Ceux qui ont aimé le tome 1 aimeront le tome 2, qui, bien que sans surprise (le petit Riad grandit en Syrie dans le village de sa vieille grand-mère), approfondit notre plongée au cœur d'une barbarie routinière et légèrement ubuesque. On ne sait s'il faut rire ou pleurer, et on a envie de faire les deux en permanence. Le petit Riad joue un peu le rôle du bon sauvage des fixions édifiantes du XVIIIe siècle, si bien qu'on lit un peu Les lettres persanes en négatif. L'innocence vient d'Europe, la Barbarie du Moyen-Orient. A ceci près que les pages qui se passent en France n'offrent guère de répit. Dans un pendant à la fois drôle et inquiétant à la scène de chasse en Syrie (les moineaux), la grand-mère bretonne de Riad lui montre comment pêcher des mollusques sur la plage pour "survivre". Après la scène de l'hypermarché, sa préoccupation pour ces minuscules êtres comestibles apparaît totalement névrotique.
Les couleurs utilisées, comme dans le tome 1, sont elles aussi efficaces. Le rouge oppressant à peine rehaussé de vert nous plonge dans un univers cauchemardesque et tendu - peut-être plus tendu que dans le 1er tome, malgré des situations hilarantes à maints endroits. Une très grande réussite.