Dieu a dit : « Quand on construit sur de la merde, on finit toujours par s'y enfoncer »



  • « TOC ! TOC ! »

  • Il y a quelqu'un là-dedans ?

  • On est fermé ! C'est pourquoi ?

  • C'est pour un braquage.



Le trio Ralph Meyer, Xavier Dorison et Caroline Delabie est une fois de plus de retour sous les éditions Dargaud avec Undertaker tome 6 : « Salvaje », qui se pose comme la suite directe du cinquième volume l'Indien Blanc. Un tome qui laissait notre croque-mort favori : Jonas Crow, dans une périlleuse situation en tant que prisonnier de son ami d'enfance et ancien frère de gang : Sid Beauchamp. Une altercation dramatique survenue suite aux révélations de la guerrière apache Salvaje, son fils Chato, ainsi que le vieux Kenitei, révélant la vérité se cachant derrière la récupération du cadavre de Caleb Barclay, alias : l'Indien Blanc. Un homme mystérieux qui finalement n'était pas un esclave des apaches, mais le meneur de guerre de la tribu. Un nouveau chapitre s'ouvre durant lequel le plomb coule à flot via une bande dessinée s'articulant autour d'une texture scénaristique dramatique percutante, qui dans un premier temps s'élève dans sa texture physique avec des illustrations soignées. Des dessins toujours plus convaincant autour des traits des personnages qui ne manquent pas de personnalités physiques, par le biais d'un jeu d'ombres incisif venant offrir une véritable ambiance aux vignettes. Une approche visuelle percutante pour une palette de couleur mieux maitrisée sur une mouvance atmosphérique employant des couleurs chaudes traversant un contraste glacial. Un travail sur la lumière pertinent à l'origine d'une mise en scène édifiante avec une utilisation réussit de paysages panoramiques riches en détails, appuyés par la qualité visuelle des décors urbains.


Enfin ! Oui enfin, un album Undertaker qui se lâche en offrant un périple généreux en péripéties avec une véritable conclusion explosive qui ne se règle pas en trois ou quatre vignettes, mais à travers de nombreuses pages offrant une finalité sanglante à la hauteur de l'attente du lecteur. Une aspiration attendue, fondée sur des promesses et des probabilités à travers les diptyques que composent les histoires de cette franchise. Un premier volume qui pose l'envers du décor et des personnages, pour un second volume censé régler les différentes problématiques sous un déluge d'action, qui à chaque fois peine à être concluant sur ce point en se montrant expéditif. Une retenue frustrante que l'on doit à notre trio, qui enfin avec Salvaje, c'est décidé à faire plaisir aux fans en offrant un règlement de compte final particulièrement haletant autant dans la forme que le fond. On se régale ! Un récit dynamique porté par une atmosphère rigide et sans concessions, sous un rythme qui à partir du chapitre du train, se présente sans temps mort jusqu'au final où les cadavres s'empilent. Une marche mortuaire traversée par la cruauté de son cadre et de son histoire sur un constat familial dramatique, cinglant et ironique qui va une fois encore enterrer six pieds sous terre le bel humanisme du genre humain.


Un western cynique et implacable durant lequel Jonas va enfin se ressaisir et sortir la tête de l'eau après sa rupture avec Rose Prairie, en s'opposant concrètement à Sid, son meilleur ami, qui en tant que shérif de Tucson et fiancé de la puissante Joséphine Barclay, fait office d'adversaire coriace. La relation passée unissant Jonas et Sid est intelligemment exploitée, offrant un contraste dramatique fort saisissant où les doux souvenirs des deux hommes se conjuguent à la haine du présent. Une analogie bouleversante qui pour ce diptyques révèle une part sur Lance Strickland, l'homme le plus recherché du pays (avec une tête mise à prix à 25000 dollars pour 36 meurtres), avec la copie exacte du plus beau palace de la Nouvelle-Orléans : '' l'Ambassador''. Un nouveau quatuor... pardon Jed... quintette prend forme avec Jonas, Salvaje, Chato, Kenitei et Jed, le vautour. Une équipe sympathique qui néanmoins ne parvient pas égaliser l'original, à laquelle manque Rose et Lin, que notre ténébreux et amusant croque-mort à la réplique tranchante, part rejoindre à bord de son corbillard : « Undertaker : Last & Wishes », où on espère que des nouvelles aventures l'attends !



CONCLUSION :



Avec Undertaker tome 6 : « Salvaje », le trio Caroline Delabie, Ralph Meyer et Xavier Dorison présente un western ironiquement sadique qui poursuit et conclut efficacement l'aventure de l'Indien Blanc. Un achèvement couronnée d'un spectacle explosif et radicale qui fait honneur à ce diptyque et à ses lecteurs, qui enfin sont récompensés de temps d'attentes avec un final enfin à la hauteur de la saga. Une bande dessinée offrant un far west amer qui délaisse sa part amusante pour plus de dramatisme autour de la confrontation Jonas/Sid.


« Qui sème la tempête, récolte le plomb. »




  • Non !... Tu... Tu peux pas tout me prendre, Jonas !!

  • « Tout » ?... J'avais rien ! Et même ça, tu as réussi à me le prendre !

  • J'ai neuf coups ! Neuf ! T'es solide, mais je t'assure que tu seras refroidi dès le premier ! Recule !

  • T'as neuf balles... mais pas une seule couille !


B_Jérémy
8
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le 22 avr. 2022

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