Petit Conte Léguminesque, comme son nom l'indique, ne s'embarrasse pas du premier degré mais s'élance tête baissée dans le ton divertissant et conventionnel de la BD passe-temps, quitte à y laisser des plumes. En effet, les écueils orthographiques endommagent dans une toute première partie le navire de guerre qui parvient toutefois à l'aide de ses vaillants moussons en herbe à colmater la fuite d'attention du lecteur pour l'embarquer de plus belle dans une aventure fluviale. Alors nous suivons le flot, terne, au trait épais mais précis, personnel et enveloppant. Loin de la rigueur impersonnelle d'un réalisme des formes ou pourrait-on dire d'une recherche de naturalisme, le graphisme est volontairement succinct pour épaissir des situations farcesques tout en aménageant une casemate solennelle logée au fin fond du noir et blanc.

On est alors séduit comme on lirait un Pierre Tombal, non pas tant pour se flatter les mirettes que pour les ressorts parodiques d'une Antiquité grecque peinte au vitriole. Et on se laisse donc voguer comme on suivrait aveuglément Ulysse pour accepter avec dérision les assauts furibonds de la fatalité. Parce que Sannier orchestre un récit dont les exigences mentales ne peuvent sauter aux yeux, le propos n'est pas de gonfler les voiles pour amasser l'Or cérébral, mais plutôt de divertir une part de nous-même pour que son instruction se fasse avec aisance.

Et alors on retombe sur nos pattes, après avoir sauté à pied joint des épaules du colosse détrôné par Jupiter, pour recevoir une leçon d'humilité et de modestie que seuls la véritable bande-dessinée et ses créateurs peuvent nous enseigner.
Adrast
6
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le 22 nov. 2010

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