Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il se sera fait désirer ce quatrième volume, c'est un peu le cas à chaque fois, car à la fermeture du livre on a qu'une envie celle de connaitre la suite. Ce n°4 est bien plus épais que les autres, et l'attente aura durée 2 ans, il faut dire que le dessinateur Riad Sattouf est très actif et prolifique, il jongle entre les cahiers d’Esther (la bd et l'adaptation en série télévisée) et l'arabe du futur. Ce tome est volumineux, il fait 120 pages de plus que les précédents, donc il est d'autant plus normal que celui-ci demande plus de temps à construire est à réaliser. On ressent tout de même en lisant ce tome que certains passages sont un peu plus anecdotiques. Ils sont surement nécessaire pour le fil de l'histoire et le parcours de Riad et de sa famille. Enfin cela vient peut être du fait que l'on connait maintenant le décalage culturel qui règne au sein de sa famille entre son père et sa mère, et son premier retour en Syrie n'est pas vraiment passionnant, contrairement à ce qu'il vie en France. On sait que l'école et les codes des enfants de Syrie ne sont pas fait pour le petit garçon blond à la voix fluette qu'il est. Et tout comme lui on sait à l'avance qu'il va se faire harceler par les autres plus fort et plus rude que lui. La situation entre ses parents c'est dégradée d'album en album, dans ce tome 4 la tension est encore montée d'un cran. Sa mère ne veut plus vivre dans les pays du moyen orient, et son père ne voit en la France qu'un pays raciste dans lequel il ne peut travaillé et vivre. On sentait dès le début que les choses n'allaient pas être possible entre cet homme et cette femme aux cultures opposées, les années ont fini par définitivement les séparer.


Ce tome est plus triste que les autres, quoique le troisième avait déjà cet aspect, Sattouf raconte sa vie avec sa vision de petit garçon. Il manque surement des choses à l’histoire entre ses parents mais lui voit tout de même bien ce qu'il se passe. Riad tout comme sa mère s’éloigne de plus en plus de ce père qui s'enferme dans la religion. Dans le monde dans lequel son père veut vivre et briller seul la religion à de l'importance, c'est surement ce qui pousse cet homme à la rejoindre.


Le récit se passe plus souvent en France qu'en Syrie ce qui permet de découvrir un peu plus sa famille bretonne. Le problème c'est que l'on sent que Sattouf cherche à rééquilibrer la balance en faisant de ses grands parents bretons des pecnots qui sortent des discours bateaux proches de la psychologie de comptoir. Alors surement que ses grands parents n'étaient pas très cultivés, et qu'ils étaient basiques, un peu comme ceux de tout le monde d'ailleurs. Mais le discours qu'il leur fait tenir parfois sent l'écriture de ce qu'ils auraient pu dire, on n'est dans des choses faciles. Il n'y a là aucune remise en question des souvenirs de Riad Sattouf même de sa petite enfance, car sa mémoire peut très bien se souvenir parfaitement d'endroits et de discutions, mais il ne peut pas se souvenir de l’ensemble de sa vie parfaitement, donc parfois il brode et ça se sent dans les dialogues. Sa vie ressemble à celle de tout le monde, enfin sa vie est bourrée d’anecdotes qui la construise comme tout à chacun et celle du couple qui s’engueule et qui se sépare est d'autant plus commune à bon nombre d'enfants. On pourrait faire des tonnes de bouquins avec les histoires de chacun. Le passage à l’adolescence et l'arrivée au collège parlera à tout le monde même si tout le monde n'est pas du même coté de la barrière. Peut importe le pays Riad est une nouvelle fois mis à l'écart, pour son nom qui prête aux moqueries en France et une nouvelle fois pour sa voix et son physique. L'horizon qui se dessine se noircis de plus en plus, on ne sort pas indemne de la lecture de cet album. Il laisse un certain malaise qui n'était pas présent jusqu'ici.


Sattouf lors d'interviews évoque sa mère au présent alors qu'il ne parle de son père qu'au passé. Il garde bien le secret pour illustrer la suite de sa vie. Mais comme il l’évoque on se doute bien que son père ne doit plus être en vie.


Riad Sattouf est l'opposé de son père, le but qu'il a annoncé en commençant cette bd, était de montrer l'absurdité des problèmes administratifs qu'il a rencontré lorsqu'il a voulu faire venir sa famille Syrienne en France. Mais est ce que ce qu'il présente dans son arabe du futur ne dessert pas sa volonté d’accueil? Ce que l'on retrouve dans cette bd montre constamment que le fossé culturel est bien trop grand pour qu'il soit un jour comblé. Alors oui, Sattouf est la preuve que l'on peut penser et vivre autrement. Mais lui est l'enfant de deux cultures, et il a fait le choix entre les deux. Ce qui ne joue pas en la faveur des Syriens, c'est qu'il les montre constamment comme des arriérés qui ne voient que par la religion, c'est la principale préoccupation des gens du village de son père. Et même les femmes plus douces que les hommes parlent de convertir la France. Sattouf les montre tel qu'ils sont, mais on se pose tout de même la question s'il ne montre pas avec son récit que rien n'est possible. D'autant qu'il fait clairement le lien entre ses enfants Syriens et ceux issue de l’immigration qui vivent dans une cité Française. On fini par se demander si tout ce qu'il décrit à longueur d'album n'était pas l'exact contraire de ce qu'il cherche à faire????

Heurt
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le 9 oct. 2018

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D'autres avis sur Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992) – L’Arabe du futur, tome 4

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