Qu'est-ce qu'un fou sinon une âme brisée qui laisse filtrer un peu de lumière divine


Yjdad, Saint-Père des nains, marchant dans tes pas, j'arpente le chemin...
Je suis un pèlerin de lumière,
Je suis ton fils et ton bras,
Brandissant ton nom comme un étendard,
Je suis le broutar et le berger !
Je suis l'ombre et la lumière,
Je suis le tranchoir trempé dans le feu de la foi.
Je suis le feu qui éclaire, mais aussi celui qui châtie !
Yjdad Saint-Père des nains, marchant dans tes pas, j'arpente le chemin.




La lumière du père te bénisse !



Les éditions Soleil présentes avec Sriza du Temple, la huitième aventure de la franchise "Nains", qui en parallèle d'autres sagas telles que Elfes, Mages, et Orcs & Gobelins, orbite autour de l'univers des Terres d'Arran. Un milieu d'héroic fantasy dans lequel le lecteur découvre les cinq factions composants le pouvoir de la société naine, avec l'ordre du Talion, du Temple, du Bouclier, des Errants, et enfin de la Forge. Avec ce nouveau périple, le scénariste Nicolas Jarry nous fait découvrir la face occulte du monde des Nains par le biais de l'"exorcisme". Une part satanique que l'on explore à travers la vie de maître Sriza du Temple. Un prêtre bon, juste, droit et radical qui en parallèle de sa fonction paroissienne agit en tant qu'exorciseur. L'exorcisme selon les Terres d'Arran n'a pas grand chose à voir avec le folklore des hums (hommes), qui pratiquent un exorcisme de prières et de chansons pour invoquer les dieux tout en agitant à la tête du possédé de l'eau bénite, une croix divine et autres artifices. Des éléments qui représentent pour les nains un sacré spectacle vide d'efficacité. Une comédie absurde tape à l'oeil, qui ne sert qu'à foutre davantage en rogne le démon qui agacé finit toujours par tuer les prêtres. Une inefficacité dont l'Église a conscience mais garde secrète car les évêques tiennent trop à conserver les privilèges pour admettre qu'un exorcisme c'est avant tout une affaire de poilus (nains). C'est pourquoi, en dessous de la table, l'ordre paye les services d'un exorciste nain qui après avoir fait son œuvre disparaît discrètement pour laisser l'église s'accaparer les mérites. Une duperie mesquine à l'image du peuple des hommes dont Sriza n'a que faire tant qu'il peut agir en tant qu'exorciste.


Que ce soit lorsqu'il préside la messe via des prêches saisissant; qu'en tant qu'aumônier qui n'hésite pas à s'investir et à corriger ses paroissiens si nécessaires : comme lorsqu'il s'en prend à un nain qui bat sa femme; ou bien en mode exorciste de l'extrême, Sriza est un personnage passionnant que l'on suit avec beaucoup d'intérêt. Au cours de son périple il va rencontrer Aral, fils de Jahar, petit-fils de Dar et petit neveu d'Aral roi d'Abu'Kazan, qui (pour les non initiés) n'est autre que le personnage principal du troisième tome Nain : "Aral du Temple". Un retour bienvenu qui permet d'apporter certaines réponses sur de nombreux éléments passés sous silences autour de la très longue vie d'Aral. Un duo rejoint par une troupe de personnages appréciables avec les paroissiens "Cargal" et "Gojur", ainsi que le maître des Gardes des sceaux "Bragal le Reveneur". Se greffe également Organ, un vieux fou qui avec son traîneau tiré par un ours blanc offre un moment délectable. Une troupe qui va devoir s'unir pour espérer vaincre l'ultime menace. Un démon cornu de rang supérieur, prince de Hej : "Ar'Az'Erm". Un antagoniste impitoyable à la tête d'une armée de démon qui pour fouler les terres d'Arran doit prendre possession de corps vivants. La dualité unissant Sriza à Ar'Az'Erm fonctionne bien. Un dualisme de longue date construit dans la vengeance et le sang.


Une bande dessinée qui a tout d'un récit horrifique avec son approche spectrale et démoniaque jonché de pentacles sanglant qui apportent un véritable vent d'horreur à l'univers des Terres d'Arran qui ne cessent d'explorer de nombreux horizons. On traverse une atmosphère inquiétante bâtie sur un danger à venir avec des villages entiers décimés à cause d'une menace qui montrera son nez lors des dernières pages. Une approche scénaristique anxiogène à laquelle se greffe des flashbacks visuellement inquiétant. Niveau rebondissements, sans être fabuleux les actions offrent des moments de bravoures sympathiques. Petit regret autour du final qui passe trop vite. Au vu de l'attente générée par la menace à venir, l'ultime confrontation aurait dû prendre davantage de place. Les dessins de Paolo Deplano abreuvés par les couleurs de Digikore Studios offrent un théâtre d'épouvante crédible. Des vignettes lugubres et frissonnantes proposants des décors à la fois sinistres et sublimes. Une élaboration impressionnante faisant le sel de cette saga avec son environnement profond usant à l'image un rapport d'échelle bluffant avec les personnages. Une exposition où on se régale des architectures, comme avec la cité ''prospère'' de Port-Gris, la Cité D'Ark'Om, la forteresse d'Ar'ardrar, le village suspendu de Sarbe...



CONCLUSION :



Nains, tome 8: « Sriza du Temple », signé Nicolas Jarry, est une bande dessinée frissonnante située dans l'extraordinaire univers des Terres d'Arran, qui nous initient à l'exorcisme. Un album divertissant porté par un récit d'épouvante mouvementé que l'on prend plaisir à lire avec son personnage principal charismatique doté d'une belle personnalité.


"L'exorcisme selon les Terres d'Arran !



Pourquoi avais-je trahi mon ordre ? Pour respecter l'ultime volonté de mes amis ou pour me prouver que, malgré tout, il restait encore quelque chose de ce gamin que j'avais été ?... Car croire en lui, c'était croire que j'étais toujours en vie...


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