Levez les yeux vers l'horizon, car entre les brumes et les étoiles, Arathéon vous attend


- Calme-toi, tigresse ! Il est déjà raide !
- Lâche-moi, putain d'orc !!!
- T'as du cran, je respecte ça. Mais t'avise pas de m'insulter à nouveau. T'as vu où ça les a menés.
- Ces porcs ont tué toute ma famille !!! J'ai plus personne… plus personne…
- Thoorak ???
- Ce ruffian et moi, on appartient à la Confrérie des Tempêtes. On fait partie des matelots de la Lanterne. Si tu veux, tu peux venir avec nous. Des orphelins, y en a quelques-uns sur notre rafiot.
- Thoorak, qu'est-ce que tu branles ?
- Ta gueule, Darinn… Seulement, décide-toi maintenant. Le bateau quitte le port dans l'heure. Et on a tué quatre gars. Faut pas qu'on traîne.


Un nouvel univers partagé pour Jean-Luc Istin


Avec La Confrérie des Tempêtes, tome 1 : « Thoorak », Jean-Luc Istin étend une nouvelle fois son goût pour les univers partagés, après Le Monde d’Aquilon, Les Maîtres inquisiteurs ou encore West Fantasy. Après avoir mêlé l’heroic fantasy aux codes du western, il s’aventure désormais sur un autre terrain, celui de la piraterie et des grandes fresques maritimes, infusées de magie et de légendes propres à l’heroic fantasy. Ce premier volume, coécrit avec Sylvain Cordurié, donne le ton d’un monde qui porte la marque des créations collectives dont Istin a le secret, tout en affirmant sa singularité par de nouveaux éléments originaux. Dans cet univers englouti sous l’autorité de la mer, un seul pouvoir ose défier l’empereur Orl Kaartan, maître d’un empire fragmenté en une myriade d’îles, la redoutable Confrérie des Tempêtes. Considérés comme des pirates par certains, comme un contre-pouvoir par d’autres, ses membres règnent sur les routes maritimes, imposent leurs règles aux puissants et administrent leur propre justice. À la tête de cette guilde se dressent trois figures mythiques : le Maître des Vagues, le Souverain des Marées et le Seigneur des Cyclones. C'est dans ce contexte politique, que hommes, orcs, elfes et autres créatures fantastiques peuplent cet univers foisonnant qui prend le nom de "Monde d’Arathéon", nouveau terrain d’aventures déployé par l’imaginaire fantastique de Jean-Luc Istin.



Pour ce premier tome, nous faisons la connaissance d’Agora, une jeune fille avide d’horizons nouveaux mais prisonnière de l’étroitesse de son île natale. Son existence bascule le jour où sa famille est massacrée sous ses yeux par de redoutables assassins. Elle n’échappe à la mort que grâce à l’intervention d’un orc, Thoorak, qui la prend sous son aile et l’invite à rejoindre l’équipage de la Lanterne, un navire de la Confrérie des Tempêtes. Aux côtés de ces pirates, Agora découvre un univers qu’elle contemple en même temps que nous, lecteurs. Un monde foisonnant de merveilles, mais aussi marqué par la dureté et la cruauté de ses lois. Face à cette réalité implacable, elle consacre sa vie, année après année, aux arcanes de la magie dans l’unique but de venger les siens.



Cette première aventure séduit d’emblée par la richesse de son univers, peuplé de nouvelles créatures originales comme les krolls, les kobolds, les sorkass… mais aussi grâce à la force de ses personnages, notamment Thoorak et Agora, auxquels on s'attache sans mal. Pourtant, le récit porte encore trop l’empreinte du Monde d’Aquilon et pas assez celle du Monde d’Arathéon. La mer est censée être le cœur battant de ce nouvel univers, mais elle demeure davantage un décor omniprésent qu’un véritable moteur narratif. De même que les figures majeures annoncées dans le prologue avec le Maître des Vagues, le Souverain des Marées, le Seigneur des Cyclones ou encore l’empereur Orl Kaartan, qui sont absentes, alors qu’on pouvait espérer en apprendre davantage dès ce premier tome. L’intrigue choisit plutôt de concentrer son attention sur l’équipage de la Lanterne (du moins une partie) avant de nous en détourner assez longuement pour suivre l’apprentissage magique d’Agora, jusqu’à un final qui ramène à l’équipage et propose une morale pertinente sur le rôle véritable de la Confrérie des Tempêtes. C’est un peu frustrant de passer autant de temps à terre avec Agora alors que l’on attendait une immersion totale dans la navigation et les affrontements maritimes. Mais ce choix narratif peut se comprendre. En effet, Agora débute en étrangère dans ce monde, et le lecteur doit d’abord apprivoiser ses règles et ses mystères à travers ses yeux. Et finalement, ce détour s’avère peut-être la meilleure manière d’entrer dans l’aventure ; reste que le tome suivant devra mettre les bouchées doubles.



Le scénario parvient à surprendre en proposant plusieurs retournements de situation inattendus. Côté action, on est plutôt bien servi grâce à des affrontements magiques intéressants, même si l’on regrette l’absence de véritables combats maritimes. Le duel final, en revanche, se révèle satisfaisant et conclut efficacement ce premier tome. Concernant les antagonistes, certains sont réussis, comme le capitaine Blackthorn, charismatique et bien pourri. En revanche, l’apparition du mage Haelgenorth convainc moins. Il semble surgir dans l’intrigue comme un cheveu sur la soupe. Graphiquement, c’est une véritable réussite. Giovanni Lorusso, déjà à l’œuvre sur Terres d’Ogon ou West Legends, donne vie avec brio à ce nouveau monde d’Arathéon. Son trait met particulièrement en valeur les personnages, Thoorak en tête, sans doute le plus marquant visuellement. Mais c’est surtout dans les décors que l’artiste impressionne. Qu’il s’agisse des navires, des paysages maritimes ou des lieux emblématiques comme l’île de Havrerhum, la Crique-de-Corail ou la Banque du Gouffre, tout respire la richesse et l’immersion. Les couleurs d’Olivier Héban complètent parfaitement l’ensemble, apportant nuances, effets de lumière et une atmosphère cohérente.



CONCLUSION :


La Confrérie des Tempêtes, tome 1 : « Thoorak », constitue une entrée en matière prometteuse, qui donne envie de poursuivre l’aventure. Comme l’annonce déjà la quatrième de couverture, chaque volume mettra en avant un pirate différent, avec en perspective un sixième tome centré de nouveau sur Agora et Thoorak. Une nouvelle particulièrement bienvenue, tant le duo fonctionne à merveille. Agora, promise à jouer un rôle central dans la guerre à venir, intrigue d’autant plus qu’on a hâte de découvrir jusqu’où ce destin la mènera.


Jean-Luc Istin, un virtuose capable de réinventer la BD.



Il y a à peine plus de deux ans (au moment où j'écris ces lignes), Jean-Luc m'exposait l'univers de ce qui allait devenir La Confrérie des Tempêtes. Quelques mois plus tard, nous commencions à travailler dessus. Je ne suis pas particulièrement friand d'histoires de pirates. Pourtant, je me suis amusé comme rarement en écrivant le tome présent avec Jean-Luc. Cerise sur le gâteau, j'ai retrouvé Giovanni et Olivier, deux compagnons de route qui ont magnifiquement donné vie à ce récit. Maintenant il est entre vos mains. Prenez garde. Un bateau de pirates peut en cacher un autre. :)
Sylvain Cordurié

B_Jérémy
7
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le 7 sept. 2025

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B_Jérémy
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