Le dessinateur qui s’est fait une spécialité de parcourir le monde carnet de dessin en main, Joël Alessandra s’est associé à l’écrivain marocain Lotfi Akalay pour mettre en image quelques-uns des voyages Ibn Battûta et faire découvrir le monde musulman au XIVe siècle. Disparu récemment, Lotfi Akalay était l’auteur d’une relecture des chroniques du voyageur Ibn Battouta, prince des voyageurs et a contribué à sa redécouverte en occident. Infatigable voyageur doublé d’un talent de conteur qui fera date, l’un des premiers « touristes du monde », Ibn Battûta traversera le monde connu : de l’Afrique à l’Asie, en passant par le sud de l’Europe et le Moyen-Orient pendant plus de 28 ans, réalisant l’un des plus grands périples pour un voyageur qui le range aux côtés des mythiques Marco Polo ou Jean de Mandeville.


Parti pour un pèlerinage à la Mecque, cet explorateur du 14e siècle proposera un récit de ses voyages mêlant observations géographiques ou sociologiques, anecdotes, contes et description de ses aventures dans la tradition du rihla, un sous-genre du récit de voyage dans la littérature arabe. Des textes soumis à controverse, comme tous ceux des voyageurs cités plus haut, qui questionnent la frontière du réel & de la fiction, du témoignage & de la retranscription. Une série de questions pas si éloignées des problématiques des artistes qui retranscrivent cette histoire.


Comment mettre en scène la vie d’un autre sans une part de réinvention nécessaire est un défi connu des auteurs et Joël Alessandra & Lotfi Akalay s’y attaquent avec de nouvelles idées. Le dessinateur joue sur des styles de dessins différents quand le récit s’installe dans le récit, quand Ibn Battûta évoque des épisodes particuliers de ses observations. Une alternance renforcée par des inserts de croquis d’observation au milieu des planches, un dispositif qui n’est pas nouveau mais qui résonne particulièrement dans cette histoire au coeur d’un monde où l’image apparaît suspecte voir sacrilège. Un vrai/faux carnet de voyage qui fascine dans sa mise en scène réussie, autant que pour les plantureuses aquarelles et les dessins d’observation qui respirent le vécu. Un beau livre à venir relire entre vos albums des Carnets d’Orient de Jacques Ferrandez et vos recueils des Mille et Une Nuits d’Antoine Galland.


TOUTES MES CHRONIQUES SUR BUBBLE

ThomasXcomics
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le 21 août 2020

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Thomas Mourier

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