Luke redresse la tête

On a tout vu et tout lu avec Lucky Luke. L'après Goscinny a été difficile, mais certains albums tenaient maladroitement la route. Puis la descente en qualité alors que Morris avait mis le pilotage automatique graphiquement parlant, a été abyssale. Certaines "oeuvres" ne sont pas loin du stricte n'importe quoi, écrites par le premier venu croisé au bar du coin (relisez les histoires scénarisées par Nordmann ou plutôt non).

Depuis que la série a été reprise par Achdé, on a retrouvé une certaine tenue avec Laurent Gerra au scénario. C'était encore très en dessous de la norme Goscinienne, et cela s'affaiblissait d'album en album.

Lucky Luke contre Pinkerton (avec Pennac et Bennacquista au texte) était un miracle. Un soufflé retombé assez lourdement avec l’antépénultième sortie commise par Gerra. Jul arriva aux commandes et notre solitaire repris des couleurs avec "La Terre Promise".

Alors quand "un cowboy à Paris" fut annoncé avec quelques images très prometteuses, on espérait retrouver la madeleine de Proust au goût du créateur d'Astérix.

Et après tant d'années d'indigence, le résultat est satisfaisant. Un récit bien construit avec un Luke qui prend de l'épaisseur sans perdre son âme. De bonnes trouvailles et quelques gags d’anthologie. C'est rythmé, dosé et de qualité. Les anachronismes et les clins d’œil sont légion. Le contrat est impeccablement rempli.
Un bémol tout de même. L'intrigue, faible, est exactement la même que l'album précédent. (un voyage à surveiller et des méchants qui ne veulent pas que les gentils atteignent leur objectif et posent des bombes). L'ennui peut pointer au détour d'une page.

Mais ne crachons pas dans la soupe. Une résurrection de ce type est une grande victoire. Alléluia.