Découvert avec son adaptation du capitaine Nemo (Mobilis), Juni Ba livre sa version du célèbre acolyte de Batman, Robin, ici le 4e du nom, à savoir Damian Wayne, le fils de Bruce Wayne. L’adolescent a été élevé par sa mère, Talia, parmi la ligue des Assassins menée par son grand-père, l’inquiétant Ras’al Ghul, ennemi redouté de Batman. Coincé entre des origines troublantes et un père sévère, le jeune Damian a des difficultés à appliquer la justice sans avoir affaire avec sa conscience et sa notion perturbée du Bien et du Mal. Pour mener sa quête de rédemption, le récit amène le protagoniste à rencontrer les anciens Robins, ce qui satisfera le connaisseur de l’univers de Batman. Mais le néophyte devrait prendre plaisir aussi à découvrir les différentes versions d’un personnage très bien développé depuis sa création, entre Dick Grayson, celui qui s’est émancipé de Batman, le traumatisé Jason Todd et Tim Drake, le petit génie.
La narration est développée sur un ton décalé astucieux, Damian étant otage d’un braqueur loser à qui il raconte sa destinée à coup de flash-backs sous formes de fables. Sans être solennel, le récit parvient à toucher le questionnement propre à tout individu, à savoir comment se construire et trouver sa voie malgré son héritage et l’éducation de ses parents. De plus, le final casse les codes du super-héros omnipotent. En effet, pour appliquer la justice, le jeune Robin prend un chemin tourné vers l’entraide et la solidarité afin d’amener les victimes à s’émanciper et s’organise contre les injustices au lieu d’attendre une intervention divine (comme trop souvent chez les super-héros). Très marquant dès le début de la lecture, le graphisme cartoonesque et la colorisation bigarrée ne sont pas sans rappeler les séries animées sur Batman des 1990’s, rendant l’ensemble abordable pour un public adolescent. A la fois frais et original, cette nouvelle version de Robin développe alors des propos pertinents et universels qui devraient parler à tous, tout en étant un très bon divertissement.