Dès lors que l'on s'intéresse aux mangas de romance et aux comédies romantiques, il est difficile de passer à côté de Maison Ikkoku, tant ce dernier s'est imposé comme étant une référence de ces genres, en plus de jouir d'une excellente réputation, à tel point qu'il est considéré comme le millésime de son domaine par nombre de personnes. L'oeuvre couramment considérée comme le millésime de son domaine débute par l'arrivée d'une jeune concierge dont la simple présence suffira à dissuader le protagoniste, Godai, de quitter la résidence Ikkoku, nonobstant sa connaissance de ce qu'il continuera de subir en y restant: les brimades interminables de ses colocataires.


Au fil des chapitres, on se rend rapidement compte que l'une des qualités du manga est son groupe de personnages qui accompagneront l'oeuvre pour l'intégralité des tomes restants. Même si ce n'était pas gagner, il se révéleront être assez attachants, en dépit du fait qu'ils ne manqueront certainement pas d'exasperer un lecteur ou l'autre, en raison des multiples défauts leur étant inhérents: vénals, mesquins, colporteurs. En effet, nonobstant leurs multiples défauts, ils arriveront à se montrer assez drôles par moments, suffisamment pour parvenir à décocher un sourire ou l'autre à quelque lecteur, tels que ces fameux moments où notre bande de joyeux lurons finissent toujours bourrés.


Par ailleurs, c'est sans doute là un autre point positif du manga: le fait qu'il ait, d'un point de vue strictement limité aux dessins et à l'humour et passé un certain nombre de chapitres, relativement bien vieilli. De même que Maison Ikkoku a traversé les années, l'auteure les fait également passer à ses lecteurs. En effet, il est possible de faire lire Maison Ikkoku à un public relativement large, en raison de l'absence d'éléments suggestifs, de la simplicité de l'intrigue qui ne sont pas de nature à rebuter les plus jeunes lecteurs; tout comme il est possible de le faire lire à des personnes plus âgées au vu des thématiques de la difficulté à trouver un travail, du deuil et du passage à l'âge adulte. Ces thématiques, suffisamment exploitées dans le manga pour que le lecteur puisse en retirer quelque chose, contribuent à éloigner le récit des standards des comédies romantiques classiques. Comprenons que les mangas de ce type suivent la plupart du temps un cheminement qui s'avère, au final, très conventionnel, cheminement que l'auteure parvient à contourner habilement grâce aux thématiques susmentionnées: ici, il n'est pas question d'uniquement suivre le fameux couple qui mettra l'entièreté de l'oeuvre à se former. Maison Ikkoku, c'est plus que ça; Maison Ikkoku, c'est également l'histoire d'un jeune étudiant qui se démènera pour réussir ses études, pour trouver un travail, et dont le lecteur suivra l'évolution, s'étendant sur plusieurs années. Le récit se révèle donc au final très complet tant sur la romance que sur l'histoire en elle-même étant donné qu'on y voit


l'évolution de la relation entre Godai et Otonashi sur plusieurs années, de leur première rencontre jusqu'à leur mariage,


en passant par tous les quiproquos, beaucoup trop nombreux, dont je parlerai plus en détail ci-dessous, l'évolution de Godai lui-même sur la même durée. Par extension, on y voit également des lieux peu représentés pour un manga de ce type, tels que l'université où a étudié Godai, l'école où il a fait son stage, les différentes entreprises qu'il a visitées, le terrain de tennis où travaille Mitaka. C'est un élément qui peut paraître anecdotique aux yeux de l'une ou l'autre personne, mais qui se révèlera très rafraîchissant.


Comme annoncé précédemment, j'en arrive aux quiproquos, qui sont beaucoup trop nombreux, plus important qu'il ne le faut, et qui constituent le gros point noir de Maison Ikkoku. Une fois quelques tomes lus, le lecteur se rendra rapidement compte d'à quel point ils s'ingèrent dans l'histoire et ne font que s'étendre l'histoire, la rallonger inutilement. Par exemple,


ce moment où Godai, à cause d'un quiproquo, déménage de la résidence Ikkoku, il s'en suivra les nombreuses péripéties du protagoniste jusqu'à ce qu'il découvre que son départ n'était basé que sur un malentendu, ce qui le poussera à revenir à la résidence Ikkoku.


Par ailleurs, tel que mentionné ci-dessus, les personnages, bien qu'ils se révéleront être assez attachants, ne manqueront pas d'exaspérer quelque lecteur, tant leur mollesse lui donne, par moments, envie de les secouer en plus de l'irriter, tel que ce moment où


Godai suit Kyoko durant l'intégralité de son voyage, et que celle-ci commence par se demander si c'est réellement lui qui la suit, pour qu'au final, malgré plusieurs moments d'hésitation, ce dernier ne parvienne pas à trouver le courage de lui répondre que c'était effectivement le cas...


Maison Ikkoku, proposant un triangle amoureux, a malheureusement conservé ce qui est, à mon sens, la tare de ce type de relation: un résultat connu d'avance. En effet, c'est systématiquement les protagonistes qui finissent par se mettre en couple et le personnage secondaire qui est laissé pour compte, ce qui fait souvent perdre de l'intérêt aux triangles amoureux lorsqu'il n'y a pas d'éléments palliatifs mis en place.


En conclusion, Maison Ikkoku est rafraîchissant, drôle par moments, propose des personnages assez attachants, même s'il y a des moments où ils auraient mérité d'être secoués, mais dont les quiproquos, beaucoup trop nombreux au grand dam des lecteurs, constituent un élément qui ne manquera pas de s'avérer rédhibitoire pour nombre d'entre eux.


Lu du 06/01/2020 au 08/02/2020

Begi-
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le 22 juil. 2021

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