Sublimer l'oeuvre de Tezuka par le prisme de la violence

Atsushi Kaneko et Osamu Tezuka sont deux auteurs que j’aime particulièrement. Pourtant de prime abord on ne peut pas dire que ces deux auteurs ont énormément de points communs. Hum, pas si sûr, car quand Kaneko reprend à sa sauce Dororo, un classique de Tezuka, il se passe clairement quelque chose…

D’abord posons les bases ;

Dororo est un shōnen de Osamu Tezuka, compilé en 4 tomes et dont 15 chapitres ont été prépubliés dans le magazine Weekly Shōnen Sunday de 1967 à 1968. Les 4 derniers chapitres de conclusion furent publiés lors de la sortie de l’anime en 1969. Search and Destroy a été prépublié dans le magazine Tezucomi de 2018 à début 2020, dans le cadre des célébrations des 90 ans de la naissance d’Osamu Tezuka, avec d’autres œuvres rendant hommage au Maitre et a certains de ses titres emblématiques. C’est dans ce cadre qu’Atsushi Kaneko reprend Dororo pour livrer son interprétation du récit.

Et qui dit Atsushi Kaneko dit violence assurée et assumée.

Car si Osamu Tezuka a exploré tous les genres et quasiment tous les thèmes au travers de sa carrière, on ne peut pas dire que la violence soit une des caractéristiques majeures de son œuvre. Alors j’en vois déjà venir, oui Tezuka aborde la violence sous des degrés divers et sous diverses formes. Impossible de nier la violence de Ayako par exemple. Mais c’est pas de cette violence là que je parle. Je parle de violence crue et explicite, gratuite et libératrice dans la façon dont elle est développée, abordée, montrée. Pour moi, Tezuka a toujours réussi a aborder la violence même frontalement sans pour autant l’afficher ouvertement, il use généralement de détours ou alors elle devient une composante indispensable du récit mais pourtant sans jamais devenir crue ou purement gratuite. Et ce même si il est impossible de nier la violence et/ou la dureté de certaines histoires, de certains passages dans l’œuvre de Tezuka.


Un potentiel sous exploité

Revenons à Dororo, qui sous ses airs bon enfants est dans le fond un récit très dur. Le synopsis est d’ailleurs plutôt explicite :

Hyakkimaru est infirme : 48 parties de son corps ont été vendues à
autant de démons avant sa naissance. Rafistolé par un chirurgien
compatissant, adolescent, il se découvre d’étranges pouvoirs
psychiques. Accompagné de Dororo, un petit voleur espiègle, il arpente
le Japon à la recherche d’un endroit où vivre en paix… affrontant au
passage esprits et forces obscures.

Pourtant quand on voit la bouille de Dororo on est loin de se dire que le point de départ du truc est aussi trash. En résumé on a pris un bébé, on a divisé son corps en 48 parties qu’on a vendues a des démons, a charge du gamin d’aller récupérer ses morceaux de corps. En voilà un chouette départ dans la vie et un point de départ pour un magazine shōnen des 60’s. L’histoire prend place durant l’ère Sengoku et Tezuka aurait parfaitement pu centrer son récit sur cette période trouble et s’en servir par exemple pour illustrer les conditions de vies de cette époque trouble. Avec un gamin spolié de ses membres ça aurait pu faire un truc dingue. Pourtant Tezuka aborde cet aspect du récit en second plan et livre ici un road-trip vengeur avec deux drôles de loustics pour héros ; un jeune voleur orphelin à la langue bien pendue, Dororo, (qui donne son titre à l’œuvre) et Hyakkimaru un jeune vagabond sourd, aveugle et infirme aux nombreuses armes cachées dans ses faux membres.

La finalité est claire et connue rapidement ; récupérer le corps de Hyakkimaru quelque soit les moyens et pour ça, combattre les démons qui se présentent face à eux. Simple, efficace, mais un avouons le, un peu creux comparé a d’autres titres de Tezuka, même s’il évidement en profite toujours pour développer quelque chose de plus, passer des messages et cette période trouble ou prend place Dororo est fertile a ce niveau. Lié au pitch et à la période, le ton est forcément plus sombre que d’autres shōnen du Maître mais pourtant malgré ce terreau fertile, le récit et l’intrigue souffrent rapidement d’un schéma assez répétitif, de certaines facilités et le titre finit par un peu s’enliser alors qu’il aurait gagné à devenir encore plus dur et explicite. Conclue en 4 tomes, la série devait normalement être beaucoup plus longue, Hyakkimaru devait retrouver les 48 parties de son corps une à une et donc affronter des monstres/Yōkai de plus en plus forts, cruels et fourbes. On peut le sentir dans le récit, qui prend un ton plus sombre au fil des chapitres. Hélas comme Tezuka croulait -comme toujours- sous les projets (ajouté a un certain manque de succès de la série), après une pause de presque un an, il a décidé de conclure la série en faisant intervenir le Nué pour en finir avec Dororo.

Ces deux éléments sont d’ailleurs palpables lors de la lecture suivie des 4 tomes de Dororo. Ce changement de ton et de rythme sont pour moi presque un aveu que Dororo est de base un titre que Tezuka voulait ou destinait a être plus violent et cru que ses autres titres. Et explicitement cru et violent de par son histoire et ses enjeux; ces démons qui ont volé des parties du corps de Hyakkimaru étant un prétexte idéal a ce genre de délires mais hélas ça reste tiède un peu comme si Tezuka n’osait pas se lâcher alors que tout s’y prête. Pourtant a cette époque Tezuka est en pleine transition et n’hésite pas expérimenter des trucs comme dans Debout l’humanité ou La grande pagaille du Diletta par exemple. Mais sûrement que le magazine dans lequel fut prépublié Dororo n’était pas le bon vu la direction que prend le titre. De l’aveu même de Tezuka*, Dororo était un titre opportuniste en réaction au succès de Shigeru Mizuki et ses titres sur les Yōkai, et Tezuka aimait se frotter aux genres/thèmes tendances et en livrer son interprétation. Dororo était donc une occasion idéale pour se lâcher tout en s’attaquant à Mizuki sur son terrain mais via un autre angle d’attaque : l’action vengeresse.

« eh bien oui, Dororo n’est rien d’autre qu’une œuvre de circonstance, un effet de mode »

Dororo est pourtant clairement un titre au potentiel énorme qu’en plus j’aime particulièrement. Mais pour moi Tezuka n’a pas réellement réussi à l’illustrer et le développer pleinement. En tous cas, pas via ce format de récit d’action vengeur qu’il a abordé et ça devient particulièrement évident après la lecture de la version de Kaneko. Tezuka livre objectivement un récit très bien mené et carré qui en a sous le coude mais auquel il manque pour moi un petit quelque chose.

Ce genre de récit de vengeance à besoin en plus d’une histoire qui se tient, de moments impactants, de visuels forts et d’un rythme effréné. On parle ici de vengeance, de récupération de membres volés, d’armes dissimulées et on ne peut pas prendre de gants pour illustrer la violence qui résulte obligatoirement de ce genre de récit avec un tel point de départ, particulièrement avec l’angle choisi. Mais comme déjà évoqué, c’était sûrement pas le bon magazine et Dororo n’a pas bénéficié d’un énorme succès lors de sa parution, ceci pouvant expliquer cela…


Plus qu’un simple reboot

Avec Search and destroy, Atsushi Kaneko propose quelque chose de plus, une approche différente, une autre manière d’aborder le récit et les personnages. Et je précise bien; relecture et pas reboot. Ici Kaneko ne se contente pas de simplement refaire Dororo (comme il y a eu pléthore de revisite d’histoires de Tezuka à la limite du copier/coller) il se le réapproprie, propose une autre approche plus directe, crue et explicite et pourtant arrive à pousser le truc plus loin que ne l’avait fait Tezuka.

Car même si c’est cool, la violence juste pour la violence ça a ses limites…

Première chose, Kaneko déplace le récit du Japon médiéval dans un futur ultra cybernétisé. Une époque qui graphiquement lui correspond mieux et dans laquelle il sera plus à même de laisser cours a sa folie mais aussi un moyen de se réapproprier le récit et livrer autre chose qu’une simple resucée de Tezuka. Là ou Tezuka usait du fantastique pour poser son récit, Kaneko utilise la science fiction en plaçant l’intrigue dans un univers Cyber Punk robotisé à l’extrême. Univers qui d’emblée est graphiquement déjà plus dur que ne l’était le Japon médiéval de Tezuka. Mais les différences ne s’arrêtent pas là ; Dororo devient Doro, Hyakkimaru devient une femme (on y reviendra), en clair il se réapproprie totalement l’histoire, les lieux, les personnages mais sans pour autant dénaturer l’œuvre de base.

Car Kaneko ne touche dans le fond quasiment pas au récit initial et certains passages sont même a peine réécrits, c’est dans la manière de centrer, dérouler mais surtout illustrer l’histoire que les différences se font. Il rebaptise le titre « Search and Destroy » ce qui lui permet de placer son amour pour la musique -c’est un titre de 1973 des Stooges dont les paroles collent parfaitement– mais surtout d’annoncer clairement la couleur.

En effet, si on prend le récit dans son sens le plus strict, chercher et détruire c’est exactement ce que fait Hyakkimaru et Kaneko l’a bien compris. Et c’est bien ce qu’il compte nous servir…


Une esthétique taillée sur mesure

Comme je l’ai dit plus haut, la violence graphiquement explicite n’est pas une des composantes fortes de l’œuvre de Tezuka. Et me faite pas dire ce que je n’ai pas dit, ce n’est absolument pas lié a son style graphique rond et en ligne claire. Tezuka a avec ce même trait livré des œuvres comme L’histoire des 3 Adolf, Avaler la Terre ou Demain les oiseaux, titres dont on peut clairement dire que le propos est plus que sérieux et dense.

C’est dans la manière d’illustrer et de poser cette violence qu’il faut chercher… Et a ce niveau Atsushi Kaneko n’a plus rien a prouver.

Inspiré et influencé par la BD américaine, l’iconographie et la musique Punk, la Kustom Kulture, le cinéma, le polar noir américain et japonais ou encore la pop-culture, Kaneko use d’un style dense très visuel -limite exubérant- à base d’aplats de noirs et blancs. Même si c’est dense, cela reste toujours lisible et clair afin de privilégier au maximum la narration et l’action par l’image, pourtant Kaneko n’hésite jamais à éclater son découpage et son cadrage au service d’un impact visuel maximum. Son style est tellement unique et personnel qu’il travaille généralement sans assistants afin d’en conserver toute sa particularité et sa force. Mais surtout Kaneko a fait de la violence une des composantes majeures de son esthétique et de ses histoires. Dans la plupart des ses œuvres les deux sont intimement liés, un récit comme Dororo qui ne demande qu’a être sublimé et sa violence exposée au grand jour est donc taillé sur mesure pour Kaneko. Car clairement, un personnage qui cache des armes dans son corps, une mystérieuse organisation, une vengeance, tout ça prête vraiment à un récit furieux dans lequel le sang coule à flot comme Kaneko les affectionnes, sait les faire et les illustrer.

Quand on compare les deux versions, graphiquement les différences de styles sautent évidemment aux yeux. Mais narrativement il y a aussi des différences et avec Kaneko, les deux sont intimement liées. Là ou Tezuka se servait principalement du dialogue pour dérouler et développer son histoire, Kaneko mise tout sur l’action et le visuel. Si Tezuka pose un dialogue, Kaneko l’illustre généralement via l’image.

Et c’est pareil tout au long du récit, déjà parce que Kaneko recentre une grande part du récit sur l’action et appuie bien sur le coté vengeance et colère de l’histoire, à grand renfort de passages explicites et de litres de sang mais il privilégie aussi les images à de longs discours et fait passer un maximum par le visuel. Pour réaliser ce tour de force il faut une maîtrise totale de la narration et du découpage pour que le récit soit compréhensible et fluide, le tout servi par un dessin efficace au service de l’histoire, clair mais détaillé afin de distiller toutes les clefs de compréhension. Ce que Kaneko gère à la perfection et que ce soit pour l’histoire ou les passages d’action, tout est toujours lisible et compréhensible et d’une fluidité hallucinante.

Et il ne prend pas de gants en nous plongeant immédiatement dans le récit avec un dialogue d’ouverture qui laisse peu de place au doute ;

« En vie ! Tu es en vie !
C’est ça… Râle ! Mieux que ça! La colère est une force ! C’est ta force ! »

En à peine quelques chapitres, Kaneko pose une ambiance poisseuse, lourde qui contribue pleinement à l’immersion dans le récit. En utilisant une narration nerveuse, centrée principalement sur l’action et qui fait passer un maximum par l’image, en alternant l’action pure avec de brefs passages explicatifs, Kaneko arrive pourtant a livrer exactement toutes les informations dont le lecteur a besoin. Et on comprend tout, la fluidité du récit est hallucinante et les trois tomes de Search and Destroy forment un tout parfait. Aucunes longueurs ou temps morts, Kaneko livre un récit millimétré ou tout s’enchaîne et s’emboîte comme dans une mécanique de haute précision.

Le tout servi par une esthétique crue et explicite au service du récit, les deux étant vraiment complémentaires et se nourrissant l’un l’autre. De part la direction que Kaneko a donné à l’histoire évidemment mais aussi car c’est une des composantes majeures de son travail, qui lui permet ne serait-ce que visuellement de sublimé la violence implicite du Dororo de Tezuka.

Mais pas que…


Une relecture intelligente

Kaneko s’en donne a cœur joie et ça tranche sec pour notre plus grand plaisir, pourtant même si il livre un récit cru et explicite, comme toujours avec lui derrière la forme, y’a du fond.

Au milieu de ce road trip vengeur, il parvient aussi a développer de manière sous-jacente ou implicite tout un tas de thématiques, de messages. Ici, il est question de colère, celle de Hyaku évidemment mais Kaneko introduit aussi une dimension politique en illustrant la colère des creechs/robots, exploités, mal considérés/rejetés, traités comme des outils, comme autant de critiques de certains systèmes pas si éloignés. En filigrane il aborde aussi la guerre et ses conséquences mais aussi ce que malheureusement elles peuvent apporter. Si Hyaku a pu être sauvée et ses membres volés remplacés, c’est parce que la technologie avait été développée pour la guerre et c’est pas si anecdotique que ce soit dans le récit ou dans la vie, le GPS étant un bon exemple de technologie militaire qui s’est imposé dans nos vies… L’iconographie et certains visuels utilisés par Kaneko ne sont pas aussi innocents qu’il n’y parait et plutôt subtilement choisis vu certains points développés dans l’histoire.

Il prend aussi à contre pied le ressort typique de ce genre de récit ou la cybernétisation est généralement considéré comme une plus-value. Ici au fur et a mesure que Hyaku accompli sa vengeance et récupère des parties de son corps, elle redevient un peu plus humaine et paradoxalement moins forte physiquement. Mais physiquement seulement, l’Humanité retrouvée d’Hyaku lui permettant de découvrir un autre type de force et de s’ouvrir à autre chose. Et ce faisant Kaneko arrive a traiter un poncif du cyber punk ; la déshumanisation des corps signifiant la déchéance de l’Homme et qui trouve ici parfaitement et naturellement sa place.

Si dans le Dororo de Tezuka, Hyakkimaru est un homme, ici Kaneko choisi d’en faire une femme (et de la renommé Hyaku) ce qui lui permet d’aborder subtilement et de manière détournée la réappropriation du corps féminin et les thématiques liées. En plus de rendre un hommage au Dororo original dans lequel Tezuka laisse planer le doute quand au genre de Dororo. Le parcours du petit Doro, ses origines ne sont pas anecdotiques et Kaneko sublime son rôle de side-kick et donne une réelle profondeur a ce personnage en quête d’identité et d’une place dans le monde comme Hyaku.

Et quand on pose tout ça à plat, qu’on prend un peu de recul après avoir saisi les différents niveaux de lecture qu’on peut trouver dans le titre, et bien la quête de vengeance, d’émancipation et d’identité de Hyaku et Doro prend une toute autre dimension qui va bien plus loin qu’une simple histoire musclée et explicite même extrêmement bien foutue.

En axant son récit sur l’action et la quête de vengeance, Kaneko a pourtant été bien plus loin de ce qu’a pu proposer Tezuka dans sa forme comme dans son fond. Avec Search and Destroy, il parvient à créer une alchimie parfaite entre action crue et explicite au service d’une bonne intrigue, mêlé a une vraie réflexion sur la caractérisation de l’individu, de sa place, de comment l’occuper en plus d’autres trucs. Kaneko livre un road trip vengeur emballé dans un très bon thriller noir Cyber Punk, un titre violent et nerveux sans aucuns temps morts dans lequel il sublime la violence pour justifier et servir son récit et donner corps à l’ensemble et sans renier le matériaux d’origine. Ca se déguste comme les meilleurs films du genre mais surtout, derrière les membres tranchés y’a du fond et pas qu’un peu.


La quintessence par la violence ?

En choisissant d’aborder sa revisite de Dororo par le prisme de la violence, Kaneko finit de totalement se réapproprier l’œuvre. Mais en un sens il l’aborde surement sous son angle le plus pur. En effet Hyakkumaru est un personnage emprunt de colère. Il a été spolié, abandonné, rejeté et il ignore pourquoi on lui a fait subir tout ça. Toute sa quête, son parcours est motivé par la colère puis par la vengeance. Et Kaneko l’a bien compris en choisissant de traiter l’ensemble par cet angle. Graphiquement évidemment, mais aussi narrativement il opte pour un rythme nerveux en accord avec l’esthétique qu’il met en place. Ce que Tezuka prenait le temps de mettre en place via un chapitre introductif qui expliquait posément les choses, Kaneko lui choisi de nous jeter directement dans le bain et consacre la première moitié du premier tome à la vengeance d’Hyaku. Il faut attendre la seconde moitié afin que Kaneko lève le pied et pose les choses en nous livrant quelques explications. En faisant ça il donne évidemment directement le ton mais il réussi en quelques pages a totalement se réapproprier le titre et on oublie vite que c’est une revisite de Dororo et on se laisse entraîner dans cette quête de vengeance. Même si on a lu l’œuvre originale et qu’on connait l’histoire,

Et ça fonctionne impeccablement, car en plus de sérieusement moderniser le truc, c’est aussi un peu ce qui manquait au Dororo de Tezuka, ce coté gratuit et sans concessions qu’a Kaneko, ce foutraque assumé, cette exubérance, cette rage graphique pour illustrer et sublimer la violence et la colère sous-jacente du titre. Et en plus d’être un excellent prétexte pour voir Kaneko se lâcher, ça colle aussi parfaitement à ce récit de vengeance, car paradoxalement cette violence crue, cette colère sert et nourri cette histoire. Si tout ça est bien présent en filigrane dans le Dororo de Tezuka, Kaneko l’a clairement exacerbé, mis au premier plan et en a tiré le meilleur parti tout en prenant soin de développer implicitement quelque chose de plus profond qu’une simple histoire de vengeance. Ça donne ce titre dense et prenant, jouissif et libérateur mais qui pourtant se révèle bien plus profond qu’il n’y parait et dans le fond terriblement humaniste.

Au final, la relecture de Dororo par Atsushi Kaneko s’impose comme une évidence. En même temps Dororo a vraiment tout pour être un récit de Kaneko, le postulat posé par Tezuka est taillé sur mesure pour un titre à la violence exacerbée, c’est d’ailleurs pas pour rien que Kentaro Miura à emprunté quelques éléments de Dororo dans Berserk.

Puis comme on le comprend en lisant la postface*, le gars connait et apprécie Dororo, impossible de livrer une telle perfection sans connaitre, aimer mais surtout comprendre l’essence de l’œuvre originale.


Le mot de la fin

Pour moi, Kaneko nous propose le Dororo que Tezuka aurait aimé/voulu pouvoir faire et qui en prenait doucement le chemin avant d’être abruptement conclu. Un titre musclé et sans concessions avec une base solide qui laisserait la part belle à l’action et servi par des visuels forts. Un truc jouissif et libérateur dans lequel on se plait a suivre Hyaku et Doro dans leur quête de vengeance. Avec ce qu’il faut d’intrigue et de fond pour en faire un truc exceptionnel. Ce que Tezuka avait commencé a faire et que Kaneko a parfaitement compris et finalisé.

Et qui en plus d’être un vibrant hommage au Dororo de Tezuka pousse le récit plus loin que ne l’avait fait le Maitre. Et ça, c’est pas rien…

Si en plus ça peut amener une nouvelle génération a se pencher sur l’œuvre d’Osamu Tezuka c’est double bénef’.

Lupin_the_third
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le 28 déc. 2022

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