Marvel Masterworks: Spectacular Spider-Man Volume 1 par Antevre

En préliminaire, je voudrais souligner l'un des intérêts éditoriaux des intégrales Masterworks : par opposition aux intégrales de type "annales" de la version française, qui sont délimitées de manière arbitraire par les années, Masterworks prête attention à ne pas casser les arcs scénaristiques. C'est par exemple le cas ici, puisque l'intégrale 1976-77 Spectacular Spider-Man s'arrête au numéro de décembre 77, le 13, qui se situe en plein milieu d'un arc en quatre tomes (teasé depuis le début de la série en plus), alors que Masterworks va jusqu'au 15 et donc à sa conclusion, ce qui est beaucoup plus honnête et confortable pour la lecture.


Cela étant, Peter Parker: The Spectacular Spider-Man est la première série longue secondaire consacrée au Tisseur. Parce que oui, Spider-Man étant devenu le fer de lance de l'écurie Marvel, y a du cash à se faire. Cela mis à part, c'est une belle occasion de voir deux équipes créatives se partager le héros, c'est déjà pas mal.


Donc, tout commence lorsque Peter Parker assiste à une conférence du vice-chancelier de l'Empire State University (ne me demandez pas ce qu'est un vice-chancelier d'université américaine, je n'en sais rien, je suppose que c'est un vice-recteur) Edward Lansky, qui se fait alors enlever aux yeux de tous par Tarantula. Spider-Man entre en scène, mais ne parvient pas à stopper le super-vilain. Celui-ci obéit aux ordres d'un mystérieux commanditaire, qui lui demande cette fois d'éliminer le maire, en collaboration avec Kraven... Plus tard, c'est le grand retour du Vautour, décidé cette fois à éliminer Spider-Man avec une version améliorée de ses ailes. Cependant, le super-vilain ayant énervé le gangster Morgan, celui-ci décida d'engager un tueur à gages, se faisant commodément appeler Hitman, chargé de tuer Spider-Man avant le Vautour pour frustrer ce dernier de sa victoire (bordel, quel plan inutilement compliqué). C'est ensuite au tour de Morbius de faire son grand retour, possédé par le mystérieux Empathoid d'une autre dimension... Peu après, l'Empire State University connait de nouvelles manifestations, le recteur ayant décidé de stopper les cours du soir pour des raisons budgétaires, ce qui impacterait durement les étudiants les moins privilégiés. Le professeur Ramon Vasquez mène la contestation, assenant que l'université pourrait se refinancer considérablement en vendant les manuscrits du Docteur Erskin, créateur de la formule Captain America. Ce même jour, Spider-Man aperçoit le mystérieux Tigre Blanc pénétrer dans le bâtiment où sont stockés ces manuscrits, mais également un certain nombre d'hommes de main d'obédience inconnue... Il me reste encore à vous parler de deux arcs : l'un, en un épisode, raconte la course contre la montre de Spider-Man, cherchant à sauver la vie d'un jeune homme l'ayant sauvé, lui et Mary Jane, d'une mort certaine sous les roues d'un camion fou, en ramenant un remède miracle de l'autre bout de la ville. Il découvre cependant que ce remède a été volé par Medusa, et Peter va donc devoir poursuivre l'Inhumaine afin de sauver son sauveur... le second arc, en quatre épisodes, fait suite à la découverte de Flash Thompson que Sha Shan, la Vietnamienne qu'il a connue durant la guerre, est désormais mariée, apparemment de force, à un certain Achmed Korba. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre que le couple dirige désormais un culte dont les membres semblent avoir subi un lavage de cerveau! Sous l'identité de Brother Power et Sister Sun, réunis, ils possèdent un étrange pouvoir, celui de lancer des rayons laser (oui oui). Spider-Man s'associe à Flash pour mener l'enquête, et sont vite rejoints par Razorback, un redneck dont la soeur a été embrigadée dans le culte. Razorback possède l'étonnant pouvoir d'être vêtu d'une peau de sanglier électrifiée et d'avoir un don pour le bricolage, grâce auquel il a notamment mis au point son camion Big Pig , qu'il commande à distance (oui oui, ce personnage est absolument génial). La joyeuse bande découvre bien vite que tout cela est le fruit d'une machination du Hate-Monger, revenu d'entre les morts...


Bon bah... c'est très inégal. Tout d'abord, j'en ai déjà un peu parlé, mais l'aspect commercial se fait cruellement ressentir. En particulier, les épisodes sortis en parallèle dans la série Amazing font régulièrement référence à Spectacular, dans le but évident de forcer à l'achat ("tu veux savoir qui est ce mystérieux Hitman qui sort de nulle part et qui est un clone sans intérêt du Punisher ? Cours vite chez ton libraire acheter Spectacular !"). Dans la même idée, les premiers épisodes de Spectacular ressemblent plus à un catalogue de vilains délaissés qu'on ressort sans beaucoup d'imagination : le Vautour revient pour se venger, Morbius revient pour revenir, Tarantula et Kraven se ramènent en mode mercenaire random de l'infini... Les méchants introduits dans ces épisodes sont d'ailleurs assez oubliables (Lightmaster ou l'Empathoid, qui ne réapparaissent d'ailleurs plus jamais si je ne me trompe pas), et pire encore, le premier épisode de l'arc Morbius est quasi intégralement un reprint déguisé en flashback.


Heureusement, à partir de l'arc Tigre Blanc, les choses s'améliorent considérablement : on voit des personnages moins connus, on a des intrigues un peu plus originales (même si la fin de cet arc est un peu niaise et que ça ressemble un clone du premier arc où l'ESU est l'objet de manifestations), et tout ça culmine dans le dernier arc, bourré de retournements de situation et d'idées cocasses (Razorback, notamment, est vraiment génial, un personnage complètement absurde qui vient joyeusement casser l'ambiance dramatique de l'arc).


L'intérêt de Spectacular, c'est donc aussi son équipe créatrice. On a des interventions de Gerry Conway, Chris Claremont, Bill Mantlo, ou encore Sal Buscema, qui va donner beaucoup de dynamisme au dessin de Spectacular (la comparaison avec Amazing est flagrante).


Au bout du compte, j'aimerais donc descendre ce premier volume de Spectacular pour ses mauvaises intentions, mais j'ai tellement aimé la fin que je ne peux vraiment m'y résoudre. Difficile à dire, ce que la suite va donner, mais l'espoir n'est donc pas perdu.

Antevre
7
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le 31 mai 2018

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