Un scénario qui sait où il va dans un shonen! - Non?! - Si - Oh....

Précisions préliminaires: Ce manga est issus d'un roman de Yoshiki Tanaka qui en est à son 14ème tome au japon (le premier étant publié en 1986). Il est passé une première fois au format manga dans les années 90's et une seconde fois maintenant donc! Vous allez me dire on s'en branle... Mais non, au moins on sait désormais que l'histoire sait où elle va et on ne risque pas de zig zag sous kétamine à la Naruto ou autre shonen qui a les éditeurs au cul. Bref.

Bon! Evidemment quand je vois " PAR L'AUTEUR DE FULL METAL ALCHEMIST " ... Et bien ça attire le regard. On ouvre, les premières pages en couleurs pour faire un peu tape à l'oeil, une couverture classique et assez sobre. Rien de renversant à priori mais rien d'inquiétant non plus. Continuons

L'histoire se situe dans un univers de fiction en l'an 320 du calendrier Parse ( le peuple dont est issus le personnage principal ). Et ce personnage, Arslan, n'est rien de moins qu'un prince! Mais un prince timide, pas bien doué à l'épée et un peu paumé tout compte fait. Il est visiblement né avec une cuillère en argent dans la bouche (on peut pas lui en vouloir d'être prince non plus) mais commence un peu à capter que le monde est plus complexe que ce qu'il croit. Son père ( le roi Andragoras III ), lui, est un homme rigide et assez colérique il semblerait. Pas très enclin à montrer des sentiments chaleureux à son fils ou à sa femme. La plupart des autres personnages mis en avant dans ce premier tome sont des marzbâhn; des guerriers grand cru qui dirigent les troupes.
Bon mais cette belle nation de Parse n'est pas seule! Elle possède de grandes richesses et a des alliés (plus faible) certes, mais elle a aussi des ennemis. Notamment Lusitania, un royaume voisin qui va décider un beau jour de les envahir (après un premier fail quelques années plus tôt, mais entre temps un mec louche avec un masque, pour le côté mystère, a fait son apparition). A partir de là on a bataille, la puissante Parse se fait mettre une branlée par excès de confiance royale doublée de traîtrise de l'un des marzbâhn et notre bon prince Arslan se retrouve comme un vagabond, seulement accompagné de son "ami" (on sait pas vraiment) Dayrun (marzbâhn déchu juste avant la bataille).

Voilà pour le topo de base de ce premier tome!
Donc à première vue c'est le genre de manga qui peut facilement me plaire. Je suis particulièrement friand de ces univers médiévaux, les quelques scènes de batailles sont sympathiques et les personnages, loin d'être éblouissant de charisme et de profondeur pour l'instant (laissons venir les choses), ne sont pas désagréables.
Le dessin rappelle beaucoup celui de FMA (pour les fans on aura donc la nostalgie de revoir la tronche de Mustang et d'Edward chez des personnages principaux, cf: couverture). Le dessin n'est pas laid, sauf quelques fois pour ma par, mais loin d'être travailler c'est le moins que l'on puisse dire... Je ne peux pas dire que je suis déçu sur ce point, je n'attendais pas une grande qualité sur ce plan.
Le scénario, qu'en est-il? Comme je l'ai évoqué au début il sait où il va et ça se sent à maintes reprises. Les événements qui s'enchaînent posent bien le cadre de l'histoire à venir. La déchéance du puissant royaume tome 1 et paf on commence à partir de ça! Ca me plaît bien.

A la fin e ce tome on ne sait pas vraiment comment vont se dérouler ensuite les événements (tant mieux d'ailleurs...) donc je ne peux pas émettre de jugement en profondeur mais ça risque fort de s'orienter politique, religion et découverte du monde (pour ce jeune puceau royal). Des thèmes récurrents dans les fictions... Attendons de voir s'ils seront traiter avec l'égard qui leur est dû. Le principal ennemis pour ces sujets sont, à mon sens, le manichéisme et la naïveté (ou le simplisme si l'on veut). Pour le simplisme impossible de se prononcer pour l'instant; mais pour le manichéisme ça m'a l'air de plutôt bien partir! On retrouve de la trahison, des avis divergents vis-à-vis de la situation (la guerre) dans les deux camps, l'armée A méprise l'armée B de manière caricaturale et vice versa, mais surtout (un point qui a retenu mon attention) une situation ambiguë décrite par l'enfant-soldat qui kidnappe, le temps d'une évasion, ce bon pleutre de prince Arslan.

Ce gosse se barre de la capitale en chopant le prince pour sauf conduit, ils en profitent pour causer un brin, tant qu'à faire un truc pas marrant autant taper la discute pour faire passer le temps non?Et en causant justement le prince lui sort la tirade du bon démocrate (version moins hypocite) style: "Mais pourquoi tu veux pas être esclave? Nous on est riche on a besoin d'esclave, on te nourrira bien! Puis tes compatriotes c'est des putes de t'envoyer à la guerre à 11 ans." (en gros hein ...). Ce à quoi l'étranger répond " 11 ans j'suis un homme, un soldat! Et mon dieu (dont le nom est AFFREUSEMENT compliqué) considère que tout les hommes naissent égaux." [PAUSE] A ce moment j'ai eu peur de voir venir la déclaration universelle des droits de l'homme en plein dans ma gueule et je craignais de flairer juste après le " libre et égaux en droits etc..." [FIN DE LA PAUSE]. Mais finalement non! Soulagement! Parce que le gosse enchaîne par un: "Donc on va vous buter bande de chiens hérétiques!". Bah voilà quand tu veux! Croiser de l'égalitarisme avec du fanatisme c'est plutôt marrant! Et de l'autre côté on a une société inégalitaire bien comme il faut mais moins encline au délire religieux (en tout cas on en voit pas trace).

Bref, dans les deux camps c'est de belles salopes qui luttent pour leurs intérêt et ce qu'ils pensent être le Bien (avec un grand B s'il vous plaît). Et au milieu de tout ça le petit Arslan est paumé, donc neutre. Un papier vierge pour la suite, en espérant qu'il ne prendra pas un virage de caricature du héro de shonen...

En fin de compte ce premier tome est assez plaisant, quelques belles planches, des personnages avec un certain potentiel, un scénario qui semble pouvoir devenir intéressant et des oiseaux! Ah oui j'avais oublié mais il y a deux piaf (des aigles) qui ont l'air d'avoir Arslan à la bonne. Et ces piafs, je ne sais pourquoi, mais ils pètent la classe. Je lirais donc la suite mais sans non plus camper ma librairie pour guetter le prochain tome. Un 7 généreux au final, en espérant qu'il deviendra un 8 tout beau tout rond!