Le dessin et le sujet étaient prometteurs, mais l'un et l'autre déçoivent et le tout manque sérieusement de piquant.


Graphiquement, on trouve plein de références (à Blade Runner et au Cinquième élément entre autres), mais le dessin reste finalement assez conventionnel et la mise en couleur manque de personnalité. De même, les décors ne sont pas suffisamment fouillés pour être marquants. On a droit à d'assez belles planches, mais qui manquent d'âme. L'action se déroule en partie à Paris mais il n'y a que très peu de plans larges, aucune véritable tentative de réinterpréter la ville de manière futuriste (à peine un pied de Tour Eiffel par ici et une façade du sénat par là, sinon cela pourrait être n'importe quelle ville de SF).

Le travail sur les personnages est sympathique au premier abord, mais on remarque vite que les poses sont souvent les mêmes (avec parfois un copier-coller numérique en changeant simplement le cadrage) et qu'elles manquent singulièrement de dynamisme. Lorsque les personnages courent, on ne sent aucun mouvement, ils semblent figés sur la planche et nombre de scènes perdent ainsi en intensité.


Concernant le scénario : l'histoire à proprement parler n'a pas grand intérêt et sa résolution est peu crédible et bâclée. L'avantage est que l'album se suffit à lui-même. Pas de tome 2 à attendre.

Mais au-delà de l'histoire, c'est le ton d'une BD qui peut être jouissif.

La promesse d'une satire d'une société progressiste poussée à son maximum jusqu'à en devenir dictatoriale était assez séduisante.

Malheureusement, une bonne critique, une bonne satire (voire même une bonne caricature) a besoin d'un minimum de subtilité, ou, à défaut, d'une pointe acérée pour frapper les esprits. Les dialogues et remarques répétitifs, tout au long de l'album (sur 120 pages !!), tapant de manière systématique et sans imagination sur les mesures anti-covid, la dictature trans-anti-binaire, le néo-féminisme, les végans, le "racisme anti-blanc", l'écologie, finit par lasser. On va dire au bout d'une quinzaine de pages.

Le propos, pourquoi pas, il faut pouvoir se moquer de tout. Mais c'est tellement peu pertinent et tellement premier degré que c'en est embarrassant. On était en droit d'attendre mieux de deux auteurs cinquantenaires avec de la bouteille. Mais les nombreux "par Toutatis" et "nom de Zeus" laissent à penser que la BD aurait été bien plus amusante s'ils en avaient fait une uchronie plutôt que de la SF faiblarde, étant donné que toutes les références des deux protagonistes sont plutôt celles d'un cinquantenaire (ou plus) vivant en 2020 que celle d'un ou une trentenaire en 2060...


En somme, c'est assez inoffensif et finalement très peu caustique. Une vraie déception.

ycatlow
4
Écrit par

Créée

le 3 juin 2023

Critique lue 123 fois

3 j'aime

ycatlow

Écrit par

Critique lue 123 fois

3

D'autres avis sur No Future

No Future
FelixMarret
7

Problème de positionnement

No future est un one shot de science-fiction qui prend place dans une future dystopique (ou utopique, c'est selon le point de vue). En effet il s'agit d'un monde où le wokisme et toute les autres...

le 6 févr. 2023

1 j'aime

No Future
Specliseur
5

Pas si extraordinaire

J’ai bien aimé les personnages: Jean Claude Belmondeau ( au patronyme et au physique évocateur d’un certain Jean Paul Belmondo, tiens donc, ;-) ) et Halen Brennan ( sorte de Madonna lookée comme...

le 22 févr. 2023

Du même critique

Brimstone
ycatlow
5

Le Sadique de Rotterdam

"Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs." Pour ce qui concerne les vêtements de brebis, les décors et la photo de...

le 17 mars 2017

22 j'aime

5

My Wonder Women
ycatlow
8

The Real Wonder Women

Le film raconte la genèse de Wonder Woman, et la vie des trois personnes qui en sont à l'origine - le professeur William Marston, sa femme, le docteur Elizabeth Marston et leur maîtresse Olive. La...

le 16 janv. 2018

19 j'aime

2

Triple 9
ycatlow
6

Entre Heat et Takers...

En voyant Triple 9, on pourrait aussi penser à We Own the Night, Brooklyn's Finest, The Town, etc. Mais un film ne doit pas se résumer à ses influences, il doit les dépasser pour trouver son identité...

le 29 mars 2016

18 j'aime

1