Un rêve éthéré - Miracleman, tome 1 par arnonaud

Voilà Miracleman enfin disponible facilement en France après des années d'imbroglios juridiques, tout ça parce que des éditeurs avaient décidés de faire des nouvelles histoires du personnage en pensant avoir les droits alors que ce n'était pas le cas. Et je ne sais comment, Neil Gaiman s'est retrouvé avec les droits du personnage (sûrement grâce à de bons avocats) et je ne sais pour quelle raison, il a décidé de donner ses droits à Marvel (ils avaient sûrement une grosse somme d'argent à lui donner).

Marvel tout fier de sa nouvelle possession, s'est empressé de republier les épisodes faits par Alan Moore dans les années 80, pour faire découvrir le personnage à une nouvelle génération de lecteur et pour que Neil Gaiman puisse à terme boucler son run sur le personnage (qui je crois a été interrompu). Alan Moore, complètement dégoûté de ces collaborations avec Marvel et DC et les conspuant totalement, à refusé qu'on se fasse du fric sur son nom une fois de plus et à réussi à faire en sorte de n'être mentionné dans l'ouvrage que sous le nom d'Original Writer, et, bon prince, il a décidé de reversé les droits d'auteurs qu'il touche apparemment sur le personnage à son véritable créateur, Mick Anglo.

On a donc le droit à la version 2014 des premières aventures de Miracleman, c'est à dire que ce sont les histoires de 1982 d'Alan Moore mais avec la nouvelle colorisation de Marvel. Colorisation un peu dégueulasse pour quelque chose de fait si récemment, honnêtement, et sans parti pris colorés très 70's-80's ce qui est dommage, à la place, on a que de la couleur en soi et des effets d'ombres mollassons moches. Franchement entre les couleurs de base et celles-ci, je me demande si on n'a pas perdu au change...

Enfin bref, que vaut le récit en lui-même ? Et bien c'est tout simplement un de ces excellents récits super-héroïque des années 80 (et je crois que c'est ce que je préfère en termes de super-héros). Ça à le goût de ces récits qui ont fait de Moore et Miller des stars des comics de cette décennie. Les narratifs utilisés à la perfection, le découpage super bien pensée, l'entrée des héros dans un univers plus réaliste et adulte, des personnages forts, de bons retournements de situations et de bons vilains... Et en plus, Moore y rajoute une utilisation intelligente des éléments des années 50 qui fait qu'il ne renie pas le passé du genre super-héroïque comme peut le faire Miller, mais qu'il va simplement dans une nouvelle direction où il essaye de mêler réellement fantaisie pour enfants et récits crus. Et c'est vraiment plein de bonnes idées, il ne semble même n'y avoir que ça, et c'est forcément passionnant à lire.

J'ai un peu moins accroché au récit secondaire en fin de volume avec ses concepts de SF un peu trop perchés pour une lecture à 7h du mat, mais ça reste de bonne qualité, toujours pleins de bonnes idées, et c'était en outre bien dessiné. D'ailleurs, globalement, graphiquement, c'est vraiment le style britannique des années 80, mais c'est un style que je trouve plutôt propre et qui marche bien.

Miracleman est donc un très bon moment de lecture super-héroïque tout en étant en même temps un récit important pour le genre puisqu'il a participer à lancée cette mode des récits sombres et réalistes dans les comics (avec malheureusement plus ou moins de succès). Franchement, c'était très agréable et j'ai vraiment hâte de lire la suite.