent faisant dans cet album sa première apparition à savoir nulle autre que la Castafiore, diva envahissante que notre héros (mais surtout son futur ami de toujours apparaissant dans le tome suivant) dut supporter bon gré, mal gré dans la suite de ses aventures. Le Sceptre d'Ottokar la montre déjà au top de sa forme avec sa voix insupportable hilarante.

Puisqu'on parle d'humour, ce tome est, probablement l'un de ceux où il y en a le moins. En effet, à part la Castafiore ne chantant pas juste et les Dupondt toujours aussi stupidement drôles, Le Sceptre d'Ottokar se centre surtout sur le complot à déjouer dans des scènes de discussions sur les stratégies à aborder que ce soit du côté des gentils ou de celui des méchants ainsi que sur des scènes d'action pleines de suspense où les deux camps se font face.

Avec toutes ces symboliques et ses qualités, Le Sceptre d'Ottokar semble être un incontournable. Pourtant, hélas, ça n'est pas le cas car certains défauts l'empêchant d'être totalement au top.

Pour commencer, contrairement à la Syldavie étant explorée dans le moindre détail jusqu'à avoir une capitale appelée Klow, la Bordurie, elle, est limitée à des petits espaces et quelques lieux par-ci, par-là. Les seules choses qu'on retient vraiment de l'antagoniste de la Syldavie est un aéroport d'hydravions et son drapeau ressemblant fortement à un symbole fasciste.

Dommage car le pays avait le potentiel d'être plus exploité dans son identité de "méchant à grande échelle".

De plus, certaines scènes ne sont pas très utiles au récit n'étant rien d'autre que du remplissage pour que l'album ait le minimum de pages requises afin d'avoir une durée acceptable.

Sans oublier une fin décevante bâclant le sort des méchants hors-champ et étant inutilement lente au point qu'on se lasse durant la lecture des dernières pages.

Bref, un album avec quelques défauts par-ci, par-là mais étant très intéressant à lire que ce soit pour le fait que Tintin doit faire face à un adversaire bien plus dangereux que les précédents où il ne peut faire confiance à personne les comploteurs étant partout, et pour son contenu plus adulte qu'il n'y paraît.

C'est sur Le Sceptre d'Ottokar que s'acheva, pendant un temps, la recherche d'une certaine authenticité par rapport au monde réel. De plus, comme l'a si bien dit le narrateur du documentaire Hergé, une étoile si mystérieuse

Le Sceptre d'Ottokar, c'est un peu un conte de fée puisque ça finit bien

De plus, les futurs choix d'Hergé sur le fait de centrer les périples du reporter qui suivirent sur des aventures plus classiques "pour le fun" sans véritable propos réfléchi dans son contenu et refusant de faire d'autres références à l'actualité de son pays a de quoi laisser perplexe. Plus particulièrement deux albums plus tard avec L'Etoile Mystérieuse où les traits de certains nouveaux personnages sont d'un goût douteux.

Mais ça, ça sera pour une autre fois

Pour ceux que ça intéresse, voici une critique de The Reg sur l'épisode de la série d'animation 'Les aventures de Tintin' de 1991 adaptant cet album https://www.youtube.com/watch?v=wxXZ9Kk_xcc

_________________________MINI-CRITIQUE BONUS________________________________

Ayant récemment découvert une aventure de Tintin, hélas, non-répertoriée sur SC , j'ai, toutefois, voulu faire en sorte d'en faire tout de même une critique et la partager sur le site.

De plus, durant l'histoire, il est suggéré que cette aventure se passe après 'Le Sceptre d'Ottokar'. C'est pourquoi, étant donné que je ne peux pas écrire un avis sur SC au sujet de cette oeuvre, j'ai préféré le faire sur un autre site et inclure cette critique dans cet avis consacré à 'Le Sceptre d'Ottokar' pour être raccord avec la "Chronologie Tintin"

Sur ce, si ça vous intéresse, bonne lecture!

https://www.bedetheque.com/BD-Tintin-Pastiches-parodies-pirates-2021-Tintin-aux-Indes-ou-Le-Mystere-du-Diamant-Bleu-438020.html

BlackBoomerang
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le 10 sept. 2023

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