Après un Casino Royale particulièrement réussi et qui devait marquer le renouveau de la franchise, on a eu droit à un Quantum of Solace très très musclé mais divertissant. Et puis, déjà, on avait senti Skyfall un peu bancal bien que sauvé (assez largement) par la réalisation impeccable de Sam Mendes. On aurait pu s'attendre à la même prouesse avec ce 007 Spectre mais voilà, arrive un moment où même un très bon réalisateur comme lui ne peut plus faire de miracle.


Alors c'est vrai, les producteurs l'avaient annoncé : Spectre était sensé faire le lien entre le 007 incarné par Daniel Craig dans Casino Royale, plus humain, plus hésitant, plus sentimental; et "les vieux", incarnés dans l'esprit commun par Sean Connery ou Roger Moore (ne me parlez pas de Timothy Dalton ou de Pierce Brosnan, pitié...), ce James sans failles qui emballe n'importe quelle nana en 15 secondes chrono et ressort vivant d'une explosion nucléaire sans la moindre poussière sur son costard. A la limite, pourquoi pas.


Mais rien ne colle dans ce 007 Spectre. A commencer par les principaux intéressés, les acteurs. Bon, déjà, Léa Seydoux quoi. Je vais tenter de faire abstraction de son passage catastrophique au Petit Journal de Yann Barthès où la France entière a pu constater la nunucherie absolue de cette actrice au charisme d'huitre qui refuse un rôle parce que, voyez vous, il fallait dire du mal de Nicolas Sarkozy (séquence ici : http://www.linternaute.com/video/385899/lea-seydoux-a-refuse-de-critiquer-nicolas-sarkozy-dans-un-film/). Wokay, admettons. Sauf que quand tu joues les divas, te permettant au passage de cracher (à juste titre ou pas d'ailleurs) à la gueule d'un réalisateur qui t'a quand même fait gagner une Palme d'Or, t'as intérêt à être une sacrée bête de scène. Soyons honnêtes, Léa Seydoux arriverait encore à être mauvaise si elle jouait dans un porno amateur. Chacune de ses apparitions dans 007 Spectre est surjouée ou alors pas jouée du tout, au choix. La scène de la rupture avec James ferait passer la mort de Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises pour un chef d’œuvre d'interprétation. Je sais bien que les Jamesbondgirls ont toujours plus ou moins été des potiches, mais quand même...


Christoph Waltz fait du Christoph Waltz, cabotinant à mort, sans aucune surprise. Si vous voyez son rôle dans Inglorious Basterds, bah c'est à peu près la même chose mais avec un costard en lin.


Monica Belluci apparaît environ 53 secondes (dont 20 passées au pieu avec James), dans le rôle d'une vieille pouffe froide à l'accent italien. En fait, le rôle qu'elle a dans tous les films où elle joue, l'âge de son personnage variant en fonction de la date de tournage. Son principal mérite est de devenir officiellement, à 51 ans, la femme la plus âgée jamais baisée par un 007.


Daniel Craig n'est pas non plus au top de sa forme, en même temps le pauvre il faut voir le script qu'on lui a filé et qui doit probablement tenir sur une feuille de papier toilette :
"Bon alors tu emballes Monica Belluci en 5 secondes chrono, ensuite tu emballes Seydoux mais un poil plus lentement, on va dire 10 secondes, ensuite tu tire une balle de pistolet sur un bâtiment, tout explose mais t'as pas réussi à vraiment tuer le méchant qui revient pour une toute dernière scène pleine de suspence où tu sauve Seydoux et tu capture le méchant". Merde j'ai spoilé là. En même temps, est-ce que je spoile si je dis que la terre tourne autour du soleil ou bien qu'on mourra tous un jour ?


Au delà de la mauvaise interprétation, le film souffre de nombreuses lacunes de cohésion narrative. Le fameux "bad guy" (pas Waltz, son sous-fifre) sensé donner du fil à retordre à Bond et lui mettre une branlée, meurt des suites d'une entorse capillaire, à l'issue d'une mini-baston ridicule, mais non sans lancer une ultime blagounette. "Badoum Tss !". En fait tout semble assez désordonné, les scènes s'enchaîne soit de façon trop fluide, soit de façon trop brutale. Au final, j'aurais tendance à penser que le film a été littéralement massacré au montage. En d'autres temps, j'aurais même dit "vivement la version director's cut" mais en l'occurrence les 2h30 imposées au spectateur sont déjà bien assez éprouvantes. On se dit que 3h ou plus sur le même rythme relèveraient de la torture psychologique.


Et puis toute l'ambiance, tout ce qui fait un James Bond (qu'il s'agisse des récents comme des vieux) vole au raz des pâquerettes. Craig n'a pas et n'aura jamais la classe ultime et so british d'un Sean Connery ou d'un Roger Moore. On le savait déjà depuis Casino Royale et dans ce contexte là ça passait, mais pas dans Spectre. L'humour est du niveau d'une comédie française (tendance Camping ou Les Bronzés 3), les gadgets sont vus et revus, notamment l'Aston Martin avec siège éjectable et la montre explosive SUPER ORIGINALE !
Chose vraiment peu commune de nos jours (comme quoi ce 007 bat des records), les effets spéciaux sont moches. Etant donné le budget total du film ça sent presque le détournement de fonds. La scène finale avec l'explosion du bâtiment et le crash de l'hélico notamment sont d'une autre époque.
Même le générique, un élément pourtant essentiel dans l'ADN de la saga, est d'une mollesse inouïe. Visuellement il est très réussi, comme d'habitude, mais l'interprétation de Sam Smith est aux antipodes de celles de ses prédécesseurs. Je ne dis pas que la chanson est foncièrement mauvaise mais quand on voit les génériques de Shirley Bassey, Tom Jones, Nancy Sinatra, Paul McCartney ou encore Adèle, on a du mal à comprendre le choix artistique de Sam Smith, certes lyrique mais jamais épique.


Ma critique est-elle exagérément acide ? Elle est, en tout cas, à la hauteur de la sensation que j'éprouve d'avoir perdu 2h30 de ma vie à m'ennuyer alors que j'aurais pu regarder à la place San Andreas avec Dwayne Johnson et perdre également 2h30 de ma vie, mais en l'assumant, au moins.

ultrabald
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le 1 févr. 2016

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