Shigurui
7.9
Shigurui

Manga de Takayuki Yamaguchi (2003)

Comment un postulat pourtant si banal, aura pu aboutir à un résultat aussi exceptionnel ? Les petits ruisseaux font les grandes rivières, mais nous sommes pourtant parti d'une flaque pour finir noyé dans un océan de noirceur venu nous ensevelir vague après vague.

Ces affaires de vengeance, je pensais si bien les connaître que je m'en gaussais d'avance. Ce petit rire, mesquin et méprisant, je l'affichais sur ma gueule jusqu'à ce qu'il ne se fige et s'estompe au point qu'il n'en resta qu'une moue déconfite et tremblante. Shigurui, je l'abordais guilleret, sautillant, décidément trop sûr de moi. Le revers que j'ai essuyé ce jour-là a manqué de tuer mon enthousiasme à jamais. Il est des œuvres dont il faut se méfier tant elles sont grandioses.

Et on les voit déjà, nos deux protagonistes, ces rivaux dantesques, jamais cités comme les références dualistes qu'ils sont pourtant. Deux amants liés non pas par l'amour mais par une haine qui leur lie les tripes en un nœud sanguinolent dont ils ne sauraient se séparer sans mourir tout deux. Cette première image figurative qui les présente en disait long et surtout, elle en annonçait beaucoup ; on les voyait Irako e Gennosuke, boyaux sortis dehors, jetés à la gorge de l'un et de l'autre. L'antagonisme, avant même de se formuler, prenait tout son sens graphiquement. Parce que, ce qui se présente ici comme une adaptation d'un roman japonais populaire, ici, nous jaillit à pleines entrailles. Même qu'on jurerait qu'on est éclaboussé. Mais ce n'est pas le sang qui gicle des pages pour nous maculer les joues ; c'est les larmes, rien que ces larmes de douleur de d'émerveillement mêlés à la bave d'excitation écumante qui nous échappe des lèvres.

Shigurui, ça nous vient d'un roman dont il me faudra un jour parcourir les lignes.

Nanjo Norio est d'ailleurs crédité comme l'auteur, lui, l'auteur de Surugajô Gozenjiai ; Le Tournoi du Château de Suruga. Signe annonciateur de ses prouesses, il a, dit-on, été l'un des fondateurs d'un courant littéraire au Japon intitulé «Le Boom de la Cruauté» survenu dans les années 1960. Et dire qu'on m'avait caché un tel homme. Vous qui, comme moi - enfants bénis - avez baigné dans l'hémoglobine versée à torrent en goûtant les délices macabres de certains auteurs entre autres élans créatifs de l'animation japonaise - du temps où elle honorait ses lettres de noblesse - le mot «cruauté», pour un peu, il vous ferait sourire. Moi le premier. Et pourtant, ce diable d'auteur, d'une plume trempée dans le tourment macéré des âmes damnées, la cruauté, il sait la relater. Nanjo Norio ? Simuler la cruauté dans ses écrit ? Il en est loin. Le bougre est né en 1908, et quelque chose me dit que quelques trente années ultérieures ont dû stimuler chez lui un imaginaire qui avait pris compte du mot «cruauté». Parce qu'à moins d'avoir connu le désastre d'une guerre, la cruauté, on ne la mime qu'avec des paillettes. Point de paillettes ici, rien ne brille dans les ténèbres, sauf le tranchant d'une lame acérée. Et de ça, Shigurui, il en recèle à foison.

Le reflet de ces lames qui s'en vont s'émousser dans le sang et les tripes, il brille dans les yeux de chaque personnage. Chaque regard, ici retranscrit, y est tantôt sévère, halluciné, ou impitoyable. Même la douceur des prunelles n'agit finalement que comme une digue contenant un désespoir silencieux. Une digue qui se brisera et qui ne laissera alors pas seulement couler les larmes.

Mais ce festival d'organes internes laissés à l'air libre, il ne banalise pas le sordide ? Si. Mais pas au point où l'on s'y accoutume ; simplement assez pour qu'on finisse par adhérer à ce monde vil dans lequel nous sommes happés. Qu'on prenne le parti des plus cruels ou des plus juste, le résultat et le même. L'atrocité, bien qu'elle nous paraisse excessive aux abords des premières pages de Shigurui, n'en est qu'au stade des préliminaires. Elle croît sans fin aussi longtemps qu'il se trouvera des instruments humains pour entamer sa partition. Et la musique se poursuit ainsi, rythmée par le tranchant des sabres et le grincement mélodieux des intestins tendus et pincés du bout des doigts.

Il faut rappeler qu'avant d'être cet écrivain impitoyable, Nanjo Morio était aussi historien. Ses récits, il ne les brassait pas sur le néant, mais sur du concret. Un monde bien tangible dont il avait pris connaissance jusque dans ses moindres détails. Et cette prise de connaissance actée, il décrivit alors le système féodal de l'époque au-delà ou peut-être en deçà de la romance qui nous le rapportait jusqu'à lors :

La société féodale dans sa forme parfaite, était comprise d'un petit nombre de sadiques et d'un large nombre de masochistes.

De quoi relativiser les merveilles du Bushidô qui avaient l'art et la manière de dépeindre l'iniquité et l'arbitraire dans un langage fleuri. Mais avec Shigurui, les fleurs fanent ; il n'y en aurait d'ailleurs pas assez en ce bas monde pour recouvrir les sépultures de tous les cadavres calcinés qui seront semés au fil du récit.

Le postulat de ce récit ? Un profane pourrait le formuler comme une blague : «Que se passe-t-il quand un samouraï aveugle et boiteux - entre autres infirmités - se confronte à un manchot ?». La chute de la blague, cependant, pourrait ne pas suggérer les rires. L'issue, cependant, pourrait vous surprendre. Ainsi nous est présentée l'intrigue, avec une narration qui, en guise de hors-d'œuvre, nous présente en réalité le début de la fin de l'histoire. Le deuxième chapitre du manga s'empressant alors de revenir quelques années en arrière, pour nous rappeler à tous comment nous en sommes arrivés là. Si Takayuki Tamaguchi a présenté les choses ainsi, c'est pour brandir au-dessus de nos tête ou bien en dessous de nos gorges, cette épée de Damoclès prête à délivrer un jugement sévère.

Nous ne sommes pas lecteurs, mais jurés. Alors que l'on entre dans le tribunal en connaissant les chefs d'inculpation, on se charge alors de nous relater toute l'histoire. Mais la sentence, on la connaît - du moins le croit-on - même si aucun jugement n'a encore été rendu. Et pourtant, cette histoire, même si on pense en connaître le dénouement, on s'y abandonne les yeux écarquillés et.... je dois l'avouer, la bave aux lèvres.

Le sang versé, quand c'est fait avec maestria, à force, on y prend goût. C'est malheureux, mais c'est pas pour autant qu'on va étancher sa soif ; surtout quand Shigurui se présente à ce titre comme une source de jouvence si réjouissante.

Ceux qui ne souffrent pas, n'apprennent pas.

Il y a décidément plus de sagesse dans Shigurui que dans je ne sais quels recueils pontifiants si ce n'est même lénifiants. L'art de la synthèse, surtout quand elle est implacable, vaut les infinis palabres de verbeux qui ont trop peu à dire et l'annoncent éloquemment. Les personnages de Shigurui apprendront beaucoup au terme de leurs aventures ; et nous aussi, dans une moindre mesure.

Depuis Vagabond je n'avais pas vu des combats au sabre pareils. Ils sont peut-être moins élégants, le style dévie grandement, mais l'excellence est bien là. Nous ne sommes pas présentés à quelques vulgaires échanges de coups, mais à la pure virtuosité d'un combat, d'un vrai. Il est par ailleurs si étrange de trouver tant de grâce à ces coups de sabre qui, pourtant, n'aboutissent pas à un résultat des plus coquets. La beauté du style d'Irako se mêle si bien à la sauvagerie d'un Kendo méticuleux et pourtant, si féroce.

C'est une histoire commune et pourtant, une histoire nouvelle. Un parvenu ambitieux cherche à prendre le contrôle d'une riche famille en s'inscrivant dans la lignée. Mais cette lignée, c'est celle d'un des plus redoutables bretteurs du Japon, avec une main droite comprenant six doigts, et devenus aussi libidineux que sénile pour ne pas dire fou à lier. Une splendide arme de destruction massive dont le bouton d'enclenchement est au bout du doigt tremblant d'un lunatique. Un lunatique révéré par les élèves de son dojo. Oui... comme précisé initialement : une minorité de sadiques suivi par une majorité de masochistes. On comprend un peu mieux cette citation à chaque nouvelle page qui défile.

Shigurui, c'est la chair noble garni du squelette droit d'une histoire classique, traditionnelle même, qu'on aurait ensuite rembourrée de viscères faisandées avant de galvaniser le tout pour le faire vivre salement. Et toute monstrueuse puisse être la créature, un œil avisé ne pourra que lui trouver un charme fou et lui céder sans condition. On est loin de ces histoires de samouraï proprettes où le juste triomphe sur le méchant. Tout est si sale ; des déformations physiques - nombreuses celles-ci - aux motivations derrière les actes de chacun, on en revient vite de cette supposée noble histoire de Bushidô. Y'a pas de noblesse, rien qu'une manière de masquer l'animalité humaine. Et si mal en plus. Shigurui lève le voile, et ce qu'il y a en-dessous n'est pas ragoûtant, mais on ne saurait en détourner les yeux.

Le manga est aussi beau de sa laideur qu'il est brillant de ses ténèbres. Le nombre d'anecdotes sur l'époque et la documentation associée, très fournie et peu orthodoxe dans ce qu'elle rapporte, ne tend qu'à mieux crédibiliser un récit qui, même s'il n'a rien de réaliste à bien des égards, a l'air désespérément réel. L'atrocité n'en surgit alors que mieux. L'odeur du sang plane quand on lit, et ce n'est pas là le seul fluide versé... La cruauté, de ce qu'on en lit, ne se dispense pas que du bout de l'épée.

Mais les combats prennent évidemment le pas sur le reste. Les techniques spéciales, ingénieuses tout en étant elles aussi remarquablement réalistes dans leur principe, permettent de mieux singulariser les styles et surtout de mieux divertir. Chaque coup, avant d'être porté, nécessite une posture qui s'établit en un chapitre, celui-ci étant toujours passionnant de bout en bout. Ce n'est pas tant le sang pour le sang qui fait ici jubiler, mais le ballet préalable qui l'invoque ; et celui-ci est toujours dansé avec distinction. Un sens de la distinction tout du moins, un qui soit propre à l'œuvre. Si vous recherchez des combats de samouraï originaux mais crédibles - qui ne s'en remettent pas à une simili magie qui ne dit pas son nom - vous avez trouvé votre réconfort.

Cette narration qui, au moindre mouvement de muscle - ceux-ci étant dessinés à la perfection -, relate les enjeux qui ne demandent qu'à surgir, comme des préliminaires langoureux, en plus d'être exquise, remémorera l'arc de l'invasion du palais d'un certain manga lui aussi très cher à mon cœur. Mon goût pour l'atroce stylisé et la scénographie soignée aura clairement déterminé mon affection pour Shigurui. Ça et, surtout, l'irréfragable qualité de l'œuvre. Une œuvre qui, à mains égards, ressemble aussi copieusement à Shamo qu'à Battle Royale. Il y a déjà une parenté commune dans le dessin - ce qui ne peut que ravir - mais aussi des échos dans le récit. Les dessins, en effet, rayonnent dans les tripes et la sueur du fait de la suprême attention portée à l'anatomie des personnages, chaque muscle et chaque articulation étant brossée avec un soin d'une méticulosité infinie. Et les organes internes, les cervelles, les boyaux... j'ai l'impression d'avoir croisé plus de personnages décharnés que recouverts de peau. Et la maîtrise des mouvements ; il faut en avoir du talent pour réellement retranscrire la Violence et non pas une parodie de cette dernière. Ce talent, Tayayuki Yamaguchi l'exhibe sans pudeur à chaque page pour notre plus grand contentement.

La perte de la vue d'Irako, comme elle fut dépeinte, fut plus douloureuse à contempler que de le voir se faire exécuter. La forme rivalisait autant de légèreté que de brutalité pour que, justement, de formes, il n'en voit plus jamais. De là, deux monstres sont nés et aucun de ceux qui les ont croisés, dans leur sillage, ne présentera de signe de pitié au milieu de lacérations précises et autres stigmates monstrueux.

Et pour ne rien arranger, l'amour s'en mêle. Vous voulez des histoires d'amour authentiques ? Gardez-vous des Shojôs. De bonne histoires d'amour, dans des mangas, je n'en ai pas lu une seule qui terminait bien. Et, c'est sans éventer l'intrigue que je vous le dis - car vous comprendrez très vite en lisant Shigurui - ça ne se terminera pas joliment ; mais la conclusion sera pire que que le plus terrible scénario que vous pourrez imaginer. Les histoires d'amour, qui en sont sans en être, subtiles et intelligemment imprégnées dans l'œuvre, se présentent comme une vilaine surinfection sur une plaie ouverte. Ça, c'est une vue comme je les aime. Une leçon de vie et surtout, une leçon d'écriture pour tous ces mangakas qui ne sont pas foutus de présenter des personnages féminins crédibles ou intéressants. Et ils sont nombreux.

Irako, à bien des égards, a beau être présenté comme une figure d'antagoniste - son ambition et sa vengeance lui prêtant des traits le mettant trop peu à son avantage - il n'a pourtant en face de lui que des serviteurs fervents et zélés au point d'être alors plus aveugles que lui. La propension malsaine des élèves du dojo à obéir à un tigre sans cesse affamé ne contribue qu'à faire d'eux les complices d'une bête sauvage. Il n'y a aucun bon côté dans l'œuvre. Les vengeances qui se succèdent et s'entremêlent sont finalement plus légitimes les unes que les autres. Ne sera du bon côté que celui qui aura le dernier mot. Ce dernier mot, le vainqueur regrettera amèrement l'avoir prononcé.

Et ces revanches sont magnifiquement orchestrées. Coups et contrecoups se répondent l'un à l'autre avec sans cesse plus d'échos. La douleur a peut-être un seuil, mais la violence n'a aucune limite ; Nanjo Norio s'emploie à nous le démontrer devant nos yeux ébahis et ravis. Chaque bataille est un délice autant qu'un déchirement ; la notion d'enjeu prend tout son sens dès lors où il est question de haine. Il n'y a plus rien de pur dans l'atmosphère si ce n'est justement cette haine qui fait pleuvoir le sang à verse. L'Enfer se déchaîne, et on le voit s'agiter d'ici à ce que l'on découvre qui en est finalement le maître. Car entre Kogan et Gonzaemon, les démons s'agitent si salement que le spectacle en devient irrésistiblement délectable. Avec Hideo Yamamoto, Takayuki Yamaguchi est un des rares mangakas à savoir faire déferler les massacres d'un gore extrême sans que cela n'apparaisse jamais gratuit. La moindre goutte de sang compte et l'auteur n'est pas avare quand il est question de les disperser.

La narration, je m'en rendais compte bien tard, était encore une fois sublime. Alors que le personnage principal de l'histoire était Gennosuke, celui-ci était resté remarquablement en retrait avant d'être véritablement développé à compter du tome 7 seulement. C'est dire si les personnages secondaires - très présents - prennent une place considérable et considérée dans l'œuvre, ne l'enrichissant ainsi que de ses nombreux protagonistes qui, le plus souvent, n'ont pas le luxe de vivre 15 volumes durant.

Les monstruosités se succèdent alors que Gonzaemon se révèle dans un élan de fureur qui n'a pas connu d'égal où que ce soit d'autre. La référence de l'implacabilité en matière de fiction renvoie en général à la figure du Terminator. Shigurui fut-il mieux médiatisé que Gonzaemon lui aurait alors volé cette figure de référence pour ses seuls hauts-faits des volumes 9 et 10. Il n'y a pas de matériau suffisamment brut et résistant pour seulement comparer l'étendue de la résolution d'un pareil fanatique. Car fanatique, il faut l'être pour avoir sacrifié ce qu'il a sacrifié pour son art. Un art pictural où le rouge sombre était souvent de mise.

Shigurui n'est en réalité qu'une adaptation parcellaire du livre Le Tournoi du Château de Suruga qui un recueil de dix nouvelles. Le problème étant que nous ne verrons jamais se tournoi en intégralité. La chose aurait été plus supportable si on en était resté à l'antagonisme de Gennosuke et Irako, mais il aura fallu que, dans le dernier tiers de l'œuvre, on nous présente d'autres participants du tournoi... dont nous ne connaîtrons pas l'issue. Il aurait fallu aller jusqu'au bout ou bien s'en tenir au postulat initial. Les frasques de Chika et du monstreux Gannosuke - frasques très plaisantes au demeurant - auraient elles aussi dû mener à un dénouement que nous ne connaîtrons pas et que je chercherai un jour à explorer dans le livre. Nous présenter une piste d'intrigue qui n'a pas abouti, ça s'appelle une fausse couche ; quelque chose d'aussi rageant que frustrant. Et les fausses couches, il n'y en a pas qu'une seule alors que Masamune Date est lui aussi présenté pour ne jamais éclore. Des vingt combattants du tournoi, on en évoquera sept pour finalement n'en présenter que deux en combat. Glorieux comme on ne saurait l'être davantage ; deux néanmoins.

Le dénouement, que je tiens comme l'un des plus tragiques qu'il m'ait été donné de connaître toutes fictions confondues, m'a soudain frappé comme un coup d'épée dans le ventre ; le souffle ne m'aura alors que trop manqué pour que je puisse seulement ventiler le moindre sanglot. Les larmes me seront restées dans le cœur. Je me souviendrai de ma première lecture de Shigurui et de ma réaction à sa conclusion. Il était à peine vingt heures, nous étions au printemps, j'ai immédiatement pris froid et suis allé me couché. La fin de Shigurui m'a ébranlé l'esprit, l'âme et jusqu'à mon corps tout entier.

Seuls ceux qui ont déjà lu doivent se risquer à dévoiler l'issue du voyage de peur d'en compromettre l'itinéraire pour les nouveaux voyageurs qu'ils sont amenés à devenir. Et quel périple. Celui-ci fut pareil à une ascension de l'Everest dont on sait qu'on ne pourra jamais en redescendre, le paysage, pourtant sinistre et lugubre, nous apparaîtra pour ce qu'il y a de plus beau sur ce plan existentiel.

Shigurui s'achève sur une leçon sentencieuse : Irako est mort parce qu'il avait désobéi, mais Gennosuke souhaitera la mort à chaque instant pour avoir été obéissant, pour s'être conformé à un ordre social auquel même un démon tel que Kogan ne pouvait se soustraire et qu'Irako Seigen cherchait justement à détruire.

Quand s'achève Shigurui, Gennosuke est sans doute le plus mort de tous. Et pourtant, il est le seul à vivre. Le corps étendu de Mie est sans doute l'une des images les plus frappantes qui puisse nous parvenir. On en reste sonné longtemps après s'y être éprouvé.

Une œuvre aussi violente, autant par sa forme que par ses implications morales, nous enseigne ici une leçon bien amère dont on ne pourra que se régaler tant elle est riche d'enseignements. Il est des philosophes qui vous laissent un arrière-goût de bavardage abscons quand vous les lisez - beaucoup trop - et il y a des lectures de «japoniaiseries» qui sont plus précieuses qu'un cursus scolaire. Sachez à quoi vous vous en tenez quand vous lisez Shigurui. Sachez-le, car vous n'oublierez jamais ce que vous avez lu.

PS : Il existe un manga antérieur à Shigurui qui relate les autres combats du tournoi : Kaina - Surugajou Gozen-Jiai. L'œuvre est elle aussi directement inspirée du livre Le Tournoi du Château de Suruga, dont l'histoire de Irako et Gennosuke n'étaient que la première de toutes. Si quelqu'un trouve des scans...

Aussi, si quelqu'un trouvait une traduction française ou du moins anglaise -je n'ai trouvé qu'en espagnol- du livre Le tournoi du château SURUGA, qu'il ou elle se montre charitable et me contacte aussitôt. Ce serait criminel de m'en priver.

Josselin-B
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le 29 juin 2022

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Josselin Bigaut

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