Vais-je brûler en enfer ?

 Love Hina c'est un peu le badge légitimité de tout lecteur de mangas. Déjà parce que c'est un incontournable (comprendre : tu connais au moins de nom) et parce qu'il te faut un sacré bagage culturel avant de t'attaquer au machin. L'oeuvre soulève surtout le problème de l'assimilation du Manga en France et de son côté très communautaire. Rien que ça.
 Mise en situation. Lorsque je suis en soirée dans les clubs parisiens, j'ai pour habitude de me faire aborder par des dizaines de magnifique créatures qui, l'appétit aiguisé, me questionnent sur mes hobbies en mordillant leurs pailles de Mojito à 15 balles. Dans un soucis de pure politesse désintéressée, je réponds franchement qu' il m'arrive de lire des mangas. Réponse qui soulève toujours une émotion vive, faisant naître un véritable attrait dans l’œil de l'interlocuteur, voire un début d'admiration. Ce à quoi les go répondent généralement "Moi aussi quand j'étais petite je lisais Love Hina..." J'acquiesce alors en ajoutant que c'est "vraiment génial", histoire de pouvoir les niq........les séduire ! -FIN-

Bien entendu cette histoire est complètement fausse (tu t'imagines vraiment pouvoir pécho en parlant de mangas?!) mais soulève un point important. A 2-3 reprises, une zouz random m'a effectivement parlé de Love Hina. Il est donc assez connu pour avoir été lu il y a 15 ans mais n'aurait convaincu que les jeunes demoiselles?! Ça m'interpelle ça !
Il est temps pour mon côté féminin et moi-même de piocher dans notre réserve de Têtes Brulées à la recherche de notre jeunesse perdue, en mode pyjama party, Love Hina à la main.
Synopsis : On suit un mec d'une vingtaine d'années qui peine à rentrer dans une grande université japonaise. Pour étudier trankilou il va squatter chez sa grand-mère, qui tient une pension pour jeunes filles où il rencontre une meuf qui tente le même concours que lui. Il va alors devoir gérer la pension tout en travaillant d’arrache-pied pour obtenir son concours.
Putain mais j'étais pas du tout préparé à ça moi! Pourquoi ils l'ont foutu dans le rayon jeunesse?! En gros, le manga traite de 2 grands thèmes : le travail et les relations hommes/femmes mais dans les 2 cas, avec un angle très japonais. Le manga fait donc l'apologie du travail, le saint Graal étant d'obtenir le meilleur résultat possible sous peine de devenir un gros looser. Vient ensuite le regard japonais sur les relations hommes/femmes et là...ALERTE PEDOPHILE! Beaucoup de quiproquos où le héros se retrouve, malgré lui, à : mater des teenagers à poil, toucher leurs boobs, collectionner leurs petites culottes, tripoter leurs entrecuisses dans le bus (j'ai envie de vomir), se frotter la lampe magique jusqu'à l'apparition du génie (je viens de vomir), etc...Franchement la scène du bus est particulièrement dérangeante...et que dire de ses fantasmes sur la gosse de 12 ans...oui oui.....12 ans !Pour ne pas dégobiller à la vue de tout ça, il faut être rodé à l'exercice, et se rappeler de la relation très particulière qu'entretiennent les japonais avec leur sexualité en admettant que, par moment, certaines choses nous échappent. Et t'en es capable, soit par ingurgitation massive de mangas (c'est mon cas), soit par une ouverture d'esprit hors du commun...ou bien si tu mates régulièrement TRACKS. Mais, en toute franchise, si t'es pas préparé, ça doit vraiment faire tout drôle! Il faut donc avoir du 2nd degré et une bonne connaissance de la culture nippone pour lire ce genre de boukin. Sachant cela, pourquoi donc placer ce genre d'ouvrage dans nos rayons jeunesse ? On voit bien que les distributeurs des années 90 se sont contentés de regarder la pochette du bouquin en se disant que c'était une BD mignonne et, par conséquent, pour jeunes ! Allez ZOU dans le rayon jeunesse! C'est également à cause de ces blaireaux qu'on arrive à diffuser Ken le survivant au Club Dorothée et qu'à l'âge de 8 piges tu regardes des mecs se faire salement décapiter tout en trempant tes tartines dans ton bol de Nesquik !
Passé tout ça, Love Hina est vraiment convainquant. Les perso sont attendrissants et la relation amour/rivalité qui lie les 2 protagonistes est très bien développée. Il y a aussi beaucoup d'effets de style tout au long du manga, ce qui amène du dynamisme et un côté frais en permanence. En gros, beaucoup d'annotations de l'auteur, hors bulles, pour apporter une touche d'humour supplémentaire. C'est très riche et très fun !
Cependant il y a, à mon goût, un peu trop de quiproquos tendancieux et les scènes humoristiques ont tendance à s’essouffler. C'est marrant de voir le héros se faire latter la tronche parce qu'on le prend pour un pervers mais ça peut devenir lassant (et je n'ai lu que le 1er tome).
Pour conclure, même si je ne suis pas particulièrement friand de ce genre de thème, je n'ai pas grand chose à redire sur Love Hina : c'est vraiment très bien réalisé. Malheureusement, le seul point négatif est de taille : c'est un manga très élitiste ! Si tu n'as pas été baigné dans cet univers, tu peux très vite trouver l'oeuvre misogyne, déplacée et dégradante. Alors oui, j'aurais tendance à conseiller ce premier opus, mais certainement pas à n'importe qui.........................genre une Femen ! On prend très souvent les lecteurs de manga pour des gros geek bien crades, n'apportons pas de l'eau au moulin (proverbe ultra old-school) !

NB : Je prends le parti de ne parler que des 1er opus....et tant pis si tout n'est pas dit, l'idée est d'abord de susciter (ou non) l'envie de commencer !