Bof, pas terrible.
La préface ne m'a pas plu. Durant la lecture je me suis dit que tout l'aspect féministe était issu de l'imagination de l'auteur de la préface, et puis quand le thème déboule comme ça sans prévenir je me suis dit au contraire que l'auteur de la préface n'avait absolument rien imaginé, juste raconté ce qu'il avait lu en spoilant même un peu en fait. C'est de l'écriture paresseuse je trouve.
Le scénario n'est pas bien terrible. En soi, je n'ai rien contre ce point de vue féministe, mais je le trouve très mal amené, comme un poil pubien dans le potage. De plus l'évolution est mal fichue : les deux premières apparitions sont vite expédiées mais suffisent déjà à montrer de l'empathie chez l'héroïne ; le troisième fantôme nous emmène sur un discours féministe qui n'a absolument rien à voir avec ce qui est montré jusqu'ici.
En soi, je trouve l'idée bonne car il est effectivement assez désolant de découvrir la manière dont les femmes carriéristes sont perçue. C'est un peu comme le sexe, un me qui couche avec mille femmes est un Don Juan qu'il faut applaudir, alors qu'une femme qui couche avec mille hommes est une pute sans dignité. Et donc dans le milieu professionnel, on parlera de femme sans âme, sans émotion, calculatrice, manipulatrice et j'en passe...
Sauf qu'ici, le problème initial de Scrooge est qu'il est avare, ne donne rien, n'a que faire de ce que les gens peuvent vivre comme misère, c'est chacun pour soi. Et même si la présentation en ce sens est moins efficace que dans le conte d'origine ou les diverses adaptations, elle y est... du coup partir sur ce combat féminin et terminer en affirmant qu'elle a le droit de rester telle qu'elle est parce que c'est une femme et que ça ne la prive pas des qualités féminines (elle va aider les gens, se montrer empathique), c'est un peu partir dans une autre direction que ce qui est annoncé au début du bouquin (que ce soit différent du bouquin, c'est moins important, c'est aussi ça l'intérêt d'une adaptation ; par exemple une des adaptations de "Macbeth" que j'ai préférées est "Scotland, PA" qui situe l'action dans un fasfood).
Le graphisme est correct mais pas entièrement convaincant. J'ai repensé à la théorie de Scott McCloud durant la lecture car ce dernier estime qu'il vaut mieux agrandir la taille d'une case quand on s'éloigne du sujet avec la 'caméra' et que l'inverse témoigne d'une grande maladresse ; dans ce "Chant de Noël", le dessinateur commet plusieurs fois la bourde de tracer de grandes vignettes pour placer de très gros plans de visages, et il est vrai que ça fait très bizarre. Le découpage est globalement convaincant, les effets spéciaux m'ont un peu déplu, les personnages ont un design correct mais leur canon n'est pas toujours bien respecté, si bien qu'on pourrait penser à des 'acteurs' différents s'il n'y avait pas un contexte. Enfin, l'auteur ferme un peu trop ses plans : tout tient dans la case, rien n'est ellipsé, ça donne l'impression d'une pièce de théâtre, d'enfermement, d'un monde appauvri.
Bref, pas vraiment convaincu par cette BD.