Ce troisième volume approfondit encore l’univers sombre et mystique de Sacrifice. Rick Remender y poursuit son exploration du pouvoir, du deuil et de la révolte contre l’ordre divin. Soluna, vidée de toute force et réduite à un symbole brisé, incarne la résignation face à un système qui dévore les siens. À l’inverse, Pigeon, consumé par la colère, devient le vecteur d’une rébellion ouverte contre les dieux, transformant la fable métaphysique en épopée tragique.
Le récit gagne en ampleur et en enjeux, mais au prix d’un certain déséquilibre. Les dialogues se font parfois lourds, les transitions abruptes, comme si l’auteur peinait à maintenir la tension émotionnelle sous le poids de son propre mythe. L’univers reste fascinant — mélange de fantasy décadente et de symbolisme religieux — mais la narration manque de fluidité pour en exploiter toute la puissance.
C’est dans le dessin que le tome trouve son salut : Fiumara et Araújo insufflent une vitalité baroque à chaque planche. Les silhouettes anguleuses, les couleurs vibrantes et les visages tendus traduisent une lutte intérieure autant qu’un chaos cosmique. On sent une ambition visuelle rare, presque théâtrale, qui maintient l’intérêt même lorsque le scénario s’essouffle.
Résumé : Un tome ambitieux et visuellement envoûtant, mais narrativement inégal. L’univers s’étoffe, l’émotion s’égare.
🔥 Un monde en feu, splendide et vacillant à la fois.