Le naufrage

Et bien je ne m'attendais pas à passer un moment positif.

En effet, Arleston m'a habitué à ressortir toujours les mêmes idées avec des personnages 'différents' mais qui se ressemblent quand même. Ici, même s'il réutilise sa recette du récit d'aventure, j'ai eu l'impression que c'était mieux traité, mieux développé. Il reste des choses typiques de l'auteur, genre découverte d'un truc de ouf pour clôturer le récit et qui sert, accessoirement, de deus ex machina, d'autres résolutions trop faciles... mais on a du conflit intéressant et les personnages sont sympathiques, l'auteur ayant tout de même changé un peu la dynamique habituelle (mais on sent qu'il va y revenir ou en tous cas on a cette impression).

La gestion de l'humour m'a un peu surpris. On dirait que le dessinateur n'en a pas grand chose à carrer des blagues... il les met pour faire plaisir à Arleston. Je me fourvoie peut-être, en tous cas, au contraire de ses collègues de l'écurie Soleil, les gags ne sont pas super valorisés lors du découpage, c'est un peu mis de côté. Du coup ça fonctionne mieux, car ça paraît aussi plus naturel, les auteurs ne donnent pas l'impression d'en faire des caisses pour une petite blague made in carambar.

Graphiquement, j'avais un peu peur : la couverture comporte de jolis dessins, mais le tout est gâché par l'ajout de deux planètes ; au niveau de la composition, ça donne bien, mais au niveau du style, c'est très moche d'avoir ajouté ça ; vu la qualité des images, on dirait un choix de dernière minute...). Pour le reste, le dessin est très bien. Le dessinateur utilise des ombres, pas assez à mon goût, mais ça fait déjà plaisir et laisse entrevoir des planches originales noir et blanc pas trop fouillis à lire. Le découpage est globalement efficace quoique le début est un peu confus par moment. La mise en page manque d'aération ; je comprends pas ces récits d'aventure qui font tenir les pages sur 4 ou 5 strips : les décors sont tout petits, on voit pas bien les créatures... des vignettes plus grandes auraient permis de mieux s'immerger dans cet univers. Et de mieux faire sentir l'action je pense. En plus le dessinateur est vraiment doué, donc c'est encore plus dommage d ene pas pouvoir mieux profiter de ses talents.

La mise en couleur me laisse perplexe ; à nouveau on dirait un mélange d'aquarelle et de mise en couleurs à l'ordi, mais pas de manière systématique. Genre une case sera à l'aquarelle une autre sera à l'ordi... c'est comme ça pour "Trolls de Troy" et "Lanfeust"... je n'explique pas ce choix autrement que par un 'on n'a plus le temps tant pis on le fait à l'ordi'. Globalement les couleurs fonctionnent ; ce n'est que lorsque le coloriste ajoute des effets (de lumière, dégradés ou changement de couleurs du trait noir - par exemple il devient vert quand il s'agit de feuillages verts) que ça peut parfois piquer les yeux.

Bref, ça se lit. Même si c'est pas ma tasse de thé.